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Le parti de Gbagbo dans la tourmente

Jul 13, 2011

L'annonce du vice-président du Front populaire ivoirien (FPI, parti politique de Laurent Gbagbo) Mamadou Koulibaly sur son départ du parti a créé une onde de choc au sein de cette famille politique déjà fragilisée par l'arrestation de son leader le 11 avril dernier.

Ces deux événements qui se sont déroulés à trois mois d'intervalles jour pour jour (11 juillet pour la démission de Koulibaly et 11 avril pour l'arrestation de Gbagbo) se présentent comme un coup de massue pour les "frontistes".

Assurément, les militants du FPI sont ballottés dans une cohorte de difficultés, et le parti est dans la tourmente.

"Pour nous, après l'arrestation de Gbagbo, c'est Mamadou Koulibaly qui était chargé de diriger le navire. Il incarnait l'espoir et surtout le maintien de la flamme militante. C'est dommage qu'il claque la porte", a confié Charles Agnimou, responsable de la mobilisation d'une section du FPI de Yopougon (quartier pro-Gbagbo à l'ouest d'Abidjan).

Pour celui-ci, la base se trouve dans une situation inconfortable, et elle est même désorientée.
"C'est un coup dur, mais nous verrons comment nous remobiliser pour remettre le FPI sur la scène", a-t-il toutefois noté.

Mamadou Koulibaly, actuel président de l'Assemblée nationale ivoirienne, assurait la présidence intérimaire du parti en sa qualité de vice-président et était une pièce maîtresse dans le "dispositif" du parti de Laurent Gbagbo.

UN PARTI DECAPITE

Pour certains observateurs, il n'y a pas que la démission de Koulibaly qui bouleverse le parti de Laurent Gbagbo. Ceux-ci estiment que le FPI est globalement bouleversé par les "effets collatéraux" de la crise post-électorale avec en prime l'arrestation de son leader.

Gbagbo se trouve éloigné de la scène politique avec son assignation en résidence surveillée dans le nord du pays.

Son épouse Simone, une autre tête forte du parti, se trouve dans la même position, ainsi que le président du FPI, Affi N’guessan.

Bien d'autres personnes-clés du FPI telles que Aboudramane Sangaré se trouvent également en résidence surveillée quand d'autres comme Lazare Koffi Koffi ont pris le chemin de l'exil.

Dans l'actualité récente, des proches de Gbagbo qui jouaient un rôle tout aussi capital au sein de son parti ont été inculpés par la justice ivoirienne et transférés dans une prison au nord du pays.

Certains responsables et militants actifs qui se trouvent sur le territoire national n'osent pas pointer du nez, de peur d'être traqués, malgré les assurances données par les nouvelles autorités de ne pas faire de chasse systématique aux pro-Gbagbo.

Des responsables de la jeunesse de ce parti qui devraient galvaniser leurs troupes en pareilles circonstances, sont eux aussi "portés disparus", à l'image du secrétaire national de jeunesse du FPI, Konaté Navigué.

Le parti de Laurent Gbagbo se trouve ainsi décapité, au grand désarroi des militants qui continuent de s'interroger et de chercher des solutions à l'énigme.

UNE RELEVE DIFFICILE

Dans la quête d'alternative pour solutionner la mal du FPI, des militants intrépides et déterminés tentent de donner de la voix pour sortir ce parti de la zone de turbulence.

En l'absence de Konaté Navigué, le principal leader de la jeunesse du FPI, Justin Koua qui fait office de numéro deux a choisi de prendre la relève.

M. Koua a ainsi invité samedi dernier les jeunes de son parti à la reprise du combat pour permettre le retour rapide du FPI au Pouvoir.

Pour le secrétaire national intérimaire de la jeunesse du FPI qui intervenait à l'occasion d'une assemblée générale extraordinaire de la structure, le FPI ne pleurera pas éternellement, mais doit plutôt s'organiser pour se repositionner.

"La relève me parait difficile, car la plupart de nos cadres sont absents pour les raisons que nous savons tous. Parmi nos aînés qui sont présents et qui sont censés nous soutenir dans nos activités, certains ont vu leurs avoirs gelés dans les banques", s'est inquiétée Laurence Flan, étudiante et militante FPI.

Toutefois, pour celle-ci, "difficile ne rime pas forcément avec impossible".

UNE IMPLOSION INEVITABLE ?

Face à toutes ces situations qui font patauger le Front populaire ivoirien, certains observateurs de la scène politique prédisent une implosion du parti politique de Laurent Gbagbo.

Mamadou Koulibaly longtemps considéré comme l'idéologue du FPI, était un poids lourd de ce parti. L'annonce lundi de sa démission créé un effet de bourrasque même si pour certains elle était "prévisible" vu que celui-ci n'était pas en odeur de sainteté depuis plusieurs mois avec les autres membres de la direction de cette formation politique à qui il reproche de préserver leurs intérêts personnels au détriment de l'intérêt général.

"Sans aucun doute, Mamadou Koulibaly n'ira pas seul. Il a créé son parti politique et il peut entraîner avec lui de nombreux militants et surtout des membres influents qui partageaient sa vision", a déclaré lundi le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI, parti pro-Ouattara) Alassane Salif Ndiaye.

Abondant dans le même sens, un journaliste d'une presse pro-Gbagbo, sous le couvert de l'anonymat, a fait état d'une saignée inévitable du FPI au profit du nouveau parti politique qu'entend mettre sur pied Mamadou Koulibaly dénommé Liberté et démocratie pour la république (LIDER).

Mais pour des caciques de l'ex-parti au pouvoir, le FPI survivra à la tempête actuelle.
"On ne peut pas faire disparaître le FPI", a martelé l'un d'eux, l'ancien ministre Lazare Koffi Koffi, depuis son lieu d'exil.

Ses compagnons restés sur place pour gérer les affaires courantes, ne disent pas autre chose : "le parti ne doit pas se laisser abattre par cette décision de démission de son vice-président", insistent-ils.

Le parti de Laurent Gbagbo vit des moments agités, et l'avenir déterminera si le temps qui passe joue pour ou contre cette formation politique qui a conduit les destinées de la Côte d'Ivoire dix années durant et qui a fait la place depuis le 11 avril au rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition pro-Ouattara) après une crise post électorale aigüe qui a fait plus de 3.000 morts et un million de déplacés. - Xinhua

 

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