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La Cedeao reconnaît Ouattara

Dec 07, 2010

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a dit reconnaître mardi en Alassane Ouattara le président-élu de la Côte d'Ivoire et elle a exhorté le chef de l'Etat sortant, Laurent Gbagbo, à céder sans délai le pouvoir.

Mais avant même cet appel, Gbagbo avait défié la communauté internationale en nommant un nouveau gouvernement, alors même qu'Ouattara avait déjà présenté un gouvernement parallèle.
A l'issue d'un sommet extraordinaire, les membres de la Cedeao, réunis en sommet à Abuja, la capitale nigériane, ont aussi annoncé la suspension de la Côte d'Ivoire.

"Les chefs d'Etat et de gouvernement ont reconnu M. Alassane Ouattara comme président-élu de Côte d'Ivoire", dit un communiqué de la Cedeao publié à l'issue de la réunion qui a duré plusieurs heures.
"Le sommet a invité M. Laurent Gbagbo à se plier aux résultats du second tour de l'élection présidentielle tels qu'ils ont été certifiés par l'Onuci (la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire) et à céder le pouvoir sans délai, dans l'intérêt du peuple ivoirien", ajoute le communiqué.

Le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président de la Cedeao, a mis en garde contre les tentatives de compromis, comme au Zimbabwe ou au Kenya.

"Nous avons vu que ces gouvernements d'union nationale (...) cela ne fonctionne pas vraiment (...) Des élections ont été organisées, quelqu'un l'a emporté, et donc il (Gbagbo) doit céder le pouvoir", a-t-il dit.
Le scrutin du 28 novembre était censé réunifier le pays après des années de division consécutive à la guerre civile de 2002-2003.

Mais Laurent Gbagbo s'en est proclamé vainqueur et a prêté serment la semaine dernière après avoir obtenu l'appui de l'état-major alors que la Commission électorale indépendante ivoirienne avait reconnu la victoire de Ouattara.

Gbagbo, qui a conservé le contrôle de l'armée et de la télévision publique, a rejeté les appels à céder son fauteuil, en les qualifiant d'ingérence, et il a présidé mardi le premier conseil des ministres de son nouveau gouvernement dirigé par Gilbert Aka, un universitaire.

Obama menace Gbagbo

Barack Obama a formellement mis en garde le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo contre un "isolement accru" et dit qu'il subirait les "conséquences de ses actes injustes" s'il s'accrochait au pouvoir, a indiqué lundi un responsable de la présidence américaine.

Ce même responsable, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, a aussi rappelé que "pour la Maison Blanche, M. Ouattara est le vainqueur légitime de l'élection" du 28 novembre, malgré l'investiture samedi de M. Gbagbo à la magistrature suprême de ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Le président américain a fait remettre à M. Gbagbo une lettre par voie diplomatique en fin de semaine dernière, lui présentant le choix qui s'offre à lui, selon la même source.

Les termes de ce choix sont "soit de respecter les résultats de cette élection et vous écarter", soit "de faire face à un isolement accru sur la scène internationale" et de "subir les conséquences de vos actes injustes", a ajouté le responsable, évoquant en particulier des "sanctions ciblées".

Dans cette lettre dictée dans la nuit de vendredi à samedi depuis l'avion Air Force One qui le ramenait d'Afghanistan où il venait d'effectuer une visite surprise de quelques heures, le président a affirmé être prêt, si M. Gbagbo s'inclinait, à l'inviter à Washington "pour discuter de la façon dont vous pouvez continuer à jouer un rôle en Afrique de l'Ouest à l'avenir", a révélé le responsable.

Ce dernier a souligné que M. Gbagbo "peut encore choisir de faire ce qui s'impose et de respecter les résultats de cette élection. Et les Etats-Unis s'opposeront certainement à lui s'il reste au pouvoir contre la volonté de son propre peuple". "Nous pensons qu'il est important (...) de commencer à parler de mesures telles que des sanctions ciblées, pour envoyer un message ferme sur les conséquences d'un mépris pour le processus démocratique", a-t-il ajouté.

Un autre responsable de la Maison Blanche a développé cette idée de sanctions, révélant que les Etats-Unis "discutent de la crise avec un grand nombre de partenaires", dont la France, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les pays limitrophes de Côte d'Ivoire et l'Union africaine. "Nous avons été clairs et nets: ceux qui incitent à la violence devront répondre de leurs actes", a ajouté ce responsable.

Interrogé sur le type de sanctions que pourrait imposer Washington, il a évoqué "des interdictions de voyager" aux Etats-Unis. "Nous travaillons avec nos partenaires pour rendre ces mesures multilatérales, des discussions très actives ont lieu à l'heure actuelle", a-t-il ajouté.

