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Un regard rétrospectif sur la campagne électorale guinéenne de 2010

Mar 04, 2011

C’était du 17 mai au 25 juin 2010. Soient 40 jours de campagne au compte du premier tour. En dépit du fait que le temps de la campagne électorale était ainsi en porte à faux avec les textes de loi, chose relevée par le Groupe International de Contact sur la Guinée (GIC-G) lors de sa 13ème session à Conakry, le Président de la transition général Sékouba Konaté a trouvé pour excuse que «cela ne constitue pas une mauvaise chose en soi. Ça va contribuer plutôt à mettre de l’ambiance dans le pays».

Dieu merci, il y a vraiment eu de l’ambiance dans le pays. De candidats très «présidentiables» et d’autres dont la sortie a été qualifiée de «fantaisiste». Tout y a été. On aura vu de toutes les couleurs, de toutes les normes, de toutes les facéties. Bref, du tout et tout.

On a confondu dans les différents camps : militants, sympathisants, simples curieux cherchant à se défouler, à créer l’ambiance, comme l’a justement dit le patron de la transition.

Les 24 candidats auront sillonné la Guinée du nord au sud, d’est en ouest. «De parts en parts», comme le dirait l’autre, avec des fortunes diverses.

De nouvelles façons, de nouvelles méthodes de battre campagne ont été inaugurées dans le pays.

On se libère l’esprit par-ci, on se met en mouvement "big up" par-là, on crie son ras-le-bol quant à la gabegie, l’incurie qui a caractérisé les gestionnaires de la Guinée des 20 dernières années. Chacun des candidats se voyait déjà confié le mandat des électeurs en se disant élu et on faisait semblant d’avoir la maîtrise de la situation. On consulte la montre comme pour dire que le temps presse.

Les observateurs interprètent ironiquement certains symboles comme l’orange pour dire : « si je suis élu, mes bouchées d’abord, le peuple suivra… »

Les débats télévisés ont mis à nu le caractère impulsif, de manque de tolérance, d’acceptation de la contradiction chez certains candidats.

Certaines présences dans les directoires de campagne ont fait douter de la sincérité de changement car, il y en a qui ne sont plus "vendables" dans ce pays.

Il y a eu des candidats qui ont dû regretter dès les premiers jours, leur descente dans l’arène politique.

En tout état de cause, chaque candidat s’est appliqué à faire de son mieux pour s’assurer un bon score au soir du scrutin du 27 juin.

Les 24 candidats retenus par la Cour suprême étaient : 1- Pr. Alpha Condé (RPG) 2- Sidya Touré (UFR) 3- Cellou Dalein Diallo (UFDG) 4- Jean Marc Telliano (RDIG) 5- François Lousény Fall (FUDEC) 6- El hadj Mamadou Sylla (UDG) 7- Mamadou Diawara (PTS) 8- Ibrahima Kassory Fofana (GPT) 9- Bouna Keita (RGP) 10- Ibrahima Abe Sylla (NGR) 11- Boubacar Barry (PNR) 12- Dr M’Bemba Traoré (PDU) 13- Dr Ousmane Kaba (PLUS) 14- Abraham Bouré (RGUD). 15- Ousmane Bah (UPR) 16- Saran Daraba Kaba (CDP) 17- Fodé Mohamed Soumah (GéCi) 18- Boubacar Bah (ADPG) 19- Lansana Kouyaté (PEDN) 20- Mamadou Baadiko Bah (UFD) 21- Aboubacar Somparé (PUP) 22- Papa Koly Kourouma (RDR) 23- Alpha Ibrahima Keïra (PR) 24- Joseph Bangoura (UDIG)

Quelques styles :

- Cellou Dalein Diallo a démontré qu’il était vraiment un élève assidu à l’école. Comme l’ont démontré ses pas de danse d’une certaine époque. Du "toupoussèssè" mal maîtrisé. Il a laissé le soin à sa cellule de com de faire l’essentiel du boulot, du bon d’ailleurs en dépit de quelques faiblesses dans le montage en voulant faire croire la forte densité de la Guinée au Km2. La Guinée n’est pas aussi peuplée que la cellule a voulu le faire croire… Des militants un peu trop disciplinés.

