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Ouverture du forum social mondial à Dakar sur fond de contestations populaires

Feb 06, 2011

Le Forum social mondial (FSM), vaste rassemblement d'altermondialistes qui se tient cette année sur fond de contestations populaires dans le monde arabe, s'est ouvert dimanche par une marche de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la capitale sénégalaise.

Le nombre de marcheurs a été évalué par des journalistes à environ 10.000 au début du défilé. Des organisateurs ont ensuite affirmé qu'"au moins 60.000" personnes de tous les continents avaient défilé jusqu'à l'université.

Sur une scène installée dos à la mer, la parole a longuement été donnée au président bolivien Evo Morales, qui s'en est pris au "néolibéralisme" et au "néocolonialisme", "ennemis des peuples", en soulignant notamment que "les services de base, téléphone, eau, lumière, ne devaient jamais être privatisés".

"Le capitalisme agonise dans le monde face à la rébellion des peuples. Il "souffre d'une crise financière, d'une crise énergétique et nous apporte une crise alimentaire. Et ce sont les pauvres (...) qui doivent payer cette crise du capitalisme", a soutenu l'ancien syndicaliste bolivien.

Evo Morales a par ailleurs affirmé que "les peuples des pays arabes" étaient actuellement en train de "se rebeller contre l'impérialisme nord-américain".

Dans l'assistance, des membres d'ONG déploraient cependant qu'une si grande place soit faite au discours d'un chef d'Etat, alors que l'altermondialisme se veut apolitique.

Le FSM, qui se tient chaque année juste après le Forum économique mondial de Davos, se présente comme le contrepoint à cette réunion du gotha politique et économique mondial dans une station de ski huppée des Alpes suisses.

A Dakar, les participants doivent débattre jusqu'à vendredi des moyens de mettre fin à "l'opacité financière", "l'accaparement des terres" ou encore "le pillage des minerais".

Mais la contestation en Tunisie, où les manifestations de rue ont contraint le président Zine El Abidine Ben Ali à la fuite le 14 janvier, ainsi qu'en Egypte ont alimenté les conversations des marcheurs à Dakar.
"La pression de la rue, c'est ça qui donne des résultats!", disait Mohamed Kabbas, syndicaliste marocain de 65 ans, lançant: "Jeunes Maghrébins, allez-y, en avant, pour que la démocratie s'établisse dans le bon sens!"

L'une des rares Egyptiennes présentes, Asma Han El Batraoui, traductrice de 68 ans, assurait de son côté: "Je fais partie de ceux qui réclament le départ d'Hosni Moubarak (le président égyptien) pour que le sang versé dans les manifestations pacifiques de ces derniers jours n'ait pas coulé pour rien".

Parmi les marcheurs, la dirigeante du Parti socialiste français, Martine Aubry a également déclaré à des journalistes: "Arrêtons de regarder le Maghreb et l'Afrique avec compassion. Ce qui s'est passé en Tunisie montre que le peuple peut redevenir maître de son destin, quels que soient ses moyens. C'est peut-être ce que l'Europe a oublié".

Les Sénégalais qui accueillent le forum ont rappelé à travers leurs banderoles qu'ils étaient eux aussi confrontés à de graves difficultés sociales et économiques. Opposante au régime du président Abdoulaye Wade - âgé de 83 ans et candidat pour un troisième mandat en 2012 -, une femme brandissait ainsi une pancarte sur laquelle on pouvait lire "Dans les ténèbres jusqu'à quand?", en référence aux longues et innombrables coupures d'électricité.

L'ancien dirigeant du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, un habitué des sommets altermondialistes, devait participer à cette 11e édition du FSM. Sont également annoncés les présidents vénézuélien Hugo Chavez et guinéen Alpha Condé ou encore le dirigeant de l'Union africaine Jean Ping. - AFP

 

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