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Rencontre pouvoir-opposition: Aboubacar Sylla, de l’ADP, satisfait

Nov 20, 2011

«Certains de nos préalables commencent à être réglés.» Aboubacar Sylla est le leader de l’Union des Forces du Changement (UFC) et le porte-parole de l’Alliance pour le Développement et le Progrès (ADP).

L’ADP est une force politique qui se voudrait centriste générée par Lansana Kouyaté, Président du PEDN (Parti de l’Espoir pour le Développement National), Jean Marie Doré, Secrétaire général de l’UPG (Union pour le Peuple de Guinée) et Aboubacar Sylla, Président de l’UFC ainsi que trois autres formations politiques (le PUL de Bah Oumar, le PPG de Charles Pascal Tolno et le PSDG d’Ibrahima Condé). Même si ce dernier vient de claquer la porte en avançant comme argument que ses pairs «commençaient à s’écarter de l’idéal qui a présidé à la création de l’ADP.»

Aboubacar Sylla est ainsi cette autre voix qui vient de se faire entendre aux lendemains de la rencontre de "Sèkhutureya" à laquelle il n’a pas été convié et qu’il tient dès l’entame de l’entretien de clarifier : «je n’étais pas un des invités. Je n’étais pas là-bas…»

M. Sylla poursuit en ces termes: «Ceci dit, mon avis sur cette rencontre, c’est que j’estime que c’est une très bonne chose. C’est une rencontre qui, pour la première fois met face-à-face le Chef de l’Etat et la quasi-totalité de la classe politique guinéenne ; que ça soit la mouvance présidentielle ou l’opposition. Ceci va contribuer probablement à décrisper un climat politique pollué et qui se compliquait de plus en plus, à détendre l’atmosphère et à créer une sorte d’ambiance de convivialité entre les différents acteurs politiques.»

Le leader de l’UFC affirme que cette rencontre réveille en lui des souvenirs: «Ceci rappelle les moments des Forces vives où toutes obédiences confondues, les partis politiques se retrouvaient ensemble, décidaient ensemble et mettaient en œuvre ensemble leur décision. Donc, je pense que c’est une très bonne chose. Surtout si ceci reflète une volonté politique réelle que le Président de la République exprime par cette rencontre. Espérons que ce premier pas va servir à renforcer et à catalyser le Comité de facilitation qui a été mis en place depuis deux mois.»

Le porte-parole de l’ADP de préciser : «L’ADP et le Collectif des Partis politiques pour la Finalisation de la Transition sont en discussion avec un Comité de facilitation qui a été mis en place avec notre accord et dirigé par Monseigneur Gomez [ndlr : Guillaume David Albert, un des Vice-présidents du CNT], qui comprend également le 2ème Imam de la Grande Mosquée, El hadj Sy ainsi que le doyen Naby Youla, l’ambassadeur Rafiou Barry de même que Hadja Nantènin Camara du Conseil Economique et Social et enfin du Pasteur Kamano. Donc, ce Comité de facilitation était en train de faire un travail de fond et il y avait des évolutions significatives dans ce travail.»
Mais en quoi consiste le travail de ce Comité de facilitation? Aboubacar Sylla répond : «Le travail du Comité de facilitation consistait à lever les préalables que l’ADP et le Collectif avaient fixés à l’ouverture du dialogue. Et ce Comité, nous avons rencontrés à plusieurs reprises, il a pu rencontrer le Ministre de l’Administration du Territoire, le Premier ministre ainsi que le Chef de l’Etat. Vous avez dû suivre l’actualité à la télévision.»

Le porte-parole de l’Alliance pour le Développement et le Progrès apprécie les premiers actes du Pouvoir : «Certains de nos préalables commencent à être réglés. Il y avait essentiellement deux préalables : le premier, c’était l’arrêt des violences après la marche du Collectif du 27 et la libération sans condition des détenus, le deuxième préalable était le gel des activités de la CENI jusqu’à l’aboutissement du dialogue.

Le premier préalable est quasiment réglé puisque le Président de la République, je l’ai dit tantôt, s’est engagé, après avoir dit à juste raison, qu’il ne pouvait pas s’immiscer, interférer dans le fonctionnement de la justice, s’est engagé, une fois que tous les détenus seraient jugés, à accorder son droit de grâce aux condamnés. Ce qui est le cas aujourd’hui. Tous les détenus, tous les 322 qui avaient été traduits devant les tribunaux guinéens, sont aujourd’hui jugés, certains sont libérés, d’autres sont détenus. On voit par là que c’est un préalable, si les promesses sont tenues qui va être levé immédiatement. Le seul préalable qui reste, c’est le gel des activités de la CENI.»

Il va conclure cette appréciation par un espoir: «Je dis tout ça pour que vous sachiez que la rencontre [du mardi, 15 novembre], en détendant l’atmosphère, en créant un sentiment de confiance, en diminuant la défiance entre les acteurs et en restaurant donc la confiance, est en mesure de faciliter la levée de tous ces préalables pour qu’on aille à un dialogue structuré.»

Le leader de l’Union des Forces du Changement souligne d’autre part: «Jusqu’à présent, le Président de la République n’avait pas tenu ce type de rencontre. Et nous tous, nous avions déploré que le consensus qui avait prévalu pendant la première phase de la transition jusqu’à l’élection du Président de la République, que ce consensus était rompu, qu’il n’y avait plus de concertation pour prendre les décisions qui affectent la vie nationale et particulièrement, les décisions qui concernent le processus électoral dont les partis politiques sont des acteurs majeurs.»

