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Agression sexuelle de DSK contre Banon reconnue, mais pas de procès

Oct 14, 2011

La plainte pour tentative de viol en 2003 déposée par Tristane Banon contre Dominique Strauss-Kahn a été classée sans suite pour motif de prescription, a annoncé jeudi le parquet de Paris, qui estime toutefois qu'il y a bien eu agression sexuelle.

Mais la prescription est de trois ans pour les faits d'agression sexuelle et toute poursuite contre l'ancien directeur général du FMI est désormais impossible de ce chef.

Même si elle est de dix ans pour la tentative de viol, on ne peut la caractériser, et il est donc impossible d'ouvrir une information, ajoute le parquet.

"Il apparaît que, s'agissant des faits reconnus par leur auteur, dont la connotation sexuelle n'est pas discutable, ceux-ci ne peuvent s'analyser autrement qu'en délit d'agression sexuelle", écrit le procureur Dominique Planquelle dans une lettre à l'avocat de Tristane Banon, David Koubbi, rendue publique par ce dernier.

"DSK" avait reconnu devant la police début septembre avoir tenté en 2003 d'embrasser la jeune femme âgée aujourd'hui de 32 ans, une déclaration que le parquet interprète comme un aveu d'agression sexuelle.

Une des avocates de Dominique Strauss-Kahn, Frédérique Beaulieu, s'est étonnée de cette analyse.

"Il n'y a pas eu d'agression sexuelle reconnue. (Tenter d'embrasser), ça ne s'appelle pas de mon point de vue, ni d'ailleurs du point de vue de la jurisprudence, une agression sexuelle", a-t-elle dit sur Europe 1.

David Koubbi a réagi de manière mitigée à la décision.

"Cette décision du parquet, bien qu'insatisfaisante, constitue une première victoire pour Mademoiselle Banon puisqu'au terme de cinq mois d'une bataille acharnée, il est établi sans réserve que son dossier n'est pas 'vide' et que les faits qu'elle a dénoncés ne sont pas 'imaginaires'", dit-il dans un communiqué.

BANON ENTRE "DÉCEPTION" ET IMMENSE JOIE"

Plus tard, devant la presse, il a indiqué que sa cliente hésitait entre "une déception et une immense joie", précisant que si la plainte avait été déposée dans les temps, Dominique Strauss-Kahn aurait été condamné.

Tristane Banon, qui avait déposé plainte en juillet dernier, huit ans après les faits, a désormais la possibilité de se constituer partie civile et donc de demander une nouvelle analyse à un juge d'instruction, une démarche qu'elle avait annoncée par avance avant la décision du parquet.

Me David Koubbi a expliqué qu'il allait étudier cette possibilité avec elle, mais semble hésitant.

"Dominique Strauss-Kahn aurait du être jugé pour ce qu'il a commis, il devra donc se satisfaire d'un statut d'agresseur sexuel non jugé lui permettant d'échapper à une condamnation pénale mais désormais pas à une suspicion légitime quant à son comportement vis-à-vis des femmes", dit-il dans son communiqué, où il ne parle pas de recours.

L'ex-directeur général du FMI et ancien favori des sondages pour la présidentielle de 2012 est rentré des Etats-Unis le 4 septembre, après l'abandon des poursuites à New York dans une autre affaire d'agression supposée sur une femme de chambre.

Tristane Banon affirme que Dominique Strauss-Kahn, qu'elle était venue interviewer en février 2003 dans un logement parisien dans le cadre de la rédaction d'un livre, s'est jeté sur elle et qu'elle n'a pu échapper au viol qu'après un pugilat.

"DSK" l'a d'abord poursuivie en dénonciation calomnieuse, mais, entendu par la police début septembre, il a parlé de ses avances à Tristane Banon pour la première fois.

LES AVOCATS DE DIALLO "SATISFAITS"

Le 29 septembre, les deux protagonistes ont été confrontés pendant environ deux heures au siège de la police, et ont maintenu leurs versions.

Tristane Banon a ensuite fait part dans des médias de son "mépris" à l'endroit de son agresseur supposé. Elle sort cette semaine un livre intitulé "Le bal des hypocrites" où elle le qualifie de "cochon" et explique qu'il lui a "volé (sa) vie".

L'enquête, où des dizaines de personnes ont été entendues, dont le favori de la primaire socialiste François Hollande, avait dès le départ peu de chances d'aboutir.

Caractériser une tentative de viol suppose en effet juridiquement de démontrer un début d'exécution et de pouvoir établir que la tentative a échoué pour une raison indépendante de la volonté de l'auteur.

Cette démonstration est compliquée, voire impossible, compte tenu de l'absence d'éléments matériels. Plusieurs personnalités du Parti socialiste ont donc estimé que l'affaire était utilisée, via le parquet qui est lié au pouvoir exécutif, pour perturber la campagne interne du principal parti d'opposition.

Les avocats de la femme de chambre du Sofitel qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn de tentative de viol en mai à New York ont la possibilité d'utiliser ce dossier pour nourrir le procès civil qu'ils préparent après l'abandon des poursuites pénales du aux mensonges de son accusatrice.

Dans un communiqué publié vendredi, ils se sont déclarés "satisfaits" par la déclaration du parquet de Paris, tout en regrettant le classement sans suite. – Avec Reuters
 

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