M. Gbagbo avait été proclamé vendredi vainqueur de la présidentielle avec 51,45% des suffrages par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, qui avait invalidé les résultats de la commission électorale donnant son rival en tête avec 54,1%.

Vendredi, le président Obama avait félicité M. Ouattara "pour sa victoire" reconnue par l'ONU et appelé M. Gbagbo à "reconnaître et respecter" ce résultat.

Lors de sa visite au Ghana en 2009, "le président Obama avait dit que l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais d'institutions solides", a rappelé le premier responsable.

Pressions internationales accrues, l'ONU retire du personnel

La pression internationale est montée lundi pour que la crise en Côte d'Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, et , soit résolue au plus vite, tandis que l'ONU a annoncé le retrait d'une partie de ses effectifs.

"Du fait de la situation sur le plan sécuritaire", les Nations unies ont décidé de retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, a indiqué un porte-parole. La mission de l'ONU dans le pays compte plus de 10.000 Casques bleus, policiers et employés civils.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon demeurait "profondément préoccupé" par la crise.
Au moins 20 personnes ont été tuées par balles depuis le second tour de la présidentielle le 28 novembre, à Abidjan et dans l'ouest notamment, a annoncé Amnesty International, appelant l'Union africaine et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à "empêcher une escalade de la violence".

Autre signe que la tension restait forte: le couvre-feu nocturne qui devait s'achever ce lundi, tout en étant allégé de quelques heures, a été prolongé d'une semaine par le sortant Laurent Gbagbo.
Interrogé par la radio française Europe 1 sur le fait de savoir s'il était prêt à "déloger" ce dernier, le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, n'a pas exclu une confrontation.

"S'il nous oblige, on n'aura pas d'autre choix", a averti M. Soro, également ministre de la Défense, tout en plaidant pour une issue pacifique.

Alors que l'Union européenne faisait planer la menace de sanctions, la France a appelé à "une transition ordonnée, sereine et digne".

Dépêché dimanche par l'Union africaine pour tenter une médiation, l'ex-chef d'Etat sud-africain Thabo Mbeki a exhorté les dirigeants ivoiriens à faire "tout leur possible" pour "préserver la paix", après une nouvelle rencontre avec M. Gbagbo. Il a quitté le pays en fin de journée.

La déchirure s'aggravait entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui ont chacun nommé un Premier ministre.

Reconduit par M. Ouattara au poste de Premier ministre qu'il occupait depuis 2007 sous la présidence Gbagbo, M. Soro, leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d'Etat manqué de 2002, a réuni lundi son gouvernement.

En l'absence d'Alassane Ouattara, la réunion s'est tenue dans le grand hôtel où les deux hommes ont établi leurs quartiers, sous la protection de la mission onusienne et d'éléments FN.
Fort du soutien de la communauté internationale, ONU en tête, qui le reconnaît comme seul légitime, l'ex-Premier ministre Ouattara n'entend pas renoncer à la victoire qui lui était promise par les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI), le donnant en tête avec 54,1% des suffrages.
Mais M. Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, a ensuite été proclamé vainqueur par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, avec 51,45% des suffrages, moyennant l'invalidation de votes dans le nord.

Il a à son tour nommé dimanche soir son Premier ministre, l'universitaire et économiste Gilbert Marie N'gbo Aké.

La Cédéao doit tenir un sommet mardi à Abuja auquel, selon un porte-parole, aucun dirigeant ivoirien n'a été convié. M. Gbagbo a envoyé lundi des émissaires en tournée dans la sous-région.
Le monde entier redoute un nouveau cycle de violences après de nouveaux incidents meurtriers ces derniers jours.

Lundi matin, des jeunes pro-Ouattara ont encore manifesté dans des quartiers populaires d'Abidjan, mettant le feu à des pneus et érigeant des barricades.

Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens: les frontières, notamment aériennes, fermées depuis jeudi par l'armée régulière dans la zone sud qu'elle contrôle, ont été rouvertes lundi.
A l'étranger, la crise inspire toujours une "grande inquiétude", selon l'expression employée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, qui s'interrogeaient sur la poursuite de leur aide.

France Télécom-Orange a décidé de rapatrier ses salariés français ou binationaux non indispensables ainsi que leurs familles, soit une vingtaine de personnes.

Fin des entretiens de Thabo Mbeki sans avancée

Alassane Ouattara, dont l'élection à la présidence ivoirienne a reçu l'aval de la communauté internationale, a fait un geste envers son rival Laurent Gbagbo lundi en proposant d'intégrer des ministres de ce dernier dans son futur gouvernement en cas de démission.
Cette initiative s'inscrit dans un climat de crise politique depuis l'élection présidentielle qui a produit deux vainqueurs - Ouattara avec un appui international et Gbagbo avec le soutien du Conseil constitutionnel et de l'armée.

