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Joaquim Chissano, un démocrate africain qui oeuvre pour la paix en Afrique

Aug 07, 2009

L'ex-président mozambicain Joaquim Chissano, qui a réussi cette semaine le tour de force de réunir pour la première fois les leaders rivaux malgaches, s'est illustré en quittant lui-même le pouvoir et en se consacrant, depuis, à la promotion de la paix en Afrique.

Sur un continent où de nombreux dirigeants rechignent à lâcher les rênes, Joaquim Chissano, 69 ans, avait choisi en 2004 de ne pas se présenter pour un troisième mandat, comme l'y autorisait pourtant la Constitution mozambicaine.

Ce vétéran de la sanglante guerre de libération contre le colonisateur portugais (1965-1975) avait accédé à la présidence en 1986 dans un contexte très particulier après la mort du chef de l'Etat Samora Michel dans un mystérieux accident d'avion.

Le parti unique à l'époque, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), l'avait choisi pour occuper la fonction suprême. L'ancien étudiant en médecine, qui avait rejoint en 1962 en Tanzanie les rangs du Frelimo en exil, dirigeait alors le ministère des Affaires étrangères.

Le pays était plongé depuis dix ans dans une guerre civile qui avait éclaté à peine l'indépendance déclarée.

En 1992, il concluait un accord de paix avec la rébellion de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), mettant fin à seize ans d'un conflit qui avait fait un million de morts.

Il s'attelle alors à reconstruire un pays ruiné, aux infrastructures détruites et aux campagnes truffées de mines. Il remporte en 1994 le premier scrutin présidentiel multipartite, et est de nouveau réélu en 1999.

Charmeur, maîtrisant le portugais, le français et l'anglais, il parvient à attirer les investisseurs étrangers pour que son pays renoue avec la croissance. Quelques années plus tôt, il avait choisi le pragmatisme en optant pour le libéralisme économique, et son parti avait renoncé à toute référence marxiste-léniniste.

En 2004, il estime que "l'heure est venue de (se) retirer" du pouvoir maintenant que "la paix prévaut depuis plus de 12 ans" dans son pays. Mais la moitié de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté.

Fort de son expérience au Mozambique, l'homme à la barbe poivre et sel, qui lui donne un air de sage africain, décide alors d'oeuvrer pour la paix, en particulier en Afrique.

A la tête d'une fondation qui porte son nom et dont le but est de "promouvoir la paix et le développement", il est nommé envoyé spécial de l'ONU en Guinée-Bissau et pour le nord de l'Ouganda.

En juin, il accepte une nouvelle mission: chef de la médiation internationale dans la crise politique malgache. "J'ai accepté ce défi car la situation vécue par le Mozambique est identique à celle vécue par le peuple malgache", a-t-il expliqué cette semaine à Maputo, où il a réussi à réunir pour la première fois les rivaux de la Grande Ile.

Son parcours politique atypique en Afrique lui a valu le prix Mo Ibrahim, récompensant la bonne gouvernance en Afrique, et le prix Chatam House pour l'amélioration des relations internationales.

Si l'image de Joaquim Chissano à l'international est "très prestigieuse", elle a été éclaboussée dans son pays par la corruption qui a atteint des "niveaux presque incontrôlables" pendant ses mandats, note Fernando Lima, directeur du journal indépendant mozambicain Savana.

Elle a aussi été écornée par un scandale impliquant un de ses quatre enfants dans le meurtre d'un journaliste d'investigation en 2000. Nyimpine Chissano est décédé en 2007 avant d'avoir pu être jugé. - AFP

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