Inhabituelle hostilité entre le procureur et l'avocat de l'accusatrice | Alog News | www.africalog.com
home

Inhabituelle hostilité entre le procureur et l'avocat de l'accusatrice

Jul 09, 2011

Les attaques à répétition de l'avocat de l'accusatrice de Dominique Strauss-Kahn contre le procureur Cyrus Vance sont «très inhabituelles» et confirment que l'affaire «est très mal engagée» pour l'accusation, estiment plusieurs experts interrogés.

Généralement le procureur et la victime présumée, qu'elle soit représentée ou non par un avocat, travaillent dans une relation de confiance car «les intérêts de la victime et du procureur sont très proches dans la plupart des cas», explique Ian Weinstein, professeur de droit à l'école Fordham de New York.

Cette relation de confiance a une implication concrète dans la procédure au jour le jour, souligne Holly Maguigan, professeur à la New York University.

«La plupart du temps, les procureurs consultent régulièrement la victime présumée pendant la procédure. Et souvent l'avocat de la victime rassemble des preuves et des arguments qui sont utiles au procureur», dit-elle.

Mais depuis huit jours, dans le cadre de l'affaire DSK, il n'y a plus aucune entente: les échanges entre l'avocat de l'accusatrice, Kenneth Thompson, et le procureur de New York sont houleux. Quand ils ne sont pas violents.

Le 1er juillet, alors que le procureur venait de pointer des «interrogations sur la crédibilité de la victime présumée», Kenneth Thompson, a accusé Cyrus Vance de poser «les fondements d'un non-lieu»: «Notre crainte», a-t-il lâché, «c'est que le procureur Cyrus Vance ait peur de perdre dans cette affaire».

Mercredi, l'avocat a asséné son coup le plus violent, exigeant que le procureur se retire du dossier, l'accusant d'être «incapable d'être impartial et équitable» et d'avoir cherché «à ébranler les charges qui pèsent contre M. Strauss-Kahn» en faisant fuiter des éléments du dossier.

Le procureur de Manhattan a aussitôt manifesté son «désaccord profond» avec ces accusations et refusé de se retirer: «Toute suggestion selon laquelle ce bureau devrait se retirer est complètement dénuée de fondements».

«Un avocat mordant»

«Ce type d'attaques sont très déplacées», note l'avocat Vincent Sanzone, qui plaide régulièrement à New York. «Le fait que l'avocat soit aussi mordant dans ce dossier a entraîné une rupture entre la victime et le procureur, qui est très nuisible pour la suite. L'avocat devrait être plus discret», dit-il.

«L'hostilité entre l'avocat de la victime et le bureau du procureur n'est pas sans précédent mais elle est inhabituelle et c'est le signal fort que l'affaire est très compliquée et problématique», estime Ian Weinstein.

Cette hostilité est d'autant plus inhabituelle que «la plupart des victimes n'ont pas d'avocat». Les victimes «considèrent le plus souvent le procureur comme leur avocat, même si formellement il est le représentant des citoyens de New York», ajoute Ian Weinstein.

«Dans ce dossier tout laisse à penser que le procureur reproche à la victime d'être à l'origine de l'effondrement de l'affaire, afin de protéger sa réputation», avance le professeur. «D'un autre côté, la victime s'attaque au procureur pour protéger sa propre réputation et préparer, par extension, le volet civil de l'affaire». La procédure pour demander des dommage et intérêts n'a pas encore commencé et dépendra pour beaucoup de l'issue de l'enquête pénale.

«Parfois l'avocat et le procureur travaillent main dans la main, parfois non. Ca ne change pas grand chose», tempère Stephen Dreyfuss, avocat et ancien substitut du procureur à New York. «Cyrus Vance a divulgué des informations négatives sur la victime, ce qu'il était obligé de faire. L'avocat a estimé qu'elle était critiquée et il a réagi. Un avocat, c'est fait pour ça.» - avec AFP

 

Liens Sponsorisés