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La CPI en Guinée: Il n’y aura pas de compromis

Apr 03, 2011

Le 1er avril, Amadi Bah, chef section coopération internationale et Emeric Roger, chef section analyse du bureau du Procureur de la CPI (Cour Pénale Internationale), ont animé une conférence de presse à Conakry. Pour faire le point de leur quatrième mission d’évaluation de la procédure en cours sur les violations des droits de l’Homme commis en Guinée le 28 septembre 2009, dans un stade du même nom.
Amadi Bah, dit avoir pris «bonne note, avec beaucoup de satisfaction, que la justice figure au cœur des priorités du nouveau gouvernement.» En témoigne, dit-il, la tenue, du 28 au 30 mars 2011, des Etats Généraux de la justice. Pour lui des progrès auraient été effectués par les juges guinéens commis à recueillir les témoignages des victimes des crimes commis le 28 septembre 2009. Des perspectives sont ouvertes.

Toutefois, Amadi Bah souligne qu'il faut beaucoup d'efforts « pour que cette procédure aboutisse à bon terme et que les principaux responsables des crimes commis ce jour-là, soient amenés à rendre des comptes. C’est une décision des victimes, dont nous avons également rencontré les représentants. C’est une exigence que la Guinée se doit à elle-même, pour se conformer à ses obligations internationales…» Amadi Bah pense qu’il faut établir la vérité sur ledit dossier pour « marquer que le temps de l’impunité est révolu. Faire la lumière sur les évènements du 28 septembre ne signifie pas stigmatiser telle institution ou telle communauté, il s’agit d’établir les responsabilités individuelles et de réprimer ces comportements intolérables à l’encontre de la population civile, afin que de tels actes ne se reproduisent plus.»

Seulement voilà! Des victimes sont inquiètes face à la lenteur qu’elles constatent dans la conduite de la procédure engagée par les juges guinéens. Amadi Bah, lui, a précisé que la CPI est présente en Guinée non pas «pour se substituer aux juges guinéens, mais pour les accompagner, avec bienveillance, dans leur tâche.» Et de se dire satisfait des assurances reçues du gouvernement, pour «soutenir le travail des juges dans le respect de leur indépendance.» Mais le «cas échéant, si des résultats tangibles ne sont pas atteints dans un délai raisonnable, le bureau du Procureur prendra ses responsabilités.»

Dans six mois, une année, des années? Les délégués de la CPI pensent que «la question ne se résout pas à l’absolu, mais elle est fonction des actes posés par les juges». M. Bah n’a pas voulu aller dans les détails, il demande de faire confiance à la CPI qui «a un bon espoir», quant à la justice qui sera rendue aux victimes des massacres commis le 28 septembre 2009 à Conakry. D'ailleurs, assure-t-il, la CPI est convaincue «que les Guinéens peuvent et doivent faire la lumière sur cette sombre phase de leur histoire, enfin de la tourner définitivement et de s’atteler à l’établissement d’un Etat de droit.»

Une autre mission de la CPI pour évaluer le travail des juges guinéens sur ledit dossier, est attendue dans trois mois, a dit Amadi Bah.

Est-ce que l’Union européenne avait consulté la CPI, pour lever la sanction sur des dignitaires de la junte du CNDD? Emeric Roger, de répondre : «Nous n’avions pas été consultés et nous n’avons pas la raison d’être.»

Que vous a dit le Président de la République au sujet des massacres du 28 septembre 2009? Amadi Bah feinte la question: l’audience du Président de la République ne se dévoile pas en public.

Et si par la Commission Vérité et réconciliation, proposée par le Président Alpha Condé, les Guinéens parviennent à se réconcilier, à se pardonner, est-ce que la CPI va abandonner le dossier du 28 septembre 2009 ? Questionne un journaliste. M. Bah de couper court et en cinq secondes : «Dans l’affaire du 28 septembre 2009, il n’y a pas de compromis. Vous le faites ou nous le faisons», lance-t-il au journaliste impénitent. Attendons de voir donc!

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