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Le général Konaté tape du poing sur la table et demande la démission du ministre Mouctar Diallo

Sep 11, 2010

L’engagement politique de Mouctar Diallo n’aura pas été le détonateur du courroux du général Sékouba Konaté contre le jeune ministre de l’Elevage, mais plutôt le comportement, ces derniers temps, du jeune ministre du gouvernement d’union nationale de transition (GUNT) que dirige le bouillant Premier ministre Jean Marie Doré.

Comme à l’accoutumée, le gouvernement s’est rendu au grand complet ce vendredi, 10 septembre 2010, chez le Président de la transition pour lui présenter le salimafo d’usage. Le salimafo étant les salutations que les fidèles s’adressent mutuellement le jour de l’une des deux grandes fêtes musulmanes : Aïd el Fitr et Aïd el Kébir ou Tabaski. La première étant la fête de rupture du Ramadan saint et la seconde se tenant trois mois après, pour perpétuer le sacrifice d’Abraham, communément appelé fête du mouton.

Après cette brève introduction, revenons à l’incident qui s’est produit à la
résidence du général Sékouba Konaté, Président de la République intérimaire ce jour de fête.

Après s’être acquitté de son obligation religieuse à l’esplanade du palais des nations en reconstruction, le Président Sékouba Konaté regagne sa résidence de Kaloum. Il reçoit les vœux du gouvernement par la voix du Chef du Gouvernement, Jean Marie Doré : « vos ministres, au complet, unissent leurs voix pour me demander de vous dire d’une seule voix, qu’ils invoquent sur vous la grâce divine (...)

Et ces ministres, comme ils viennent des quatre coins de notre pays, vous
expriment donc par ma voix, les vœux unanimes du corps de la nation pour vous
personnellement pour votre santé, pour votre protection par Dieu parce que la
meilleure protection, le meilleur bouclier, c’est celui de Dieu. Et que ces
boucliers vous protègent contre toutes les formes d’adversité, contre toutes les forces du mal (…) Et que tout cela nous fasse minorer les petits actes de
contradiction, de querelle d’opinions et que la Guinée enjambe tout cela pour
être une nation forte sous votre direction. »

Après l’intervention du Premier ministre, invite a été faite par le Président intérimaire de la République aux membres du gouvernement à prêcher la bonne parole en tous lieux et en toutes circonstances pour rendre solide le processus en cours mais aussi la nation guinéenne. Toutes choses passant par la promotion de la paix, de la concorde entre les fils et filles de Guinée.

Le général d’armée Sékouba Konaté s’est dit respecter l’opinion de tous et de
chacun, mais, devait-il fustiger, qu’il n’entend point accepter les failles qui pourraient provenir de l’attitude d’un quelconque membre du gouvernement pour compromettre les efforts déjà appréciables du gouvernement en si peu de temps:

«je n’ai pas du tout apprécié le comportement d’un de vos collègues ministres qui est même allé jusqu’à menacer de démissionner au cas où le deuxième tour de l’élection présidentielle ne se tenait pas à la date indiquée. Moi, je n’ai pas du tout apprécié ça. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il attend pour passer à l’acte? Monsieur le Premier ministre, je vous demande de prendre vos responsabilités face à de tels agissements. Il ne faut pas cautionner pareils actes de sabotage. Et puis monsieur le ministre de l’Elevage, qu’est-ce que vous attendez ? Mais, rendez votre démission.»

Le Président de la transition venait ainsi de mettre le pied dans le plat en citant nommément le mis en cause. Plus aucun doute dans l’assistance, chacun connait désormais de qui s’agit-il.

Rappelant aux ministres leur obligation de réserve, le Président intérimaire de la République et Président de la transition a fait référence à la déclaration conjointe de Ouagadougou signée le 15 janvier 2010 qui demande la neutralité des membres du gouvernement ainsi que des cadres de l’administration dans l’organisation durant le processus électoral.

Le général de souligner à grands traits que «les membres du gouvernement doivent se mettre au-dessus de la mêlée. Ou on est membre du gouvernement ou on ne l’est pas. C’est ça. C’est valable pour chacun d’entre vous. »

Une autre façon, comme on le voit, pour le Président de signifier à son
tonitruant de ministre et aux autres membres de l’équipe gouvernementale, « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.»

