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Mouctar Diallo: «Je suis déçu de l’attitude du Président de la République»

Jan 27, 2011

Ancien ministre de l’Elevage, Président du parti NFD (Nouvelles forces démocratiques), de retour d’un bref séjour en Guinée-Bissau, Mouctar Diallo parle des dessous de son voyage à Bissau, mais aussi de ce que doit faire l’opposition guinéenne, dans entretien accordé à AfricaLog avec le confrère La Lance. Exclusivité!

M. Diallo, vous rentrez de la Guinée-Bissau, peut-on savoir les raisons de votre visite dans ce pays?

Mouctar Diallo: J’ai un projet de voyage sur l’Angola et sur d’autres pays. Mais je précise que c’est un voyage personnel, qui n’est pas dans le cadre du parti NFD. J’ai déjà pris des visas de beaucoup de pays. Mais pour ce qui est de l’Angola, étant donné qu’il n’y a pas une ambassade ou consulat angolais en Guinée, les Guinéens qui veulent se rendre en Angola, font leur demande de visa en Guinée-Bissau. C’est dans ce sens que j’ai voulu me rendre à Bissau pour chercher le visa de l’Angola. En partant, comme j’ai un véhicule qui m’a été offert par l’Etat au même titre que tous les ministres de la transition, j’ai voulu voyager dans ce véhicule de marque Toyota, 4X4 immatriculé VA, comme c’est mon ancien véhicule de fonction.

Le Président Alpha Condé, au nom de l’Etat, a donné aux ministres sortants les véhicules. Mais comme je n’ai pas encore reçu les documents de transfert de propriété, devant me permettre de changer la plaque d’immatriculation et la carte grise, de VA en RC. Compte tenu de l’urgence du voyage, j’ai voulu donc voyager dans mon véhicule, qui, actuellement, l’immatriculation VA. Mais en partant, je me suis dit qu’il faut nécessairement que j’ai un acte du ministère de l’élevage, propriétaire du véhicule, pour pouvoir sortir de la Guinée. C’est ainsi que j’ai demandé au Secrétaire général du Ministère de l’Elevage de me faire un acte, m’autorisant à voyager avec ce véhicule. C’est ce que le Secrétaire général, Dr Sény Manet, a fait.

On a cherché les Laissez-passer et tous les documents liés à un voyage régulier et à une demande de visa. C’était le samedi 15 janvier. Nous arrivons à la frontière, nous n’avons eu aucun problème avec les services de Douane, de Police. Au niveau de la gendarmerie, les agents en poste nous ont dit qu’ils ont reçu des instructions de ne pas laisser les véhicules VA, traverser la frontière. Parce qu’il semble qu’il y a des militaires qui font sortir les véhicules de l’Etat, pour les revendre dans les pays environnants. Mais j’ai réussi à convaincre ces agents que c’est un véhicule qui m’appartient, il m’a été offert par l’Etat, au même titre que tous les anciens ministres. Je leur ai montré tous les documents du véhicule en ma possession et les documents de demande de visa. Ils nous ont laissé passer.

C’est à Bissau que nous avons appris que des militaires ont été envoyés après, par, semble-t-il le préfet de Gaoual, pour prendre les gendarmes qui nous ont laissé passer. Ils ont été envoyés d’abord à Boké, puis à Conakry. Donc le lundi 17 janvier, j’ai fait les démarches pour obtenir le visa d’Angola que j’ai obtenu le même jour. Mais malheureusement, le même jour je suis tombé malade. Je n’ai pas pu revenir le lendemain, avec les deux amis, le chauffeur qui était venu avec moi. Eux ils étaient revenus par la route et on s’était convenu que je revienne par l’avion, à partir de Dakar. Parce qu’il n’y a pas un vol direct Bissau-Conakry.

A la frontière, ils étaient attendus par des militaires qui les ont conduits à Boké, puis à l’Etat-major de la gendarmerie. Mais ils ont été libérés le lendemain, aux environs de 23h et mon véhicule est resté à l’Etat-major de la gendarmerie nationale. C’est à Dakar, que j’ai appris le décret du président de la République, limogeant le Secrétaire général pour m’avoir livré un Ordre de mission, qui m’a permis de voyager avec ce véhicule immatriculé VA 33 26 A.

