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El Tigre fait ses adieux, Dadis ignoré

Dec 16, 2010

Le 15 décembre, à moins d’une semaine de la date annoncée pour l’investiture du nouveau Président de la République de Guinée, le Général Sékouba Konaté, qui a conduit la Transition à terme, a fait un discours d’adieu à ses compagnons d’armes. Après avoir estimé que sa mission est terminée.

L'évènement s'est déroulée dans l'enceinte de l’ex-camp Boiro, aujourd’hui appelé camp d’infanterie de Camayenne, complètement reconstruit.

Il a demandé à l’armée de jouer son rôle de défenseur de la République et de garant des Institutions de la République, ainsi que de soutenir le Président Alpha Condé. El Tigre a également rendu hommage à tous ceux qui sont tombés pour la défense de la patrie.

Il a ignoré le capitaine Moussa Dadis Camara, président du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement), junte militaire qui s’est emparée du pouvoir, le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort du Président Lansana Conté.

AfricaLog vous livre l’intégralité de ce discours, lu sur les antennes de la RTG (Radiodiffusion télévision guinéenne).

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang,

Si d’habitude on vous rencontre pour vous dire où on est avec la mission qui nous a été confiée à Ouaga et finir avec la dictature, aujourd’hui, c’est pour dire tout simplement bravo ! Je vous félicite, parce que cette mission est terminée. Nous avons fait ce que tout le monde attendait de nous ici et ailleurs. Nous avons fait ce que nous avons promis. Pour la première fois de l’histoire de notre pays, donner la chance et l’opportunité aux Guinéens de choisir leur Président de la République. Avant le 7 novembre dernier, beaucoup avaient commencé à se demander, si nous n’allons pas encore décevoir. Il faut les comprendre. On est dans un monde où il ne suffit plus de dire pour plaire, il faut faire pour convaincre. Tous les regards étaient tournés vers nous-mêmes, si c’est le Gouvernement de Transition qui était chargé du processus électoral, malgré tout nous ne nous sommes pas découragés. Pour l’armée, il s’agissait d’encadrer et d’accompagner le Gouvernement d’union nationale de Transition auquel nous avons accordé toute notre confiance et notre soutien. Personne ne peut dire, nous avons cherché soit à gagner du temps ou à empêcher le Gouvernement de faire son travail. Nous nous sommes contentés de veiller sur le pays et tous les acteurs pour créer les mêmes conditions de sécurité et de confiance pour que tout se passe bien et jusqu’à la fin. Pour le reste, c’est au gouvernement que nous nous sommes adressé, parce que nous les militaires, nous connaissons nos limites. Ce que nous devons faire, et ce que nous pouvons faire aussi.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang

Notre armée est plutôt fière d’elle. Elle a relevé le défi de la paix et de la démocratie, elle a respecté sa parole et donc honorée l’uniforme. Il n’y a pas longtemps encore, notre armée était mal vue et mal jugé,à cause du comportement de certains parmi nous, après l’espoir qu’elle a suscité après le 23 décembre 2008. L’armée guinéenne a été montrée du doigt à cause de certains actes contraires à sa mission et sa réputation d’une armée disciplinée, responsable au service du peuple et des Institutions républicaines. C’est un passé que nous regrettons, dont nous avons tourné définitivement la page. À nouveau, nous avons repris notre rôle et notre place dans notre histoire et la scène internationale. Grâce à vous, l’œuvre qui vient d’être réalisé n’est pas l’émanation d’un homme mais un travail d’équipe bien mené dans l’unité et la cohésion. Grâce à chacun de vous et à nous tous, nous pouvons relever la tête maintenant et partout. Vous avez montré que l’armée dans sa grande majorité était acquise à la démocratie, qu’elle est composée de patriotes qui ne manquent jamais le rendez-vous avec l’histoire. Notre armée s’est réhabilitée, s’est réconciliée avec elle-même et les autres, pour notre plus grande fierté et celle de nos familles, qui avaient aussi souffert de critiques parfois exagérées ou sans fondement.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang

