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Capturé, Seif Kadhafi a demandé qu'on le tue

Nov 20, 2011

Seif al-Islam, dernier fils encore en cavale de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi dans le sud de la Libye par des combattants ex-rebelles, auxquels il a demandé qu'on le tue.

Peu après cette annonce, les appels à son jugement devant la CPI se sont multipliés sur le plan international, la CPI soulignant de son côté que les autorités libyennes avaient l'«obligation» de leur remettre le fugitif.

Longtemps présenté comme le successeur potentiel de son père, Seif al-Islam «a été arrêté dans le Sud libyen», a déclaré samedi Mohammed al-Allagui, le ministre de la Justice et des droits de l'Homme au sein du Conseil national de transition (CNT), sans préciser la date de sa capture.

Le chef «des opérations des thowar (révolutionnaires) de Zenten», Bachir Taïb, a précisé que ses hommes avaient «arrêté Seif al-Islam avec trois de ses collaborateurs dans la région d'Oubari».

Le fils de Mouammar Kadhafi est arrivé vers 16H00 (09h00 heure de Montréal) à l'aéroport de Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, selon des images filmées avec une caméra par un combattant ex-rebelle.

D'après ces images, il est descendu de l'avion dans une grande pagaille, une foule de combattants et de curieux se bousculant pour le voir, le filmer et même le frapper. Arborant une barbe poivre et sel, il portait un turban et un long manteau marrons, une partie de ses doigts était bandée.

Aucune expression n'était lisible sur son visage, mais il semblait en bonne santé, malgré sa blessure aux doigts, toujours selon ces images.

Selon des chefs militaires pro-CNT il y a un mois, Seif al-Islam a été blessé dans le bombardement de son convoi alors qu'il quittait Bani Walid (170 au sud-est de Tripoli) lors de la chute de ce bastion pro-Kadhafi à la mi-octobre.

De «réformateur» à tyran

Agé de 39 ans, Seif al-Islam a longtemps semblé vouloir moderniser son pays et normaliser les relations avec l'Occident. Mais dès le déclenchement de l'insurrection à la mi-février, il n'a eu de cesse de tenir un langage guerrier, tentant bec et ongles de sauver le régime de son père.

Depuis le 27 juin, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI sur des soupçons de de crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir joué un «rôle-clé dans la mise en oeuvre d'un plan» conçu par son père pour «réprimer par tous les moyens» le soulèvement populaire.

Bachir Taïb a indiqué qu'il revenait au CNT, issu de l'ancienne rébellion et désormais en charge du pays, de décider si Seif al-Islam serait remis à la CPI.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé les autorités libyennes à coopérer pleinement avec cette institution, souhaitant que «Seif al-Islam soit traduit en justice dans le respect des principes d'un procès en règle».

Les autorités libyennes ont l'obligation de remettre Seif Al-Islam à la Cour, a déclaré de son côté à l'AFP un porte-parole de la CPI, sans exclure la possibilité que le procès ait lieu en Libye.

«Si les autorités libyennes estiment qu'un procès au niveau national est une meilleure solution, elles devront alors demander à la CPI que l'affaire ne soit pas recevable à La Haye, selon le principe de complémentarité», a déclaré Fadi El-Abdallah.

Amnesty International a appelé également le CNT à livrer Seif al-Islam à la CPI «afin qu'il soit jugé pour ses crimes présumés dans un procès équitable», et éviter ainsi «ce qui est arrivé à Mouammar et Mouatassim Kadhafi (tués après avoir été capturés vivants)».

Le conflit en Libye s'est achevé le 23 octobre avec la proclamation par le CNT de la «libération totale» du pays, trois jours après la mort de Mouammar Kadhafi, tué après sa capture à Syrte par des combattants du CNT.

Un mandat d'arrêt de la CPI visait également l'ex-dirigeant, ainsi que son beau-frère Abdallah Al-Senoussi, ancien chef des services de renseignements. Des sources sécuritaires nigérienne et malienne ont affirmé que M. Senoussi s'était réfugié fin octobre au Mali.

Mais le «Conseil des thowar» de Tripoli, présidé par Abdallah Naker, originaire de Zenten, a affirmé en citant des témoins que M. Senoussi avait été vu dans la région d'al-Guirah, dans le sud libyen.

La rue libyenne célèbre

À Tripoli et Benghazi, l'ancienne «capitale» de la rébellion dans l'Est du pays, des klaxons et des tirs de joie ont retenti pour célébrer l'annonce de l'arrestation.

Seif al-Islam n'était plus apparu en public depuis la nuit du 22 au 23 août lorsque, donné pour capturé par la rébellion, il avait paradé devant les journalistes étrangers en assurant que tout allait «bien» à Tripoli, quelques heures avant la chute du QG de Kadhafi dans la capitale.

Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait plusieurs fois déclaré au cours des dernières semaines avoir eu des «contacts» avec Seif Al-Islam via des intermédiaires en vue d'une éventuelle reddition.

Seif al-Islam était le dernier des fils de Mouammar Kadhafi encore recherché en Libye. Trois de ses frères ont été tués pendant le conflit, tandis que les autres enfants de l'ex-dirigeant ont trouvé refuge dans des pays voisins, en Algérie et au Niger. – AfricaLog avec AFP

 

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