- Lansana Kouyaté, l’homme des lambris dorés des grands palaces s’est ravisé par moments qu’il fallait être au sein de la population que de survoler ses problèmes… Champion toutes catégories de la générosité, Lansana Kouyaté l’a prouvé tout le long de la campagne. Il a cependant besoin d’assise au regard de la querelle de leadership entre lui et celui du parti des "jaunes".

- Alpha Ibrahima Keira aura raflé la palme du "m’as-tu-vu" et de la banalisation de la campagne électorale.

- Boubacar Barry, le père du "porte-à-porte". Il est le candidat qui a vite compris qu’il faut plutôt aller à la rencontre du bas peuple pour s’enquérir de son quotidien. Il est apparu comme le chef qui est très proche de ses concitoyens. Gérait-il son ministère ainsi? A l’affirmative, on pourrait bien compter avec lui …

- Pr. Alpha Condé : Son passage dans l’émission « Face au Public » de la télévision nationale a été à double impact : un homme de culture qui se veut certes leader, mais qui maîtrise mal la communication et manque de maîtrise de soi. Il est très aisé de le déstabiliser. Le journaliste dont on prête des sensibilités a-t-il joué cette partition ? Certains y pensent. La trop grande franchise du Pr. Alpha Condé trahit souvent son leadership qu’il voudrait toujours mettre en exergue. Sa cellule de communication a pêché en terminant la campagne déjà riche en couleurs par une simple déclaration de son candidat. Un tableau des plus moches. L’argument de la cellule de com, «c’est la dernière image, ou le dernier message que l’on retient.» Soit. Mais quand on a suivi les images d’apothéose du candidat Cellou, il ne fallait plus chercher qu’à marquer mieux les esprits par des images de foule, non. Hélas !

- François Lonsény Fall a voulu jouer les américains. Une campagne à l’américaine. L’a-t-il réussi ? Le verdict de la Cour suprême nous a, en tout cas, donné l’occasion de savoir qu’il n’a pas assez conquis le cœur de ses compatriotes durant les «40 jours de folie légale». Son «fonds de commerce» qui est sa démission de son poste de premier ministre sous le régime du Président Lansana Conté, parait comme un disque désormais rayé. Surtout, depuis la sortie du Président Dadis sur le plateau de la RTG Koloma lors d’une conférence de presse.

- Dr Ousmane Kaba. C’est le révolté du groupe. Les résultats des audits qu’il a conduits l’ont si écœuré qu’il s’est lancé dans la politique. A son corps défendant, naturellement. Malheureusement, …

- Ibrahima Kassory Fofana a, lui aussi, inauguré une autre façon de conquérir le cœur de ses compatriotes. On est amené à se poser deux questions : si Kassory était descendu très tôt dans l’arène politique, à quel spectacle allait-on assister ? Tous ces jeunes qu’il a drainés ont-ils leurs cartes d’électeur ? Assurément, l’une des meilleures cellules de com.

- Sidya Touré s’est montré confiant sur toute la ligne. Aucun mimétisme. Il était une "force tranquille" à sa façon. La cellule de communication a vite rectifié le tir avant le séjour de 20 jours du candidat à l’intérieur du pays. En utilisant le broadcasting de la Sotelgui, l’homme inaugurait lui aussi dans le pays, une autre façon de battre campagne à travers l’utilisation des nouvelles technologies, les fameuses NTIC.

- Aboubacar Somparé: Le PUP, son parti, a-t-il joué franc jeu avec lui ? Sa campagne n’était pas loin de celle d’une certaine Ségolène Royal en France tant ceux sur qui elle devait compter se sont montrés "royalement timides".

- Hadja Saran Daraba Kaba : On est bien amené à se poser la question de savoir si cette brave dame n’a pas eu un peu trop confiance en ses relations et à ses capacités de négociation. Mélangeant ainsi les genres.

A suivre …

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