Le scrutin du 28 novembre était censé réunifier le pays après des années de division consécutive à la guerre civile de 2002-2003, mais les analystes soulignent que le conflit intérieur peut reprendre et compromettre la stabilité à travers l'Afrique de l'Ouest.

"Si Laurent Gbagbo accepte tranquillement de partir du pouvoir, les ministres de son parti seraient les bienvenus dans ce gouvernement que nous entendons diriger", a déclaré sur Europe 1 Guillaume Soro, Premier ministre sortant et ancien chef des rebelles.

La Commission électorale indépendante (CEI) a proclamé Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle avec 54,1% des suffrages, mais le Conseil constitutionnel a ensuite annoncé la victoire de Laurent Gbagbo avec 51% des voix après avoir invalidé des centaines de milliers de votes dans le Nord, bastion de Ouattara, en invoquant des manoeuvres d'intimidation et des fraudes imputables aux ex-rebelles.

Sarkozy vigilant sur la sécurité des français

Le président américain Barack Obama a pris fait et cause pour Ouattara, à l'instar des Nations unies, de l'Union européenne, de la France, de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui ont tous exhorté Gbagbo à accepter le verdict de la CEI.
Un sommet extraordinaire de la Cedeao se tient (demain) mardi à Abuja, capitale administrative du Nigeria, sur l'imbroglio ivoirien. Les analystes craignent que tout appel de cette organisation à Laurent Gbagbo pour qu'il reconnaisse sa défaite électorale et démissionne tombe dans le vide.
Nicolas Sarkozy a de nouveau appelé lundi Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir par respect pour "la volonté du peuple ivoirien". Le président français, en visite en Inde, a ajouté que Paris était "très vigilant sur la sécurité" des Français résidant en Côte d'Ivoire.

Laurent Gbagbo a rejeté les appels extérieurs à son retrait comme un affront à la souveraineté ivoirienne et il a menacé d'expulser le représentant spécial de l'Onu en Côte d'Ivoire pour ingérence dans ses affaires intérieures.

Dénonçant un "effondrement de la gouvernance" en Côte d'Ivoire, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (Bad) ont annoncé leur intention de réévaluer leurs programmes de prêts à ce pays.

Alassane Ouattara a déjà nommé dans son gouvernement Charles Koffi Dibby, ancien ministre des Finances de Gbagbo qui s'est illustré par sa gestion de l'économie. Mais Dibby n'a pu être contacté pour confirmer sa défection.

Retranché dans l'hôtel du Golf placé sous la protection des casques bleus, le gouvernement formé par Ouattara a tenu lundi son premier conseil des ministres.

Premier conseil des minsitres à l'hôtel Golf

"On peut discuter sur tout, sauf sur la remise en cause de ce scrutin. Tout le reste concernant les conditions de départ de l'ancien président était ouvert à négociation", a déclaré Patrick Achi, porte-parole d'Alassane Ouattara, en estimant que la crise pourrait, à ses yeux, être réglée en interne, plutôt que par des sanctions internationales.

Malgré l'épreuve de force en cours, la Côte d'Ivoire a rouvert lundi ses frontières terrestres, aériennes et maritimes qui avaient été fermées jeudi soir. A Abidjan, la situation est quasiment revenue à la normale au Plateau, le quartier administratif et des affaires.

Les entretiens qu'a eu à Abidjan l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki avec les deux rivaux se sont achevés lundi soir sans avancée apparente.

Le médiateur, qui était mandaté par l'Union africaine, devait regagner son pays après avoir invité les deux camps à rechercher une solution pacifique.

"L'UA est soucieuse que la paix soit maintenue et que tous les efforts soient entrepris pour faire en sorte que la transition démocratique soit un succès", a-t-il déclaré à la presse avant son départ.
"La Côte d'Ivoire a besoin de paix et a besoin de démocratie (...) Nous espérons vraiment que les dirigeants de ce pays feront tout leur possible pour garantir le maintien de la paix", a-t-il ajouté.
A New York, le porte-parole de l'Onu a annoncé que cette dernière relocalisait provisoirement en Gambie les membres civils jugés non essentiels de sa mission en Côte d'Ivoire en raison de la situation de la sécurité dans le pays.

"On est en train de voir toutes les options. Mais aujourd'hui, rien n'est confirmé", a déclaré Hamadoun Touré, porte-parole de la mission de l'Onu. – AfricaLog avec agence
 

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