Jamais, on n’aura vu El Tigre [Sékouba Konaté] en pareil état de colère. Même
son passage au camp "Alpha Yaya Diallo" au lendemain de sa confirmation par la déclaration de Ouaga comme Président intérimaire n’a pas laissé transparaître un tel état de courroux de l’homme quand il condamnait l’attentat contre le Président Moussa Dadis Camara.

Le Chef de l’Etat aura dit plus d’une fois à l’occasion de cette rencontre avec le gouvernement, vendredi, 10 septembre : « C’est un acte de sabotage. C’est contre le processus en cours. Chacun a le droit de militer mais, en étant dans un gouvernement que nous tous avons voulu d’union nationale de transition, il n’est pas bon d’afficher sa coloration politique. Où pourrait se trouver la crédibilité du gouvernement. Monsieur le Premier ministre, prenez vos responsabilités. Je vous l’ai déjà dit depuis à l’étranger quand j’ai été informé de l’acte de votre ministre. C’est ça. En tout cas je ne cautionne pas ça. Moi, je ne suis pas un assoiffé du pouvoir hein. Quiconque essaie de saboter le processus qui est engagé nous trouvera sur son chemin. Donc, arrêter de parler n’importe comment… »

Trois actes "majeurs" du ministre Mouctar Diallo expliqueraient l’exaspération du patron de la transition.

1- Quand le Premier ministre Jean Marie Doré avait annoncé que « c’est le
gouvernement qui a décidé de formaliser la relation entre le MATAP et la CENI à travers un décret », le jeune ministre de l’élevage, Mouctar Diallo avait dit qu’il se désolidarisait de cette déclaration de son "Chef" et que « la décision n’a pas été discutée en Conseil des ministres ou prise par le gouvernement.»

M. Doré a minimisé l’acte de son ministre qu’il aurait mis sur le compte de
«manque de culture gouvernementale et de la jeunesse de Mouctar Diallo.»

2- A la faveur d’une conférence de presse en date du 7 août 2010, le Président par intérim du parti de Mouctar - il en est le leader en disponibilité pour le gouvernement – a déclaré, au nom du parti NFD (Nouvelles Forces Démocratiques) qu’au cas où le scrutin ne se tiendrait pas dans les deux semaines souhaitées par le parti, son retrait du gouvernement n’était pas exclu. Voici les propos exacts d’Etienne Soropogui à cette occasion : « Si les gens au sein même du gouvernement continuent à entretenir des démarches sous-marines, nous n’excluons pas de quitter le gouvernement.» Des propos malheureusement attribués à Mouctar Diallo en lieu et place de son intérimaire.

3- L’autre acte qui a également suscité moult commentaires dans la cité, c’est le fait pour le ministre Mouctar de s’afficher sur le petit écran aux côtés du candidat de l’UFDG à la signature de l’accord d’alliance entre les NFD, son parti et l’UFDG du candidat Cellou Dalein Diallo. Faisant ainsi fi de toute obligation de réserve.

Deux jours auparavant, le ministre de l’enseignement technique, Dr Saliou Bella Diallo était au bas de l’échelle de coupée à la descente d’avion de Cellou Dalein en provenance de Ouaga.

Selon des observateurs, «Saliou Bella n’est pas autant connu du public que
Mouctar qui s’est singularisé par des propos déplacés à l’encontre de feu le
Président Lansana Conté vers la fin de son règne. » Quid du ministre de
l’enseignement pré-universitaire, Amadou Lélouma Diallo "Alain" qui n’a pas non plus observé l’obligation de réserve de s’afficher aux côtés du candidat Cellou Dalein Diallo ?

Un autre interlocuteur lâche : « C’est une jalousie envers le petit. Il est
plein d’avenir. Il est dynamique. Qu’est-ce qui se déroule dans la légalité dans ce pays ? C’est la pagaille totale. Puisque le gouvernement est ignoré dans l’organisation de l’élection, que peut-on reprocher à Mouctar ? Mais, il n’a qu’à exercer son droit civique. J’espère que Jean Marie Doré n’aura pas la main lourde pour le limoger. Sékouba Konaté même a des fréquentations qu’on lui reproche en matière de neutralité par rapport au comportement à observer pendant cette période. D’ailleurs, le ministre Mouctar fait partie des meilleurs, sinon des plus dynamiques du gouvernement Doré ! … C’est purement une fuite en avant. On a qu’à arrêter ça.»

Tout le monde a les oreilles collées à la radio et les yeux rivés sur le petit écran depuis la soirée du 10 septembre. - AfricaLog

 

 

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