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Affaire CNTG: La zizanie continue au niveau des deux camps

Oct 21, 2011

Hadja Rabiatou Sérah: «En principe c'est lui [Ahmadou Diallo] qui a été élu...». Le récent symposium de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG) avait abouti au congrès de la centrale. Une rencontre qui a vu le renouvellement del’instance dirigeante de la CNTG.

A la tête du nouveau bureau confédéral, El hadj Ahmadou Diallo. Ce que ses deux challengers, El hadj Yamoussa Touré et Paulette Tolno n’ont pas voulu accepter. Alors que les assises se sont tenues en présence des représentants des organisations syndicales partenaires et internationales dont la CNTG est membre.

Les attitudes des uns et des autres ont laissé transparaître les choix respectifs au niveau des autorités. La situation se trouve ainsi dans un pourrissement tel, que des loubards ont fait une descente à la bourse du travail et mis à sac les lieux.

Et c’est Hadja Rabiatou Serah Diallo, Présidente du Conseil National de la Transition qui tranche ce que beaucoup qualifient aujourd’hui d’hypocrisie entretenue des autorités à différents niveaux.
La dame de fer de la transition est rentrée mercredi, le 19 septembre d’une mission à l’extérieur du pays. Et ce jeudi, 20 octobre 2011, elle commence par donner son point de vue par rapport à ce qui se joue à la bourse du travail, notamment la descente de loubards sur les lieux sur instigation de Yamoussa Touré, selon les témoins: «D’abord, je suis vraiment très choquée et désolée de ce qui est en train de se passer au niveau du mouvement syndical. Par exemple, la casse de la bourse du travail. La bourse du travail, c’est un symbole. On ne doit pas y toucher. C’est un bien des travailleurs. Et que ça soit par nous-mêmes, syndicalistes, que la casse survienne, que l’on vienne la bousiller, ça ne s’explique pas ! Je suis vraiment choquée et désolée de ce qui vient de se passer.»

Par rapport au déroulement de la partie congrès, Rabiatou Serah précise: «J’ai voulu rester en dehors de tout cela, je ne me suis pas impliquer. Ils ont préparé le congrès à deux : Ahmadou et Yamoussa. Jusqu’à présent, moi je n’ai pas reçu les textes du congrès. C’est-à-dire le règlement intérieur, le statut, etc. Ce sont eux-deux qui ont lancé les invitations. De commun accord, avec le Bureau Confédéral, ils ont fixé la date du congrès [ndlr : pour la période allant] du 22 au 24 septembre. Les délégués de l’intérieur sont venus sur invitation des lettres signées par eux. Pas par moi.»


Sur les accusations portées à son encontre quant à son soutien au camp d’Ahmadou Diallo, la Présidente du CNT qui s’estime être «en mission du syndicat au CNT», lâche, amère: «Ceux qui le disent, ne comprennent pas. Je ne soutiens personne. Les deux-là, étaient des collaborateurs très proches à moi. Quand Ahmadou a été nommé Ministre, j’ai travaillé directement avec Yamoussa Touré. Avant cela, les deux étaient de très proches collaborateurs à moi. J’ai étroitement travaillé avec les deux. Je ne peux être complice ni de l’un, ni de l’autre. Parce que moi, tout le monde me connait dans mes actes. Je ne pratique pas le népotisme, je ne suis pas ethnocentriste, ni régionaliste…»

C’est depuis 2010 que ce congrès devait se tenir. En raison de la tenue de l’élection présidentielle, il a été reporté sine die. Finalement, c’est en septembre de cette année 2011 qu’il sera organisé le congrès tant attendu.