On dit souvent que c’est la discipline qui fait la force principale des armées. La nôtre tire sa force de cette indispensable discipline que vous avez observée durant toute la Transition, mais elle tire aussi sa force de notre effort de patience, de la fraternité d’arme, du respect mutuel. Dieu merci, seuls compte pour nous l’uniforme que nous portons et notre serment de servir ensemble. Nous aussi, nous avons été confrontés à certaines mauvaises habitudes qui constituent pour l’unité et l’avenir du pays, de sérieuses menaces, tels que : le favoritisme, l’ethnocentrisme, la délation, la démagogie, la jalousie, mais chaque fois, nous avons réussi à dépasser tout cela pour respecter le pacte de sang et sauvegarder l’institution militaire. À nos yeux à tous, sacrée et rempart sur contre toutes les délégations politiques et sociales. Aujourd’hui, la Transition qui lui a donné encore plus de crédibilité et de légitimité. L’armée a renforcé son rôle d’arbitre et de recours, mais aussi de garant de la démocratie, arraché de haute lutte. C’est pourquoi, vous devez continuer à être vigilant et ne jamais permettre que les acquis de notre peuple soient bafoués et remis en cause par qui ce soit, ou pour quelle que raison que ce soit.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang

On dit que l’armée s’est acquittée de ses devoirs, comme elle vient encore de le démontrer, mais j’ai toujours aussi plaidé pour qu’elle retrouve ses droits et joue pleinement son rôle. Pendant la courte période de la Transition, avec de maigres moyens, nous avons essayé de faire preuve de bonne volonté, pour réaliser un peu de ce que nous avons comme ambition. Vision pour une armée qui a réellement besoin d’être prise en compte, après avoir été laissée à l’abandon. C’est pourquoi elle a été dotée d’un nouveau statut, l’indice social a été amélioré à moitié, et il a été promis l’autre moitié au lendemain des élections. Il a été construit ou rénové ou entrepris la construction des casernes à Conakry et dans tout le pays, pour arriver au casernement des hommes. Le système de santé et de ravitaillement a été aussi renforcé.

Par ailleurs, un accent particulier a été mis sur l’équipement et la formation des hommes. Grâce à vous-même, l’armée n’en a jamais été aussi bien traitée et respectée que pendant cette Transition. Ce n’est que justice, car elle a été le principal artisan. Elle ne pouvait être donc oubliée et négligée. Chacun a compris par la même occasion, que l’armée ne réagit que si elle est frustrée, privée de ses droits, que lorsqu’elle est victime d’injustice, de discrimination, de tribalisme ; elle ne supporte pas qu’on cherche à la diviser, à dresser les uns contre les autres, que les promotions se passent en son sein sur une base ethnique et partisane, l’armée aime qu’on la respecte.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang,

Je dois répartir, continuer à suivre mon traitement médical pour recouvrer la santé de l’énergie qu’il faut pour mieux servir encore. Il a fallu que je revienne plus tôt que prévu pour installer dans ses fonctions. C’est le dernier acte qui me reste à poser en votre nom, pour commencer pour notre pays une nouvelle ère, qui, je l’espère sera marquée par le changement, la prospérité, la réconciliation, la paix, l’unité des Guinéens, pour l’armée aussi, je suis convaincu que tout va changer, car nous avons fait tous les sacrifices pour cela. Les premiers jalons ont déjà été posés par nous, des acquis qu’il faudrait renforcer chaque jour davantage, pour changer le visage de l’armée et créer pour elle-même les meilleures conditions de vie et de travail. Partout où je suis passé, il a été promis une assistance à nos forces de Défense et de sécurité, une fois les élections terminées. Comme pour dire que, de votre devoir, vous serez récompensés. Puisque nous n’avons pas manqué à notre devoir, nous sommes en droit de nous attendre à la récompense promise. Je me réjouis aussi que les nouvelles autorités soient conscientes du défi que constitue l’armée et qu’elles se soient engagées à poursuivre notre effort, à respecter tous les équilibres pour la stabilité et la prospérité que nous rechercherons tous et depuis toujours pour l’institution militaire.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang

Au bout de l’effort et de la patience, une récompense est toujours méritée. Vous m’avez fait confiance en me désignant comme votre leader, vous m’avez toujours aussi apporté votre soutien dans mes fonctions de ministre de la Défense, puis de Président par intérim. Ce qui m’a permis de surmonter toutes les difficultés, de relever tous les défis et de bénéficier aujourd’hui de l’estime et de la confiance de nos compatriotes. En votre nom, je tiens à remercier les Guinéens qui ont compris qu’il fallait élire certes un Président, mais qu’il était plus important encore que la Guinée ne soit pas sacrifiée pour des ambitions si légitimes soient-elles. Sans la compréhension et la confiance mutuelle, notre mission aurait été compliquée voire impossible. Dieu merci nous avons gagné notre pari, la Guinée n’est plus isolée, au contraire elle a réintégré la communauté internationale dont elle avait été bannie. C’est pourquoi, comme moi, d’autres compatriotes pourraient être sollicités pour des missions, cette fois, pour le compte de l’Afrique et du monde pour consacrer le retour de notre pays dans le concert des nations respectables et fréquentables qui ont fait le choix de la démocratie de l’honneur et de la dignité.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang,

