La crise mondiale frappe durement - 'Mais ne désespérez pas' | Le Log| www.africalog.com
home

La crise mondiale frappe durement - 'Mais ne désespérez pas'

May 19, 2009

Par Ramesh Jaura

La crise financière, qui a profondément perturbé les économies du monde, commence par avoir un effet défavorable sur l’Afrique, menace de replonger beaucoup de personnes dans la pauvreté et est en train de contrecarrer les efforts pour atteindre l’objectif de réduire de moitié la portion de la population vivant avec moins d’un dollar par jour d’ici à 2015.

Mais il n’y a aucune raison de désespérer, déclare Louis Kasekende, économiste en chef de la Banque africaine de développement (BAD). La raison en est que l’Afrique est mieux placée pour échapper à la crise qu’elle ne l’était il y a dix ans.

"Les marchés asiatiques et latino-américains émergents sont devenus de plus en plus des partenaires commerciaux et de développement importants (de l’Afrique), ce qui réduit également la vulnérabilité du continent à la performance économique des pays de l’OCDE", affirme Javier Santiso, directeur et économiste de développement en chef du Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Le Centre de développement, comprenant 33 pays de l’OCDE et neufs membres n’appartenant pas à l’OCDE, se considère comme un forum de dialogue entre les économies en développement et émergentes et leurs partenaires au développement.

Le nouveau rapport intitulé ‘Perspectives économiques en Afrique (AEO)’ a été publié le 11 mai, simultanément à Berlin et à Paris. Il a été publié conjointement par la BAD, le Centre de développement de l’OCDE et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, avec l’appui de la Commission européenne.

Après une décennie et demie de plus de cinq pour cent de croissance économique, le continent peut espérer seulement 2,8 pour cent en 2009, moins de la moitié des 5,7 pour cent prévus avant la crise. Mais les auteurs de ce rapport prévoient un rebondissement de cette croissance à 4,5 pour cent en 2010.

Ce rapport couvrant les notes de 47 Etats africains indiquant que beaucoup de pays ont pris de prudentes réformes macroéconomiques au cours des quelques dernières années. Ils ont renforcé des balances fiscales et réduit l’inflation à des niveaux à un chiffre. Beaucoup ont également bénéficié d’un allègement substantiel de leurs dettes, faisant que les proportions des dettes dues au service ou à l’exportation sont faibles dans la plupart des pays.

Le rapport prévoit que la croissance des pays exportateurs de pétrole baisse à 2,4 pour cent cette année, comparativement à 3,3 pour cent pour les importateurs nets de pétrole. L’effondrement des prix des matières premières et la demande dégringolant des pays de l’OCDE auront un effet négatif sur les balances budgétaires de l’Afrique, avec le déficit budgétaire régional prévu pour être autour de 5,5 pour cent du produit intérieur brut (PIB), comparativement à un surplus de 3,4 pour cent prévu dans le rapport des AEO il y a un an.

Le rapport constate également que pendant que l’aide publique au développement (APD) a augmenté en 2008, des inquiétudes subsistent par rapport à une pression vers le bas sur les budgets d’aide des bailleurs du fait de la crise économique en cours.

Pour la plupart des années 1970 et 1980, la croissance était largement limitée par des facteurs internes. Mais une réforme s’est associée à un environnement externe favorable pour permettre à l’Afrique de jouir, pendant une décennie et demie des taux de croissance dépassant cinq pour cent.

La crise financière est devenue maintenant une crise économique; elle a rongé les bénéfices accumulés au cours des années de réforme, indique le rapport. Utilisant une méthodologie actualisée, les Perspectives économiques en Afrique indiquent que seulement une poignée de pays africains sont sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de réduire de moitié la portion de la population vivant avec moins d’un dollar par jour d’ici à 2015.

