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Créances de l'Etat: Ibrahima Chérif Bah écrit à Ousmane Kaba

Mar 01, 2011

Décidément, la publication de la première liste des présumés débiteurs de l’Etat par le ministre des Audits, du contrôle économique et financier ne fini pas de révéler ses surprises pour faire les choux gras de la presse. L’on se rappelle que beaucoup d’accusés ont récusé ou protesté d’avoir empoché les sous de l’Etat. Parmi eux, l’ancien gouverneur de la BCRG (Banque centrale de la République de Guinée), Ibrahima Chérif Bah, qui a protesté la semaine dernière dans un mémo qu’il a adressé au peuple de Guinée. Mais il ne compte pas baisser les bras. Cette fois, de son séjour marocain, il a adressé une lettre ouverte à Ousmane Kaba, actuel ministre Conseillé à la présidence, chargé des questions stratégiques et ancien président du Comité d’audit du CNDD, qui a produit la liste des présumés débiteurs de l’Etat. AfricaLog vous en livre son contenu, in extenso.

Monsieur Ousmane Kaba;

C’est à toi que j’écris cette lettre, mais je l'ouvre au public parce que tes interventions sont directement orientées sur la Banque Centrale, en particulier sur moi-même. Tu continues de qualifier de frauduleux le transfert effectué il y a 14 ans. Et je serais, dans ta logique sulfureuse, débiteur de ce montant. Etant donné que tu es un ancien collègue, bien que mauvais, et un jeune frère de loin, je vais donc te tutoyer. Je te poserai plusieurs questions dans ce texte; je t'aiderai à répondre à certaines d'entre elles et je t’en laisserai d'autres.

M. Kaba, as-tu récemment relu les Statuts de la Banque Centrale de la République de Guinée (B.C.R.G) ? Je te rappelle qu'il est écrit comme loi de l'Etat guinéen que cette Institution dépend directement du Chef de l'Etat. Dans un tel contexte, j'aurais pu ne même pas répondre à tes accusations et m'abriter derrière la loi ; mais je m’y oblige; tes attaques directes me délient la langue et m'en donnent l'occasion.
Peux-tu démontrer que j'ai violé une procédure de la Bcrg à l'occasion de ce transfert? Non, tu ne peux pas, car ce n'est pas quelque chose de caché, et toi-même tu dis avoir interrogé tes amis à la Banque, qui l'ont confirmé. Aucun auditeur, que ce soient les internationaux, ceux de la Banque ou ta propre équipe, n'a fait aucune découverte. Car on découvre ce qui est caché. De surcroît, Docteur, as -tu oublié les procédures à la Bcrg, ayant été toi-même Directeur des changes pendant un certain temps ? Cesse de mystifier l'opinion publique qui nous observe tous. Dis-toi qu'il y a une voix qui est prête à parler de ce que chacun des grands commis de l'Etat a fait à un certain moment.

Tu as abordé un sujet dont je n'aime pas trop parler, mais allons-y ! Tu crois avoir connu le défunt Chef de l'Etat, pour dire ce que tu as dit sur les ondes. Décidément, tu as maintenant un bon conseiller en Cinétisme (xxx) à tes côtés. Je te rafraîchis la mémoire en te disant que tu as juste fait un an et demi avec le Président Conté, lequel t'a licencié pour incapacité, je veux dire incapacité à diriger une institution et des hommes, par manque de finesse et de tact. Tu ne peux créer que des problèmes autour de toi avec ton style brouillon de "One man show"

Dans mon mémo à mes compatriotes, j’avais indiqué que je me mettais devant le char qui allait broyer la monnaie guinéenne. La monnaie a été sauvée, j'ai laissé une inflation modérée et un taux de change officiel d’un dollar pour 2000 francs guinéens, contre 2 200 sur le marché libre. Là, je serai sans modestie, comme tu sais bien le faire, après mon départ, c'était la dégringolade des agrégats essentiels, jusqu’aujourd'hui.