Quand j’aurais installé le nouveau Président dans ses fonctions et à qui il reviendra désormais de diriger notre pays, je serais obligé de prendre congé de vous un moment pour des raisons de santé. Je dois aussi me rendre à l’Union africaine dont le Président, Jean Ping, a bien voulu me confier le commandement de la Force d’Attente pour son institution. Je voudrai partager avec chacun de vous cet honneur et la confiance placée à ma modeste personne et à notre pays. C’est une mission que j’ai l’intention d’accomplir au service de l’Afrique et aussi de la Guinée, dont l’expérience et le métier de l’armée seront sans doute utiles à cette nouvelle force.

En tout cas, je sais compter comme d’habitude sur chacun et tous. Partout où je serai, je me souviendrai de vous et je vous servirai avec la même volonté. J’aurai une pensée particulière, car ensemble nous avons vécu et partagé beaucoup de choses qui font que chacun continuera à vivre dans le cœur de l’autre pour retrouver la ferveur et la complicité d’une longue histoire de fraternité, d’amitié vraie. C’est notre vie, c’est l’armée, l’armée c’est notre vie, notre destin à tous. Elle restera notre éternel lien qui va défier le temps, la distance, les épreuves, car nous y sommes allés par vocation, nous y resterons par ambition de servir encore et toujours servir ici en Guinée comme partout ailleurs, en Afrique et dans le monde.

Aussi le Chef d’état-major général des armées est appelé dès maintenant à préparer un autre bataillon en attente, suite à celui déjà installé à Samoréyah, pour éventuellement faire partie de ceux à mettre en place, dans le cadre de la nouvelle mission qui nous a été confiée encore et à laquelle nous sommes habituée. En Angola, en Guinée-Bissau, en Sierra Leone, au Libéria, sur tous les fronts où nous sommes sollicités, où le devoir nous appelle, nous avons répondu tout de suite présent. C’est le lieu et l’occasion de vous rendre à tous, un grand hommage, de rendre un hommage aussi mérité à votre chef d’état-major général des armées, aux chefs d’état-major général particuliers, aux commandants d’unité, aux chefs des bataillons, aux commandants des régions militaires, aux officiers, sous-officiers, hommes de rang. Le moment aussi est indiqué de nous souvenir dans notre fierté retrouvée, de tous nos compagnons et frères d’arme tombés sur le champ d’honneur.

En cet instant solennel, je vous demande d’avoir une pensée affectueuse pour ces martyrs de notre armée et leurs familles. Notre reconnaissance va aussi à l’endroit de nos illustres pionniers, pères fondateurs de notre vaillante armée nationale, qui ont consacré les plus années de leur vie à défendre leur patrie. Nous nous confions les uns aux autres, au nom de notre histoire commune et de la foi que nous partageons, à notre avenir que nous allons contribuer à façonner au cours de la Transition qui s’achève. Je le rappelle l’armée est apolitique, la nôtre a été de tout le temps au service du peuple, de la République et des institutions en place.

Je vous invite donc à soutenir et accompagner le nouveau Président dans ses efforts et son action quotidienne. Je sais que de nombreux défis attendent ce Président, mais je le recommande tout de même d’inscrire parmi ses priorités la résolution des problèmes de notre armée, qui après avoir tant donné, espère recevoir un peu pour voir à des lendemains toujours meilleurs.

Officiers, sous-officiers, Hommes de rang,

Une nouvelle fois, je vous dis merci. Merci pour tout et bonne chance à chacun de vous. Je vous souhaite aussi à tous, le meilleur pour l’avenir. Merci !

Vive l’unité nationale !
Vive la démocratie !
Vive la coopération internationale !
Vive les Forces armées guinéennes !
Que Dieu vous bénisse et bénisse la Guinée !
Je vous remercie !

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