La Présidente du CNC confère avec le Ministre de l’ATD | Alog News | www.africalog.com
home

La Présidente du CNC confère avec le Ministre de l’ATD

May 19, 2011

Il était 14h 45 le mercredi, 11 mai 2011, lorsque le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a été accueilli au Palais du "25 août", siège du Conseil National de la Communication par la Présidente de l’Institution «pour une visite de courtoisie».

Actualité liée aux préparatifs des élections législatives oblige, la rencontre entre Mme Martine Condé et Alhassane Condé, élargie aux proches collaborateurs des deux personnalités, se voudra une véritable séance de travail entre les deux parties.

L’une, en tant qu’institution de régulation des médias guinéens et l’autre, en sa qualité de structure technique chargée d’organiser les élections sur l’ensemble du territoire national. Sur le plan statutaire, faut-il le souligner, c’est la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) qui a charge d’organiser toutes les élections en Guinée.

Dans son souhait de bienvenue, la Présidente du CNC s’est réjouie de cette visite qui remet en scelle l’institution de régulation des médias dans sa délicate tâche de régulation des médias qui sont souvent interpelés à plus de responsabilité dans le traitement de l’information sensible, comme celle liée aux élections.

C’est pourquoi d’ailleurs, le Ministre de l’Administration du territoire a, d’entrée de jeu, situé: «Je suis là pour vous informer d’abord, de ce que nous sommes en train de faire et à quoi ça doit aboutir. Parce qu’il y a beaucoup de choses que vous entendez en ville. En tant communicateurs, il nous a paru opportun de venir vers vous, pour vous donner la vraie information.»

Alhassane Condé de faire le point des activités en cours dans son département : «Depuis quelques mois, mon département a commencé les préparatifs des élections législatives car, notre gouvernement est en train de construire l’Etat de droit en Guinée. L’Etat de droit, c’est aussi l’existence des trois pouvoirs que vous connaissez bien. Présentement, nous avons le pouvoir exécutif. Le Président de la République a été élu d’une façon démocratique. Il y a le pouvoir judiciaire à travers la Cour suprême. Mais, il manque un pilier important dans cette infrastructure, c’est le pouvoir législatif qui, à mon sens, me paraît aussi important que le pouvoir exécutif. D’abord, parce qu’il est l’émanation du peuple mais aussi, il a un rôle de contrôle des activités du gouvernement.»

Parlant des dernières élections, celles présidentielles, premier et second tours, le Ministre regrette : «Les conditions dans lesquelles les élections ont été organisées, chacun de nous sait que ces conditions n’étaient pas idéales. Elles étaient même dangereuses…»

Pour preuve, explique-t-il, «Après le premier tour, il a fallu quatre mois pour tenter de rectifier ce que nous avons appelé les 24 dysfonctionnements qui ont été identifiés, peut-être qu’il y en avait plus [ndlr : les 24 dysfonctionnements de la CENI]. Peut-être que la moitié a pu être gérée. Le reste, le temps n’a pas permis de régler tout. Cela était dû à quoi ? Cela était dû à la qualité du fichier électoral. La qualité du fichier détermine la qualité de l’élection. Mais, on était tous d’accord que ce fichier n’était pas bon…»

Il dira que ce fichier «plus ou moins boiteux » a été accepté par les différentes parties et aller aux élections « pour pouvoir nous débarrasser des militaires.» Le régime militaire étant un régime de « non-droit », a-t-il fait remarquer avant de renchérir : « Nous avons donc été aux élections présidentielles avec un fichier vraiment mauvais.»

Le Ministre de l’Administration du Territoire révèlera que les kits n’étaient même pas paramétrés avec des données sur la Guinée, pour la majeure partie des cas : «Le recensement se fait avec un kit à l’intérieur duquel se trouve un logiciel. Le logiciel donné à la Guinée était défaillant pour nous. Par exemple, il y avait des noms qu’on ne pouvait pas introduire : on ne pouvait écrire N’zérékoré, Kindia, etc. Quand on voulait écrire N’zérékoré, c’est Norvège qui s’inscrivait ; pour Kindia, c’est Kinshasa qui s’affichait. Et ceux qui on observé ce fichier, ils se sont rendus compte qu’il y avait beaucoup d’insuffisances.»