Tu dis avoir voulu me rencontrer et que j'ai disparu. Dans quel contexte? Eh bien, je vais encore une fois te rafraichir la mémoire, M. le Conseiller. Tu as choisi une période des plus troubles de l’histoire de notre pays, un moment où il n’y avait aucune autorité légale et légitime, pour me convoquer. Presque manu militari. C’était la période où le Capitaine Dadis était grièvement blessé, et le Général Konaté n'était pas encore installé. Tu me demandais de te rencontrer un lundi matin pour une convocation arrivée, ce même lundi, à 19h, à mon domicile. J’étais au village. Je t'ai appelé, et nous avons convenu d'un nouveau rendez-vous. Dans ma loyauté et ma naïveté habituelles, j'étais prêt à me rendre à la rencontre, quand des amis m'ont alerté de tes intentions maléfiques. J'ai donc pris mes distances, car je n'aurais eu aucun recours en ce moment face à ce que tu voulais faire. D'ailleurs, tu as envoyé des militaires chez moi début janvier 2010, qui s'en sont pris à des innocentes personnes. Madame Kaba, ton épouse, aurait-elle apprécié que j'envoie des militaires chez elle pour arrêter tes frères et les arnaquer, les menacer, ou alors, aurait-elle accepté d’être convoquée, harcelée à ta place ? C'est ce que tu as fait chez moi en janvier 2010, avant l'installation du Général Konaté. Quel acharnement ! Sais-tu que pendant que certains militaires amenaient la convocation, d'autres attendaient un peu plus loin, probablement pour me conduire dans un camp?

Pour en revenir au fameux dossier, rappelle-toi, et je ne sais sur quelle instigation, le Premier ministre Kouyaté en 2007 t'a envoyé en mission à la Bcrg pour aider à l'organiser. Cela a étonné beaucoup de gens à l'époque, car après les insurrections de janvier -février 2007, ce n'était vraiment pas une priorité, d'autant plus que la Bcrg était et reste l'une des institutions les mieux organisées en Guinée. Mais le fait était que ce sont des gens que j'ai remplacés, ou commandés, qui étaient membres de la mission dite d'organisation. Est ce un hasard? Nous verrons la suite. Des personnes de bonne foi se sont étonnées à l'époque et m’ont suggéré de rencontrer mon frère de village, Kouyaté, car elles ne comprenaient pas que je sois écarté de la mission. Bien entendu, je n'ai entrepris aucune démarche.

Il est apparu très tôt, qu’au lieu de s'occuper des problèmes d'organisation qui n'existaient pas d'ailleurs, la mission s'est mise à sortir des dossiers qui comporteraient des irrégularités. Le but réel de la mission était de montrer que le Général Conté a eu tort de nous enlever : nous nous étions la rigueur, et ceux qui sont venus après nous étaient des laxistes, dans un amalgame complet, sans distinguer ceux qui ont fait des efforts des autres. Les dirigeants de la Banque à l'époque se sont sentis insultés et ce rapport croyait avoir fait des découvertes. En fait, il n'en était rien. Une interview accordée par le Premier ministre à l'époque montrait qu'il avait été totalement trompé, presque manipulé à son insu.

Mais Kaba, tu n'en es pas resté là. Avec ton compagnon, tu as été rencontré le Président Conté à Lansanaya, au bord du Lac, pour lui présenter ta fameuse découverte. Peux-tu dire à l'opinion la réponse que tu as reçue du Président ? Il vous a dit : « Laissez Chérif tranquille, il a bien travaillé avec moi ! Allez voir celui qui vous a envoyées en mission à la Bcrg ! »

L'on voit pourquoi tu as tenu à mettre mon nom sur ta liste des débiteurs. Ne cherche pas à te faire couvrir par Alhassane Barry, l’ancien auditeur de la Banque, car auditer est une chose, chercher des poux sur la tête d'un gestionnaire en est une autre. Chacun a eu son rôle dans cette affaire, devenue publique. Mais j'affirme encore qu'en cherchant à travers tous tes réseaux à travers le monde, tu verras que pas un seul centime ne m'a profité personnellement, ou profité à une personne liée à moi.
Venons-en au deuxième dossier de ta liste, que tu tiens coûte que coûte à m'imputer. Je dis ta liste, parce qu’un de tes mandataires demandait expressément sur RFI qu'on laisse le ministre Ousmane Kaba, qui a la liste des créances à recouvrer, travailler sur le sujet. Quelques jours plus tard, une liste pleine d’incohérences est sortie. Tu en es donc le père!

