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Affaire Kieffer: deux Français inculpés à Abidjan

Aug 06, 2009

Coup pour coup. La justice ivoirienne vient de lancer un mandat d’arrêt contre un témoin qui a récemment fait irruption dans l’enquête sur la disparition du journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer (alias «GAK»), à Abidjan, il y a plus de cinq ans. Et pour faire bonne mesure, elle a décidé de relancer la «piste française» en inculpant deux Français proches de Kieffer.

Le 23 juillet, sur France 3, un homme se présentant comme le major Alain Gossé affirmait avoir vu le journaliste dans les sous-sols de la présidence ivoirienne, à Abidjan, juste après son enlèvement, le 16 avril 2004. Selon lui, «GAK», qui multipliait les articles sur les malversations du régime, notamment dans la filière cacao, aurait été tué - «par erreur» - par le commando qui l’a kidnappé, composé de militaires proches du couple présidentiel Gbagbo. A Abidjan, on affirme que ce témoin est un imposteur, manipulé par les services secrets français.

Dans le même temps, la justice ivoirienne a décidé de relancer la prétendue «piste française», évoquée il y a un an, peu après que le juge d’instruction Patrick Ramaël eut annoncé son intention d’interroger Simone Gbagbo. Selon le procureur de la République ivoirien, Raymond Tchimou, Kieffer était sur le point de dénoncer les turpitudes financières d’une société de consultants qui l’employait comme expert lorsqu’il a disparu. Trois noms étaient alors cités : Stéphane de Vaucelles, Eric Latham et Jean-Michel Aron-Brunetière. A la tête de Commodities Corporate Consulting (CCC), le trio avait été chargé, en 2001, par le gouvernement ivoirien de restructurer la filière cacao. Mais à la suite de menaces répétées à Abidjan, la CCC avait brutalement interrompu ses travaux en 2002.

Mardi, le procureur Tchimou a débarqué à Paris, où il souhaite entendre Eric Latham et Stéphane de Vaucelles. Joint par Libération, il indique que tous deux pourraient être inculpés très prochainement. La semaine dernière, leur ancien comparse, Jean-Michel Aron-Brunetière, a déjà été mis en examen à Abidjan, ainsi qu’un autre Français résidant sur place, Jean-Yves Garnault, pour «complicité d’arrestation arbitraire, enlèvement et séquestration». Garnault, conseiller du président Gbagbo, était très proche de Kieffer. De source proche de l’enquête à Paris, on évoque un «contre-feu» grossier allumé à la suite de la diffusion du témoignage du major Gossé. De fait, rien ne vient étayer ladite «piste française».

Depuis le début, l’enquête de Patrick Ramaël tourne plutôt autour de la présidence ivoirienne, sans incriminer directement le couple Gbagbo. Le jour de son enlèvement, Kieffer avait rendez-vous avec Michel Legré, le beau-frère de Simone Gbagbo. Celle-ci a été entendue, le 23 avril, en qualité de témoin, par le juge Ramaël, à Abidjan. La justice française souhaite à présent confronter rapidement le major Gossé, qui se cache, au seul suspect détenu à ce jour à Paris dans le cadre de l’affaire : Jean-Tony Oulaï, l’homme qui aurait dirigé le commando ayant enlevé Kieffer. – Libération

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