Par Justin Daboné
Malgré ses promesses de ne pas toucher à la Constitution, le président nigérien a décidé de dissoudre la Cour constitutionnelle. Désireux de rester en place, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Depuis un certain temps, Mamadou Tandja pense que sans lui le Niger ne peut avancer. Et pourtant, dans un an, cela fera dix ans qu’il exerce le pouvoir. N’est-ce pas suffisant pour passer le témoin à une autre personne ? Pour Tandja, il n’en est pas question. Il voulait opérer un passage en force pour gérer le pays en maître absolu. Son mandat tirant à sa fin, il voulait passer par un référendum pour réaliser son rêve. Mais cela n’a pas marché comme il l’aurait souhaité, les textes étant les textes. Le climat s’est donc dégradé de plus en plus. Le 26 mai, Tandja a tapé fort sur la table et dissous le Parlement, tandis que le principal parti qui le soutenait, la Convention démocratique et sociale (CDS), a claqué la porte du gouvernement. Comme si cela ne suffisait pas, le président nigérien vient de franchir le Rubicon en procédant à la dissolution de la Cour constitutionnelle. Une mesure qui a été annoncée le 29 juin par La Voix du Sahel, la radio officielle. Décidément, ce Tandja s’obstine à tout contrôler lui-même. Pour atteindre son objectif, il a même signé deux décrets suspendant les articles 104 et 105 de la Constitution. Ces deux décrets ont trait à la nomination des sept membres de la Cour, et surtout à leur inamovibilité durant leur mandat, de six ans. Tandja a également abrogé trois décrets remontant à 2004, 2006 et 2008, qui concernaient les nominations des membres de la Cour. Il veut ainsi montrer qu’il est le seul à gouverner ce pays et que les dispositions de la Loi fondamentale qui limitent le mandat présidentiel ne sont rien à ses yeux. C’est en décembre 2009 que le président à 71 ans, devrait quitter le pouvoir, mais il estime qu’il n’a pas totalement “achevé ses chantiers”. Cet homme, qui est en train de braver son peuple, a perdu tout sens de la démocratie, et là on se rend compte qu’il n’est pas mieux que Baré Maïnassara, l’ancien président, lâchement assassiné le 9 avril 1999. En politique, le destin d’un chef d’Etat dépend de son comportement. Tandja, qui ne quitte jamais ses bazins brodés, le sait-il ? Aujourd’hui, il s’arroge des “pouvoirs exceptionnels” pour gouverner par décrets et ordonnances. Face au pouvoir personnel qu’il est en train d’instaurer, les défenseurs de l’Etat de droit et de la démocratie veulent user de tous les moyens pour que ce despote revienne à la raison. Mais est-ce suffisant pour l’empêcher de dormir dans son palais ? Et les forces armées dans tout ça ? Dans un récent communiqué, elles ont réaffirmé leur caractère républicain et leur entière disponibilité à assurer leur devoir de préservation de l’intégrité du territoire, de protection des personnes et des biens, et de sauvegarde des institutions de la République. En outre, elles n’entendent nullement servir des intérêts partisans et demandent aux différents acteurs de les exclure une fois pour toutes du jeu politique. Mais que faisaient-elles quand Maïnassara a été pris dans un guet-apens le jour de sa mort, à l’aéroport ? L’imbroglio nigérien peut nous réserver des surprises, parce que les risque-tout, ça existe aussi dans une armée. – L’Observateur Paalga