Sur cette liste, tu affirmes que je dois 6 milliards et cinquante millions de francs guinéens et tu dis solidairement. Avec qui ? Tu n’as pas oublié un nom ? Il faut le mettre clairement pour que tout le monde le lise. Ou bien êtes-vous convenus de tout mettre sur ma tête? Alors, je te lance un défi : il faut démontrer que j'ai une signature sur ce dossier ou que j'ai donné une quelconque instruction concernant cette affaire.

Je te renvoie au dossier de base de la Bcrg, qui tient bien ses archives à jour. Il faut le faire vite et indiquer le vrai auteur, sinon ton activité perturbatrice peut engendrer pour toi une plainte, en due forme, pour diffamation. Kaba, c'est pénal, cela aussi.

En disant sur les ondes que l'Autorité peut faire ceci mais ne peut pas faire cela, je comprends que tu veux me faire glisser sur ton terrain bien aménagé pour toi, par ton conseiller en Comtisme bien connu des Guinéens ? Non ! Kaba, je n'irai pas dans ce domaine que tu aimerais tant, je ne citerai pas d'exemples d'autres dossiers. Comme pour les prêtres, les secrets meurent en mon sein.

Tu voudrais peut-être que je te parle du dernier quadrimestre de 2000 et de l'année 2001 quand le brillant Cheick Amadou Camara, Elhaj Mouctar Diallo, l’ancien Daaf à la défense et moi-même avions installé pratiquement un Etat-major au bureau de Cheick pour conduire toutes les actions liées à la Défense de la Patrie contre les agressions rebelles ? Nous sentions l'effet de notre travail au jour le jour directement sur le terrain de bataille à PAMELAP et dans le Bec De Perroquet notamment. Voudrais-tu connaitre toutes les instructions exécutées dans cette période ? Où étais-tu en ce moment ? Pour nous, accusés et vilipendés par toi aujourd'hui, cette période reste l'une des plus exaltantes de notre carrière.
Monsieur Kaba, laisses le Ministre en charge des Audits mener son travail. Ou alors faut-il qu'on te laisse un peu de temps pour sortir une deuxième et une troisième liste dans lesquels tu n'oublieras pas de porter ton en bonne place ainsi que ceux de tes voisins et amis actuels.

Monsieur Kaba, tu t'occupes de stratégie ? Alors fais-le et laisses le ministre gérer des dossiers, que par manque de tact, tu ne peux mener à bien. Mais te connaissant un peu, connaissant un peu ton orientation idéologique ces derniers temps, j'ai peur de toute stratégie que tu élaborerais à l'aide ton canari aux eaux saumâtres dans un coin de ton bureau, laquelle stratégie aura de fortes chances de relever de l’ethno stratégie. En effet, on t'a vu et entendu prendre des positions anti-Peulhs, alors que tu te dis éducateur. Les preuves existent. Comment vas-tu rassurer tes étudiants de cette communauté que c'est leur effort, non leur nom qui sera noté ?

Non ! M. Kaba, nous voudrions une stratégie, mais celle qui est définie dans la Lettre de Politique Générale exposée par M. le Premier ministre. Rien qu’elle. Ce sont-là, Kaba, quelques idées que j'ai voulu partager avec toi, en attendant ta prochaine sortie.

Ibrahima Chérif BAH
Administrateur civil
BP 5681 Conakry/Guinée
Tel : + (224) 60 21 11 72
 

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