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La Guinée et «l’humeur des hommes»

Feb 11, 2011

Dr. Siba Grovogui, professeur de science politique et de droit à Johns Hopkins University aux Etats-Unis a tenu ce mercredi 9 février un exposé sur les élections et la société guinéenne. La rencontre était à la prestigieuse école des études internationales (School of Advanced International Studies - SAIS) de Johns Hopkins University.

Selon Siba Grovogui, il ya deux événements qui ont solidifié la nation guinéenne: le referendum de 1958 et l’agression portugaise de 1970. Il est de son avis que la communauté internationale a fait une mauvaise lecture des problèmes de la Guinée qui souffre du manque des institutions, les populations sont victimes de «l’humeur des hommes».

Il a rappelé qu’il avait soutenu le report des élections pour donner le temps à l’installation des institutions crédibles, reformer la justice, des élections législatives avant les élections présidentielles.

Il a démontré dans son exposé que le gagnant des élections présidentielles est comme un leader militaire qui vient de faire un coup d’Etat puisqu’il n’ya pas d’institutions crédibles de contre pouvoir.

Il a martelé que la démocratie et le partage sont des éléments de la culture guinéenne. Il a rappelé que le frère de Sékou Touré avait perdu des élections locales, libres et transparentes, il y avait la séparation des pouvoirs dans le Fouta théocratique.

Dr. Grovogui a demandé de nuancer les problèmes ethniques qui sont soulevés dans tous les débats. Il a dit qu’il comprend la frustration des supporters de Cellou Dalein Diallo et qu’en tant que guinéen il a eu du mal à voir la frustration de sa communauté peuhle.

Il a rappelé que le feu Président Lansana Conté avait déclaré après l’agression d’une communauté «c’est bien fait» mais la Guinée n’a pas explosé.

Après la tentative d’assassinat de Moussa Dadis Camara, un forestier, la Guinée n’a pas explosé parce que Toumba Diakité était un malinké.

Siba Grovogui, le directeur des études internationales au département des sciences politiques à Johns Hopkins University a expliqué les raisons de la défaite de Cellou Dalein Diallo, qui a fait une mauvaise lecture de la sociologie: lorsqu’un groupe a une certaine puissance reconnue dans certaines activités dans un pays, cela donne de l’anxiété aux autres groupes, il faut les rassurer.

Il a démontré que cet aspect sociologique s’applique dans un pays comme les Etats-Unis. Il fallait que Barack Obama rassure les blancs, qui avaient du mal à accepter qu’un noir va diriger les Etats-Unis. Dans les années 60 lorsqu’il fallait faire l’intégration des écoles il y avait de l’anxiété aux Etats-Unis.

Au Liberia il y avait de l’anxiété après la guerre. Le footballeur George Weah était largement en tête après le premier tour mais puisqu’il avait un soutien très fort des jeunes qui avaient tué pendant la guerre, il ya eu la grande mobilisation des femmes pour porter Ellen Johnson Sirleaf à la présidence.

Selon Dr. Grovogui, Moussa Dadis Camara n’était pas un leader. Il a réussi à unifier, toutes les communautés y compris la sienne contre lui. Il n’ya que dans l’armée qu’il avait le soutien de sa communauté. Il a dit qu’il ne comprend pas qu’on puisse argumenter que les événements au stade du 28 septembre étaient diriger contre les peuls.

Concernant le nouveau président Alpha Condé, le professeur Grovogui a dit qu’il perçoit qu’il a des bonnes intentions mais il ne sait pas comment il va gérer les concessions faites pour gagner. Il a cité l’exemple des ministres comme Papa Koly Kourouma qui sont dans le gouvernement.

Concernant la réconciliation nationale, Siba Grovoqui a dit que c’est un sujet qui l’intéresse puisqu’il enseigne un cours de «Justice et Réconciliation».

Pour lui, toutes les communautés ont été victimes de «l'humeur des hommes».

«Qu’on ne vienne pas me dire que Sékou Touré a tué Diallo Telli parce qu’il était peul. Diallo Telli appartenait à la Guinée, le premier secrétaire général de l’OUA appartenait à l’Afrique», a-t-il insisté.

Il a martelé que sans les institutions fortes les guinéens seront encore des victimes de «l’humeur des hommes ».

Concernant sa participation aux élections, le professeur Siba Grovogui a dit qu’il a voté pour Sidya Touré parce qu’il était porteur d’un message à la hauteur des attentes. Le leader de l’UFR, Sidya Touré a demandé de voter pour son allié, le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo au second tour.

Le professeur Grovogui n’a pas dit s’il a suivi la consigne de vote ou pas.

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