L’ADP regrette également un autre état de fait et son porte-parole le rapporte: «Nous avions déploré la dissolution du Groupe International de Contact [ndlr : sur la Guinée, GIC-G] dont l’institution constituait en réalité le cadre de concertation où tout le monde se retrouvait, où on veillait ensemble aux décisions, on veillait à leur application.»

D’où cette appréciation du leader de l’UFC: «Le fait qu’il y ait donc cette rencontre [ndlr : du mardi, 15 novembre], nous rassure. Cela veut dire, c’est un cadre de concertation qui va se mettre en place. Il y a déjà le Comité de facilitation qui fait un travail remarquable.»

Aboubacar Sylla semble ainsi satisfait de l’initiative du Chef de l’Etat et il se montre optimiste pour la suite des travaux devant aboutir à un dialogue qu’il qualifie de structuré: «Et nous ne doutons pas un seul instant, qu’avec ce qui s’est passé [à Sèkhutureya], ça va permettre de mettre en confiance tout le monde. Parce que vous savez, dans une discussion, dans les négociations, le plus grand handicap, c’est le déficit de confiance. Lorsqu’on n’a pas confiance les uns aux autres, on s’entoure de tellement de précautions et on essaie de mettre en avant tellement de conditionnalités que finalement, le dialogue et l’accord deviennent compliqués. Quand la confiance est restaurée, les uns avec les autres, c’est plus facile d’évoluer.

Nous espérons donc ce Comité de facilitation va terminer très rapidement ce travail et qu’on va se retrouver autour d’une table pour faire un dialogue réellement structuré autour des points de friction pour que les pommes de discorde qui nous empêchent d’aller à cette élection soient entièrement réglées.»

Au regard du nombre de leaders politiques invités à Sèkhutureya, nombre que certains trouvent élevé, le leader de l’UFC, quoique n’ayant pas été convié à la rencontre, ne se trouve pas offusqué et se montre plutôt optimiste: «le fait que tous ces leaders soient réunis là-bas, c’est une très bonne chose parce qu’on y avait un échantillon suffisamment représentatif de toute la classe politique et le fait que nous-même, nous en soyons absent ne nous gêne pas du tout, hein ! Tout ce monde qui est là, nous n’avions pas un représentant de l’ADP malheureusement à Sèkhutureya, mais il y avait des représentants du Collectif d’autres partis politiques et par le biais des mass-médias, je crois que nous avons eu la possibilité de savoir exactement ce qui s’y est passé. Exactement, comme si nous y étions. Ceci dit, nous espérons que ceci n’est qu’une première phase de concertation et que peut être un autre groupe de leaders politiques pourraient être invités par le Président de la République pour que, puisqu’il ne s’agit d’ouvrir un débat, il ne s’agit pas de discussions réelles, il s’agit de prise de contact…»

Sur la sincérité des discours, Aboubacar Sylla juge, quant à la suite des événements: «la suite des événements peut se décliner en deux scénarii possibles :

- le premier scénario, c’est que la rencontre était l’expression d’une volonté politique réelle d’apaisement de la part du Président de la République, une intention du Président d’associer désormais les acteurs politiques à la conduite de la scénarisation de la transition et cette rencontre va permettre de faciliter la tâche à ce Comité de facilitation dont j’ai parlé, Comité de médiation qui est en place et dont ce serait une avancée très considérable;

- le deuxième scénario possible, c’est que ce serait pour distraire l’opinion, amuser la galerie et donner l’illusion à l’opinion nationale et à la communauté internationale, qu’il y a un dialogue qui est proposé par les autorités, alors que derrière, on met en place tous les jours des obstacles à l’évolution du processus électoral dans le sens du consens que nous souhaitons.

Nous espérons que c’est le premier scénario qui va être le vrai, que c’est le premier scénario qui va s’appliquer car nous avons tous intérêt dans ce pays qu’il y ait l’entente, à ce que la cohésion nationale se perpétue. A ce que l’économie de violence que nous avons réussi à faire pendant la présidentielle, que nous ne perdions pas à l’occasion des législatives.»

Par rapport au départ du leader de l’UPG, Jean Marie Doré de l’ADP, le porte-parole de l’Alliance, Aboubacar Sylla précise: «Jean Marie Doré a quitté l’ADP, l’UPG a quitté l’ADP parce qu’il me l’a dit de vive voix depuis le lundi, 7 novembre. Il m’a signifié son retrait de l’ADP ; mais, il m’a dit qu’il allait le formaliser par une lettre. Car l’ADP, ce n’est pas comme le Collectif [ndlr : des partis politiques pour la Finalisation de la Transition]. Ce n’est pas un regroupement de partis de façon informelle. L’ADP, c’est une alliance politique des partis autour d’un protocole d’entente qui a été signé et paraphé par tous les six (6) leaders politiques. Donc, pour sortir d’une alliance comme ça, il faut faire un courrier explicite le disant. J’ai attendu depuis le 7, je n’ai pas reçu de courrier.

Le lundi passé [ndlr : 14 novembre 2011], je l’ai rappelé pour dire que "vous m’avez promis un courrier dans les 24 heures, je ne l’ai pas reçu, vous me confirmer sur votre sortie de l’ADP ? "Il me dit qu’il me le confirme et m’enverrait un courrier lundi-même. A ce jour, je n’ai pas encore reçu de courrier. Mais, il m’a formellement dit que l’UPG se retire de l’ADP.»

Propos recueillis et transcrits par AfricaLog.com

 

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