La Guinée est donc partie aux élections dans ces conditions : «Mais, après les élections, pour éviter ce qui s’est passé dans d’autres pays, on s’est dit qu’il faut prendre son temps pour que nous ayons des élections apaisées. Mais quand je dis "son temps", le temps aussi est limité ! Pour nous, il s’agit d’avoir des élections au dernier trimestre de l’année. Pourquoi le dernier trimestre ? Parce qu’il faut reprendre intégralement le recensement électoral. Intégralement.»

Le Ministre devait par la suite relever une autre anomalie, en dépit du fait que le fichier soit mauvais : «Ce mauvais fichier, le Ministère de l’Administration du Territoire n’y a pas accès. Je ne peux même pas vous dire où se trouve ce fichier.»

Alhassane Condé soulignera d’autre part que «C’est un contrat entre le PNUD et la Sagem qui est un organe du Ministère français de l’immigration… » D’où l’accès impossible au site central sans la "clé" : «Et cette clé-là, est détenue par la Sagem. Nous avons demandé officiellement à la Sagem de nous remettre cette clé pour que nous puissions avoir accès au fichier, si éventuellement nous devons réviser ce fichier ou le reprendre intégralement. Il nous été répondu, qu’on ne pouvait pas nous donner la clé, parce qu’ils n’ont signé aucun contrat avec le gouvernement guinéen. Ils ont signé un contrat avec le PNUD. Donc, j’ai écrit au PNUD pour demander qu’il nous soit facilité l’accès. Le PNUD nous dit qu’ils n’ont pas eux-mêmes le contrat…»

C’est-à-dire que le contrat qui a permis à la Sagem de faire le recensement, le PNUD-Conakry ne l’avait pas. C’est ainsi que «Je me suis adressé à l’Union européenne. L’UE me dit qu’ils n’ont signé aucun contrat avec la Sagem. Leur rôle était de payer. Le gouvernement guinéen n’a pas signé de contrat avec la Sagem, le PNUD-Guinée n’a pas signé. C’est le PNUD-Norvège qui a signé…», lâche, amer le Ministre de l’Administration du Territoire, qui dira : « La CENI, non plus, ne disposait ni du fichier, ni du contrat. J’ai même cru à une blague ! Ma demande est restée sans suite favorable auprès de la Sagem également.»

Sur les raisons de l’engagement du gouvernement à procéder à un nouveau recensement, le Ministre précise : «Quand je me suis rendu compte qu’il n’était pas possible d’avoir ce fichier, et compte- tenu de la qualité que je connais de ce fichier, parce qu’au second tour on nous a donné un fichier où ils ont fait quelques corrections, il fallait ajouter, je crois, 1100 bureaux de vote, pour permettre aux guinéens de voter. Donc, nous [ndlr : le gouvernement] avons donc décidé de faire le recensement intégral des guinéens. La raison fondamentale, c’est que beaucoup de guinéens n’ont pas pu se faire recenser…»

Le Ministre Alhassane Condé évoquera le manque de confiance entre l’Etat dans l’organisation des élections antérieures. Elections dont les résultats étaient connus d’avance et l’existence de l’impôt de capitation. Sans oublier que le travail semblait bâclé par les démembrements de la CENI qui « n’étaient pas payés. Pourquoi priver six millions de guinéens et s’accrocher à un fichier de quatre millions deux cent mille ?», s’est-il interrogé avant de dire « nous, nous sommes un gouvernement responsable. Il n’est pas question pour nous, de revenir encore à ces problèmes de dysfonctionnements que nous avons connus.»

«On s’est dit qu’à partir du moment où les guinéens savent maintenant qu’une élection crédible est possible, qu’une élection honnête est possible, c’est sûr et certain que beaucoup de guinéens voudraient voter. Et pour voter, il faut se faire recenser.

« Deuxièmement, ce recensement-là nous permettra d’avoir des cartes d’électeurs et des cartes nationales d’identité biométriques gratuites. Tous ceux qui se feront recenser, auront les deux cartes.»

