Par Thierno Sadou Diallo *
Depuis quelques mois, une véritable “Obamania” s’est emparée de la planète. Le nouveau président américain, le 44è et premier noir à occuper ce poste, a été l’objet d’une campagne médiatique et publicitaire digne d’une “Rock Star”. Son entrée à la Maison blanche est saluée comme un événement historique, et aux yeux de certains, il aurait même une stature messianique. Et pourtant Barack Obama n’est pas tombé du ciel! Malgré toutes les grandes qualités de l’homme, il serait hasardeux de le comparer à un messie. Il est plutôt le type de personne dont l’avenir a été bien préparé et qui a su, dans son parcours, profiter de toutes les opportunités qui lui étaient offertes. La grande force de Barack Obama est d’avoir su bâtir sur ce qui existait déjà , et apporter sa pierre à l’édifice en construction depuis la grande époque de la campagne pour les droits civiques. Pour goúter aux délices de la victoire, Obama a dú donc se hisser sur les épaules de ses ainés et prédécesseurs. La plus grande leçon du triomphe que nous célébrons tous aujourd’hui est que chacun dans sa position ait pu jouer parfaitement son rôle. A commencer par le leader du mouvement pour les droits civiques, le Révérend Martin Luther King Junior, qui, dans un discours mémorable en Aoút 1963, avait déclaré que son plus grand rêve serait qu’un jour les enfants des blancs et les enfants des noirs se donneraient la main pour construire une union plus solide et une nation plus juste. Quarante-cinq ans après, on peut dire que ce rêve s’est matérialisé, et ce en présence des vieux compagnons du Dr. King, tels que le représentant John Lewis et le Révérend Jesse L. Jackson, candidat malheureux par deux fois à la course pour la Maison blanche. Ce dernier qui, plus que nul autre, a conscience du chemin parcouru, n’avait pu retenir ses larmes à l’annonce de la victoire de Barack Obama. Au début des années soixante, la communauté noire était confrontée à un choix difficile qui n’en était pas moins un dilemme: soit accepter la politique d’intégration du Révérend Martin Luther King ou suivre la politique de rejet de la communauté blanche et de vie séparée prônée par Malcom X, le charismatique leader des musulmans noirs. Après que tous les deux furent assassinés, la communauté noire préféra suivre les traces de Martin Luther King. Les uns et les autres se mirent au travail et redoublèrent d’efforts, chacun dans son domaine d’activités. L’éducation de tous et particulièrement des enfants devint une priorité, en tout cas pour ceux qui en avaient les moyens. Malgré le divorce de ses parents, le jeune Barack Obama eut la chance de fréquenter les meilleurs établissements scolaires pour intégrer plus tard Harvard University, la plus célèbre des universités américaines. Que ce soit donc dans les arts, les sciences, la politique ou le business, les noirs ont cherché à se surpasser. L’objectif étant de grimper l’échelle de la réussite sociale pour atteindre le sommet de la pyramide. Bientôt il y eut le premier noir, propriétaire et chef d’entreprise, le premier noir astronaute, le premier noir maire d’une grande ville, le premier noir gouverneur d’un état. Au niveau du congrès, les représentants noirs se firent de plus en plus nombreux. On n’attendit pas longtemps pour voir aussi le premier noir chef d’état major des armées et le premier noir secrétaire d’état, responsable de la politique étrangère des Etats-Unis. Dans l’industrie de la musique et du cinéma, les noirs firent tout pour se positionner parmi les meilleurs. Si auparavant, Hollywood n’accordait aux noirs que de petits rôles de domestiques ou de figurants, des stars comme Sydney Poitiers, Denzel Washington, Will Smith et Oprah Winfrey ont contribué à donner une image plus positive du noir. Il en est de même pour les séries télévisées comme le “Cosby Show” et “24 heures chrono” C’est dire donc que l’opinion publique américaine avait été bien préparée au changement historique qui vient d’avoir lieu. A tel point que si le Général Colin Powell avait eu le même courage pour se présenter à la présidentielle de 2000, il aurait eu toutes les chances d’être élu et le monde n’aurait pas souffert des huit années de Georges Bush à la présidence américaine. Mais Barack Obama, lui, a senti que le moment était propice et que les efforts consentis depuis le fameux discours de King en 1963 sont entrain de payer. Il s’est donc hissé au dessus de la mêlée pour remporter cette éclatante victoire. Son parcours et la conjugaison des efforts qui l’ont propulsé au sommet doivent donner à réfléchir à tous ces groupes victimes des pratiques de l’exclusion. *L’auteur de cet article est un contributeur de AfricaLog.com