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Griefs des avocats des mis en cause dans la tentative d’assassinat

Nov 06, 2011

Le 4 novembre, le Collectif des avocats de la défense des prévenus arrêtés après l’attaque du domicile du Président Alpha Condé le 19 juillet dernier, était devant les journalistes au siège du Conseil de l’Ordre des avocats de Guinée. Ils ont dénoncé entre autres, les conditions de «détention draconienne, les violations des multiples droits, la lenteur de la procédure» pour le jugement de leur client. A tour de rôle, les avocats ont répondu aux questions des journalistes.

Me Salifou Béavogui a rappelé qu’au lendemain de ladite attaque, plusieurs personnes ont été interpellées et détenues au bureau d’investigation du PM3 (Peloton Mobile 3 de Matam) pour les enquêtes préliminaires. Aujourd’hui, plusieurs parmi elles ont été déférées au Tribunal de première instance de Dixinn pour être entendu par le Procureur. L’avocat a rappelé aussi que le Président de la République avait dit que l’affaire sera «dans les mains de la justice, pour la justice». Mais trois mois après, le Collectif des avocats de ces prévenus constate que leurs clients ne bénéficient pas des conditions de traitement des détenus, prévues par les lois et droits internationaux. Selon Me Béavogui, parmi les détenus, il y a 28 militaires dont en majorité des officiers supérieurs, 11 civils. Ils sont incarcérés tous à la Maison centrale de Conakry. «Ces personnes ont été arrêtées dans des conditions ridicules» dit-il. Il y en a qui ont été arrêtées au bord de la route, d’autres du fait qu’elles ont des relations avec des hauts gradés, d’autres encore pour des règlements de compte. Mais le Collectif des avocats n’acceptera plus que les citoyens Guinéens restent dans les prisons 2 ou 3 ans sans être jugés, a-t-il martelé avant de demander au juge d’instruction chargé du dossier, d’organiser rapidement les comparutions des présumés.

Pour Me Mohamed Traoré, il faut relativiser la lenteur du dossier. «Nous sommes en matière criminelle et les infractions auxquelles sont soumises nos clients, sont criminelles. Il faut attendre six mois ou plus, pour dire que nos clients sont maltraités», a-t-il clamé. Lorsque l’affaire a éclaté, il y a eu des arrestations. Tous les avocats ont apprécié le début des interrogatoires des détenus, mais depuis quelques jours, le dossier commence à traîner, se rétracte l’avocat. Qui dit qu’à l’heure actuelle, les avocats qui défendent ces prévenus, devraient être informés qui doit comparaître ou qui ne doit pas l’être. Et de souligner que tout le monde a intérêt à ce que la procédure aille vite, sinon d’autres problèmes viendront s’y accrocher. Me Traoré justifie cette lenteur, du fait que les déclarations des interpellés, lors de l’élaboration de leurs procès verbaux, ne confortent la position de certaines personnes civiles et militaires proches du gouvernement et d’autres personnalités. Et que les juges chargés du dossier seraient influencés par ces gens-là.

Faisant cas du mauvais traitement des détenus, l’avocat a confirmé que certains ont été violentés au moment de leurs arrestations. Le Général Nouhou Thiam en est de ceux-là. Il aurait reçu des coups violents au PM 3 de Matam. Mais Me Traoré s’est réjoui du rôle légaliste des agents de police et de la gendarmerie qui n’ont pas maltraité leurs clients dans leurs cellules. Toutefois, il déplore le fait que ces derniers n’ont pas accepté que leurs avocats les rendent visite, puisque malgré tout, leurs «clients ont du mal à accéder aux soins de santé. La consultation de certains d’entre eux se fait devant même les militaires», a-t-il martelé.

D’autres détenus dans cette affaire étaient coupés du monde extérieur, a dit pour sa part, Me Thierno Oury Diallo. Lequel a donné pour exemple, Alpha Oumar Barry (AOB) qui, selon lui, a passé tout son temps au Camp Samory sans pouvoir recevoir de la visite d’un membre de sa famille et de ses avocats. «Ce n’est que tout dernièrement qu’il a pu rencontrer sa femme, un de ses enfants et un des avocats à qui, pour le rencontrer, on a délivré un permis de communiquer. Ce qui est une première en Guinée», dénonce-t-il.

«Le dossier de nos clients ne répond pas aux normes. Des personnes ont été arrêtées 2 ou 3 mois avant la date de l’attaque. Leurs soldes sont actuellement bloqués. Cela veut dire que la hiérarchie civilo-militaire influence le juge», indique Me Abass Bangoura. Selon lui, le juge d’instruction fait de l’arbitraire. Il n’a pas le droit de rencontrer une partie et laisser l’autre.

L’autre avocat, Me Alsény Diallo, a tiré la sonnette d’alarmes: «Le procès de nos clients est en train de nous faire revivre les anciennes procédures du premier régime de la Guinée.» Il souligne qu’un militaire arrêté par les agents sous ordre du colonel Moussa Tiégboro Camara, secrétaire chargé des services spéciaux, a perdu 40 millions de francs Guinéens et son véhicule a été complètement endommagé. Il en appelle au ministre délégué à la Défense de tout faire pour que la situation des détenus se normalise le plus tôt que possible. Car, «la maison centrale n’est pas un magasin. La Guinée est un Etat de droit et ce droit doit être appliqué comme il le faut pour tout le monde», a martelé Me Alsény Diallo.

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