Puisque c’est à la CENI que les textes accordent les prérogatives d’organiser les élections, le Ministre Condé dira : «Le défunt Président de la CENI [ndlr : Ben Sékou Sylla] est parti voir le Président de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara pour faire changer la loi créant la CENI. Cette loi sera remplacée par l’Ordonnance 015 de janvier 2009». Un acte qui donnait ainsi tout le pouvoir d’organisation des élections à la CENI : «Et fait plus grave, cette Ordonnance mettait la CENI sous la tutelle directe du Président de la République…» Avec la nouvelle donne qui se présentait et vu que le paysage politique guinéen avait évolué depuis le décès du Président Lansana Conté, «La CENI n’était plus crédible parce que devenue partisane.»

Abordant de la gestion de la CENI, le Ministre de regretter : « Sur le plan financer, la CENI a fait quelque chose que je qualifie de crime. J’ai le résultat de l’audit qui a été réalisé par l’Union européenne. Le gouvernement guinéen de l’époque a payé 120 milliards GNF pour organiser ces élections. Les bailleurs de fonds ont payé 30 millions USD. A vous d’apprécier si ces élections-là, que nous avons vues, méritaient de consommer tout cela.»

« Le second tour seulement, a consommé 70 milliards GNF. Pourtant, il y avait déjà des cartes d’électeurs, des urnes, il y avait tout … Mais nos camarades de la CENI se sont débrouillés pour présenter un budget de 70 milliards. Payés cash par le Ministère de l’Economie et des Finances.»

Les textes disent que c’est le Ministère de l’Administration du Territoire qui est techniquement habilité à organiser les élections. Pour Alhassane Condé, « Techniquement veut dire le recensement, la recherche de l’argent,…»

Face aux accusations de l’opposition soutenant que le gouvernement veut retarder l’échéance de la tenue des élections législatives, le Ministre réagit : «Je me demande, retarder quelle échéance ? Ceux qui doivent l’organiser ne parlent même pas. Avez-vous entendu parler la CENI de ces élections ? Parce que la CENI sait que l’on doit la restructurer, elle doit partir. Elle est venue me voir avec une lettre demandant d’organiser la présidence de la CENI. C’est un président intérimaire qui s’y trouve actuellement.»

«Dans les banques primaires ou à la Banque Centrale, le président intérimaire ne peut pas signer un chèque. Et je pense bien que sur les 120 milliards GNF, il y en a dans les coffres encore…»

Sachant que l’intérim, c’est pour trois mois, «j’étais d’accord avec pour seule condition que les journalistes soient présents, que des partis politiques aient des témoins. Mais, pas question que l’on s’enferme dans une salle et que l’on fasse des élections qui vont être contestées. J’ai tenu que ça se fasse au Palais du peuple, devant tout le monde et que le vote se déroule avec des bulletins secrets. Mais que le dépouillement se fasse en présence de tout le monde. Ils n’étaient pas tous d’accord, cependant ils l’ont accepté quand même. »

«Entre temps, non seulement les juristes du départements ont revu la chose, qu’ils ont considérée comme n’étant pas légale, mais des cadres de la CENI sont venus me dire pourquoi ils veulent un Président» devait déclarer le Ministre dont l’attention était ainsi attirée sur un fait très important au cas où il était procédé à l’élection d’un Président de la CENI : «si on organise une élection et qu’un Président est élu, le lendemain, le reste de l’argent qui est dans le compte de la CENI va disparaitre. Parce qu’ils savent qu’ils sont sur le point de partir…» Selon le Ministre, «Pour éviter cela, nous avons pris nos responsabilités…»

L’une des questions qui seraient posées par l’opposition au gouvernement : «Ah, vous dites que vous n’avez pas d’argent ?»