Appréciation de Hadja Rabiatou Serah: «Le congrès a été convoqué le 22 septembre, à l’ouverture duquel j’ai prononcé mon discours d’orientation que tout le monde a suivi. Après le congrès, c’est à 22 heures que le groupe d’Ahmadou est venu chez moi, me saluer, me rendre hommage de tout ce que j’ai fait. En tant que femme, je suis très fière. Je regrette cependant, que je sois venue en 2000 [ndlr : à la tête de la CNTG], que mon bilan qualifié de positif, soit détruit par des hommes, bon, … Pendant mon mandat, j’ai pu réunir toutes les centrales syndicales. On a formé un front.»
Sur la tenue des élections, Hadja Rabiatou témoigne: «Le Conseil syndical devrait se pencher sur les textes. J’aurais été Yamoussa, le 22 janvier [ndlr : le 22 septembre] j’allais claquer la porte dès ce jour pour dire "je ne suis pas d’accord. Les textes ne sont pas respectés, je ne suis pas d’accord." Il aurait dû claquer la porte dès ce jour. Mais, ce jour, ils ont accepté volontairement ensemble, tous ont voté. Moi, je n’étais pas là. Ils se sont déterminés. Le 23, ils ont tous accepté d’aller vers le congrès des fédérations. Moi, je n’y étais pas non plus. Et le 24, ils sont revenus [ndlr : il y a eu vote ce jour].»

Ce que Hadja Rabiatou Serah ne semble pas comprendre, «Alors que tous deux [ndlr : Yamoussa Touré et Ahmadou Diallo] ont été des acteurs positifs dans la lutte de la démocratie dans ce pays, je me pose aujourd’hui la question [de savoir] si c’est un problème d’intérêt personnel ou si, alors c’est pour sauvegarder les intérêts des travailleurs et du peuple de Guinée. C’est la question que je me pose !»

Sur la démarche qu’elle entend entreprendre pour venir à bout de ce bras de fer, la Présidente du CNT envisage: «Je vais les interpeller. Par ce qu’il ne faut pas oublier moi, je suis membre de l’Exécutif de la Confédération syndicale internationale et membre titulaire du BIT [ndlr : Bureau International du Travail]. Donc, je veille aux textes qui régissent le monde du travail. Donc, je vais m’impliquer, leur rappeler que ce qu’ils sont en train de faire, ce n’est pas dans l’intérêt des travailleurs. C’est une honte pour la Guinée. Comme je suis rentrée hier [ndlr : mercredi, 19 octobre], je vais descendre sur le terrain. Mener certaines démarches. Je vais rencontrer l’inter-centrale et lui demander de se joindre à moi pour que l’on appelle les deux [ndlr : protagonistes Ahmadou et Yamoussa] et leur dire qu’en aucun cas, ils ne doivent ternir l’image de marque de la Guinée.»

Sur la légitimité des deux protagonistes à la tête du Bureau Confédéral de la CNTG, Rabiatou Serah n’hésite pas à trancher: «Moi, je dis logiquement, si on doit respecter les textes qui nous régissent, sans parti pris, selon ce qui a été expliqué, on ne devrait pas sortir du cadre de la période du 22 au 24. Et cela, en aucun cas. En principe, c’est lui [ndlr : Ahmadou Diallo] qui a été élu le 24.»

La Secrétaire générale sortante de la CNTG de donner les raisons de sa position: «Dans le rapport, ils disent que sur 113, 98 étaient présents. Les autres ont quitté la salle. La politique de la chaise vide ne paie pas. Il faut que l’on se dise la vérité. Ce qui manque ici en Guinée, c’est se dire la vérité. Quand on dit la vérité, on trouve la solution. Mais si l’on s’accroche au mensonge, on ne trouvera pas la solution. Il ne faut pas que l’on trompe les gens.»

S’achemine-t-on vers la naissance d’une nouvelle centrale syndicale ? C’est aujourd’hui la question qui se pose. Toutefois, vu la détermination des uns et des autres, qui va accepter de laisser le Bureau confédéral de la CNTG au profit de son prochain et créer une nouvelle structure syndicale, comme ce fut le cas avec feu Dr Ibrahima Fofana qui a préféré, en son temps, quitter le navire CNTG pour créer l’USTG. Pardon, la ressusciter. Car ce que beaucoup ne savent pas, ce syndicat existait bien avant l’indépendance guinéenne.

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