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Le coût de la vie explose en Afrique

Apr 23, 2011

Stephen Omandi efface le chiffre «55» sur l'écriteau qui annonce le prix des godets de maïs et affiche un nouveau prix: 60 shillings kenyans.

Cette augmentation n'équivaut qu'à environ 6 cents US. Mais pour les résidants du plus grand bidonville de Nairobi, où la plupart des gens survivent avec seulement 1 $ US par jour, cette hausse de 10% est suffisante pour rendre inabordable cet aliment de base.

«Nous n'avons pas beaucoup de clients parce qu'ils se plaignent, «Pourquoi as-tu augmenté le prix?», a dit M. Omandi. Cinq shillings. C'est beaucoup d'argent. Plusieurs ne pouvaient se l'offrir à 55, et maintenant ça en coûte 60.»

Les prix alimentaires sont en hausse partout sur la planète, entre autres en raison de la progression des coûts de transport engendrés par une augmentation du coût du carburant. La Banque mondiale a précisé la semaine dernière que les prix alimentaires sont 36% plus élevés qu'il y a un an, ce qui contribue à «enfoncer les gens encore davantage dans la pauvreté».

Mais aucune région n'a été frappée plus durement que l'Afrique au cours des trois derniers mois. Le blé coûte 87% plus cher au Soudan. Le prix du riz est en hausse de 30% au Tchad. Le coût du maïs est en progression d'au moins 25% en Ouganda, en Somalie, au Mozambique et au Kenya.

M. Omandi vendait jusqu'à 40 godets de maïs chaque jour. Le jour de la hausse de prix, il n'en a vendu que deux. M. Omandi dit avoir été contraint de hausser ses prix parce que le gouvernement a augmenté le prix-plafond pour l'essence. À la fin de 2010, ses godets ne se vendaient que 35 shillings.

Mardi, une centaine de personnes ont paralysé la circulation automobile au centre-ville de Nairobi, au Kenya, pour dénoncer la hausse du coût de la vie. Certains parlementaires ont été chahutés quand ils se sont présentés au travail à bord de voitures luxueuses à l'occasion d'un débat, justement, sur les prix alimentaires.

«Les autorités fiscales ont récemment indiqué que le tiers des revenus (d'impôts) sont volés par les politiciens, les bureaucrates et les hommes d'affaires, a dénoncé Yash Pal Ghai, un expert en droit constitutionnel qui a participé à la démonstration. Certains n'ont qu'un repas par jour pendant que d'autres profitent d'un confort et d'un luxe obscènes. C'est incroyable qu'il n'y ait pas encore eu de révolte ici.»

En Ouganda, qui borde le Kenya à l'ouest, le principal leader de l'opposition a organisé trois manifestations depuis dix jours pour dénoncer la hausse du coût des aliments et du carburant. Les forces de l'ordre ont répondu avec des tirs et des gaz lacrymogènes, blessant même Kizza Besigye à la main.

Le prix du maïs a bondi de 114 pour cent en Ouganda depuis l'an dernier, selon la Banque mondiale. Il s'agit de la hausse la plus importante constatée n'importe où sur la planète. Les coûts du carburant et de la viande sont aussi en pleine progression.

La Banque mondiale attribue l'essentiel de ces hausses à l'augmentation de 21 pour cent du coût du pétrole enregistrée au premier trimestre, en raison des troubles qui frappent le monde arabe. Cette progression gonfle les coûts de transport, en plus de rendre le maïs et l'huile végétale plus attrayants comme biocarburants.

«Plus de pauvres souffrent et plus de gens risquent de devenir pauvres à cause de la hausse et de la volatilité des prix alimentaires, a prévenu le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick. Nous devons placer les aliments au premier rang et protéger ceux qui sont pauvres et vulnérables, et qui dépensent l'essentiel de leur argent pour s'alimenter.» - AFP
 

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