Réponse du Ministre : «Là, je n’ai pas besoin d’entrer dans les détails. Si je vous dis qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses de l’Etat, ce n’est pas moi qui le dis. Vous avez écouté le Ministre du Budget, le Ministre des Finances… Le gouvernement du Général Sékouba Konaté nous a laissé une ardoise de 9 mille milliards GNF. Le budget de l’Etat guinéen, c’est à peine 4 mille milliards GNF. Plus de 600 contrats "irréguliers" accordés…»

Au-delà de toutes les explications, la réalité serait la suivante: « … techniquement, la CENI est incompétente ; moralement, inacceptable. Donc, la CENI est disqualifiée. Il faut la restructurer, comme le recommande l’audit. Il y a quelques semaines, nous avons mis en place la structure. Il faut un DAAF [ndlr : Directeur des Affaires administratives et Financières] et un comptable. Parce que c’est l’argent public qui va aller là-bas. Donc, la prochaine CENI aura un DAAF et un comptable. Ils seront indépendants de la CENI. Ce seront des comptables du Trésor » a commenté le Ministre.

Le travail de restructuration revient au CNT [ndlr : Conseil National de la Transition] a précisé le Ministre : «c’est le CNT qui est habilité à faire la restructuration. C’est ce qu’on nous a dit. Nous, nous étions prêts à le faire. C’est un organe administratif. Mais, il nous a été signifié que c’est au CNT de procéder à ce travail de restructuration.»

Le Ministre aurait cependant une inquiétude : « Ce qui nous inquiète un peu, nous voulons que les élections législatives se fassent d’ici le dernier trimestre de cette année [ndlr : 2011], au plus tard au mois de novembre. Et c’est le chronogramme que nous avons fait. Dans ce chronogramme, il y a toutes les étapes, les activités à mener, etc. Nous n’attendons que la CENI restructurée de la part du CNC. Malheureusement, les choses trainent de ce côté…»

Le Ministre de faire des révélations : «En attendant, et en que responsable technique des élections, je me suis battu pour avoir les fonds. Le budget est bouclé à ce jour. Nous sommes un gouvernement crédible. Notre gouvernement n’a certes pas les moyens mais, ça c’est un acte de souveraineté. Nous avons pu réunir les moyens. Dans les deux semaines à venir, nous allons commencer le recensement. L’appel d’offres est lancé, la société sera retenue. Il faut obligatoirement une société guinéenne qui va travailler peut-être avec des étrangers. La raison est très simple. La Sagem a fait ici le recensement ; le gouvernement qui est propriétaire du fichier, ne l’a pas. Dans les conditions normales, un gouvernement souverain doit être capable d’organiser ses propres élections…»

Message du Ministre en direction des journalistes : « Ce travail ne peut pas se faire sans les journalistes. Nous sommes obligés de travailler avec les journalistes. Aussi bien du public que du privé. Nous avons une équipe de communicateurs au Ministère de l’Administration du Territoire.»

Et le Ministre d’assurer le CNC : «Au nom du gouvernement, nous sommes prêts à travailler avec le CNC, avec tout ce qui est communication dans ce pays pour que les populations soient effectivement informées, qu’elles aient la vraie information.»

Après l’exposé du Ministre, la Présidente du CNC a remercié son hôte en ces termes : « C’est la première fois que nous avons des informations aussi claires et aussi précises sur l’état de la nation et surtout sur les préparatifs des élections législatives… On ne comprenait pas bien ce qui se passait. Je propose au Ministre, la mise en place d’un groupe composé de cadres provenant de son Ministère avec nous [ndlr : du CNC] en vue de mieux faire passer l’information.

Nous allons, ensemble, monter une stratégie ou un plan de communication vis-à-vis des médias à travers les diverses associations des médias et les représentants des radios rurales, de l’AGP et de la RTG. Nous pouvons ainsi réunir tout ce monde à une sorte d’atelier, par exemple ici, pendant une journée, où les techniciens du MATAD vont bien expliquer ce qui se passe en matière de CENI, du recensement, des élections, avec documents à l’appui. Ainsi, les gens seront édifiés. Je pense que cela constituera un début de collaboration MATAD-CNC-Médias. Nous allons dynamiser les relations entre le service de communication de votre Ministère et les médias dans leur ensemble.»

Le Bureau de Presse du Conseil National de la Communication

 

Liens Sponsorisés