"Toutefois, nous ne devrions pas désespérer", affirme Kasekende. "La décennie de réforme a introduit une efficacité dans la gestion macroéconomique et a rendu plus compétitives les économies africaines. Les pays devraient par conséquent cesser de mettre en œuvre des politiques qui restreignent une intégration approfondie du continent dans l’environnement commercial et financier mondial".

L’aperçu régional de ce rapport révèle que la croissance économique en Afrique australe, s’élevait à 5,2 pour cent en 2008, de sept pour cent en 2007. Il est attendu qu’elle ralentisse de façon spectaculaire à 0,2 pour cent en 2009 avant de reprendre à 4,6 pour cent en 2010.

La croissance moyenne du PIB en Afrique du nord devrait légèrement s’améliorer, de 5,3 pour cent en 2007 à 5,8 pour cent en 2008. Elle devrait ensuite ralentir considérablement en 2009 à 3,3 pour cent avant d’augmenter à 4,1 pour cent en 2010. Tous les pays d’Afrique du nord connaîtront plus lentement une croissance en 2009, à cause des baisses de la production pétrolière et des recettes touristiques, dit le rapport.

La croissance réelle du PIB dans les pays d’Afrique de l’ouest devrait ralentir à 4,2 pour cent en 2009, de 5,4 pour cent en 2008 et 2007, avant de se renforcer à 4,6 pour cent en 2010. Les prévisions pour l’année 2009 indiquent une baisse du taux de croissance du Nigeria à quatre pour cent, comme conséquence du quota de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) sur la production pétrolière et un investissement en baisse.

En 2008, la croissance moyenne du PIB dans les sept pays d’Afrique centrale s’élevait à cinq pour cent, de quatre pour cent en 2007. En 2009, la croissance du PIB devrait nettement ralentir à 2,8 pour cent et augmenter à 3,6 pour cent en 2010. La réduction de la demande pour le pétrole et les minéraux ébranlera la croissance dans les pays riches en ressources, prévoit le rapport.

Le taux de croissance moyen pour l’Afrique de l’est était estimé à 7,3 pour cent en 2008, en baisse par rapport à 8,8 pour cent, un taux très fort, en 2007. La performance de la région devrait ralentir à 5,5 pour cent en 2009 et demeurer presque la même en 2010.

Il est prévu que l’Ethiopie, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et l’Ouganda – qui étaient les économies grandissant le plus rapidement en Afrique de l’est en 2008 – maintiennent une croissance modérément robuste en 2009 et 2010 parce que la demande pour leurs principaux produits d’exportation agricoles et horticoles est moins sensible aux effets de la crise. Mais le Burundi, les Comores et les Seychelles continueraient par stagner; les deux derniers étant confrontés à un tourisme déprimé du fait de la récession mondiale et, dans le cas des Comores, à des troubles civils.

Il est prévu que la croissance à Djibouti, qui s’élevait à 5,9 pour cent en 2008, s’accélère en 2009 et 2010 à environ 6,6 pour cent. Le Kenya devrait afficher une croissance forte en 2009 (cinq pour cent) du fait de la reprise de la demande locale suite au net ralentissement en 2008.

Les AEO de 2009 ont une attention spéciale sur les innovations dans les technologies de l’information et de la communication (TIC). Elles concluent que malgré des taux de pénétration faibles pour les nouvelles technologies, les applications novatrices des TIC prolifèrent vers des domaines tels que le système bancaire électronique, les paiements électroniques, l’agriculture électronique, le commerce électronique, le gouvernement électronique et l’éducation électronique.

Nombre de ces nouveaux outils sont en train d’aider à modeler un environnement amélioré des affaires en contribuant au développement du marché, en surmontant les contraintes infrastructurelles traditionnelles et en réduisant les coûts des entreprises.

"Ces utilisations pleines d’initiatives des TIC montrent que les pays africains peuvent poursuivre une croissance basée sur un investissement local et une consommation locale plus grands, réduisant à leur tour l’impact des chocs et des crises exogènes", souligne Santiso. (FIN/2009) – IPS 

Liens Sponsorisés