Qu’est-ce que cela vous a fait ? Votre ancien collaborateur a été révoqué pour vous avoir livré un document. C’est un évènement qui n’en valait pas la peine?

Je suis très attristé et peiné, puisque moralement je me dis que je suis à la base de sa révocation. Cela me fait vraiment de la peine. Je suis deuxièmement peiné de voir que la Guinée ne pourra pas profiter des compétences et de l’expertise d’un très bon cadre. Parce que Dr Sény Manet a fait au moins 25 ans de service dans l’administration guinéenne. Quand je venais au département de l’Elevage, en tant que ministre, je ne le connaissais pas, mais j’ai demandé à tous les cadres : qui était le mieux indiqué, pour être le Secrétaire général de mon équipe. Tous les cadres que j’ai consultés m’ont dit : Dr Sény Manet, de par ses compétences, son background, sa moralité, son expérience, son expertise et ses capacités. Unanimement, tout le monde a dit qu’il est le mieux indiqué pour être le Secrétaire général. Je l’ai choisi et j’étais satisfait de sa bonne collaboration. Le bilan positif qu’on a eu, est aussi dû par son énorme contribution. Je suis très déçu de l’attitude du Président de la République, Alpha Condé, qui, au lieu de s’occuper des questions essentielles liées aux enjeux du développement, aux multiples défis qui l’interpellent, face aux énormes attentes des populations, il s’intéresse à des détails comme ça, pour limoger, de façon impromptue, un grand cadre et de s’acharner sur moi inutilement.

Les gens ont dit que votre voyage à Bissau est lié à la visite que Cellou Dalein Diallo a faite là-bas. Ils trouvent qu’il y a un flou, que ce n’était pas une coïncidence, mais vous vous étiez préparé…

Je vous montre le visa que j’ai eu le 17 janvier pour l’Angola. Cela prouve à suffisance que j’étais parti pour un visa. Ce qui se raconte est archi-faux. Deuxièmement, même si cela était, vrai, si je voulais rencontrer El hadj Cellou Dalein Diallo, je l’aurais fait sans me cacher. Je n’ai pas caché l’adhésion de mon parti à l’Alliance CDP, (Cellou Dalein Président), je me suis affiché publiquement avec lui, je ne vois pas pour quelle raison, j’aurais hésité de dire que je vais quelque part pour rencontrer El Hadj Cellou Dalein Diallo, qui, il faut le dire, est un grand leader, qui est aussi un citoyen guinéen. Je suis libre, et totalement libre de rencontrer qui je veux, quand je veux et où je veux. Si je veux rencontrer El Hadj Cellou Dalein Diallo, que ce soit en Guinée ou ailleurs, je ne vais pas le cacher. Je le dirai publiquement et m’afficherai publiquement avec lui, mais pour le cas-ci, je n’ai pas rencontré El hadj Cellou Dalein Diallo. J’étais parti à Bissau, dans le cadre de la recherche d’un visa pour un voyage personnel en Angola.

Mais vous vous étiez vu avec Cellou Dalein Diallo…

Effectivement, nous nous sommes vus, mais c’était à l’aéroport. L’avion qui l’a amené à Bissau, c’est ce même avion qui m’a ramené à Dakar.

Vous avez échangé avec lui ? Qu’est-ce que vous vous êtes dit…

Non ! On a eu juste le temps de se saluer. On était à l’aéroport, il descendait, moi, je montai.

Vous êtes revenu à Conakry hier (23 janvier Ndlr), vous vous êtes présenté à l’Etat-major de la gendarmerie nationale. Qu’est ce qui s’y est passé?

D’abord, j’ai entendu beaucoup d’intoxication, de mensonges autour de ma personne. Il y a ceux qui disent que j’ai fui, parce qu’il y aura des audits. Je précise ici que tous les actes que j’ai posés au Ministère de l’Elevage ne souffrent d’aucune contestation, d’aucun flou. Je défie quiconque de prouver que j’ai été auteur d’une quelconque mauvaise gestion durant mon séjour au ministère de l’Elevage. Deuxièmement, je suis un leader politique, je dois contribuer à l’animation du débat politique, je vais continuer mon combat politique, pour l’instauration d’une véritable démocratie pour le développement de la Guinée, pour qu’il y ait un Etat de droit et conquérir le pouvoir démocratique. C’est pour cela que je suis un leader politique.

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