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Des menaces tous azimuts au procès du gouverneur de Conakry

Nov 29, 2011

Le procès du gouverneur de Conakry, Cdt Sékou Resco Camara, Colonel Amadou Bangoura, Directeur de la sûreté urbaine de Conakry et de M. Soviguilavogui, Directeur régional de la Police de Conakry a repris ce 28 novembre au Tribunal de Première instance de Kaloum.

Les prévenus sont poursuivis pour usurpation de titre et de fonction, menaces, injures publiques, violences et voies et fait, diffamation, dénonciation calomnieuse et complicité. L’audience s’est poursuivie avec la comparution à la barre de Me Foromo Frédéric Loua, président de l’ONG, MDT «Mêmes Droits pour Tous» et son coordonateur M. Tosta Moncho, qui est béninois de nationalité, mais membre fondateur de MDT en 2006. Cette fois, l’ambiance a été moins spectaculaire que celle de la semaine dernière. Les agents de police sont restés moins contestataires dans la salle mais ont souvent joué le rôle de la police d’audience à la place de la présidente du tribunal, Mme Kadiatou Traoré.

Le mercredi 23 novembre, ils avaient interrompu le procès, chaque fois qu’ils sentaient que leurs chefs étaient coincés. Des sachets d’eaux, des biscuits, des carottes, étaient vendus dans la salle d’audience, comme au marché.

Ce lundi donc, Me Foromo et M. Moncho sont revenus sur les circonstances qui ont conduit à la colère du Barreau de Guinée contre le Gouverneur de Conakry et ses deux «complices», suite à ce qu’ils appellent immixtion du Cdt Resco Camara dans les affaires judiciaires. Me Foromo a affirmé que «MDT n’est pas une juridiction de jugement. Nous n’avons ni la qualité ni la compétence pour libérer des criminels», c’est-à-dire, l’ONG ne libère pas les prévenus ou condamnés détenus dans les prisons, mais elle fait la promotion des droits humains en Guinée.

MDT assiste les citoyens en conflit avec la loi. Pour exemple, Me Foromo a déclaré que lui-même, a porté la robe pour défendre des citoyens indigents trimbalés devant les cours et tribunaux pour le respect du droit, tout prévenu doit bénéficier de l’assistance d’un avocat pour sa défense. Selon lui, MDT s’est souvent constitué avec l’ONG «Avocat Sans Frontière» pour assister, sans être rémunéré, à des prévenus. Il estime que cela redore l’image de l’Etat guinéen en matière de justice.

Le Président de MDT a réitéré que son militantisme à travers l’ONG est compatible avec la profession d’avocat dont la mission première est de faire la promotion du droit. Ce qui l’aurait motivé, en tant que président de MDT, de mener des démarches légales pour obtenir la libération de M. Mamadou Billo Barry et Facély Fofana qui sont détenus sans jugement depuis 10 ans pour le premier et 6 ans pour le second. Selon lui, la loi précise un délai raisonnable qui se situerait entre quatre et six mois pour que le citoyen en conflit avec la loi soit amené à comparaître pour quelque délit ou crime qu’il aurait commis. Mais lorsque le mandat de dépôt n’est pas renouvelé dans ce délai prescrit, «nous tombons dans l’illégalité».

La défense, au lieu du terme illégalité, a utilisé plutôt le terme «arbitraire».

Me Foromo a indiqué que dans le cadre de ses activités, MDT a signé des accords de partenariat avec le Ministère de la justice, la Maison centrale de Conakry, les hôpitaux de Donka et D’Ignace Denn, entre autres.

La défense a beau insister que la profession d’avocat de Me Foromo est incompatible avec ses fonctions de présidents de MDT, Me Foromo est resté formel : «MDT est une structure de défense des droits humains au sein de laquelle je peux exercer ma fonction d’avocat. L’avocat a droit de défendre quelqu’un dès lors qu’il sent que le droit est violé,» a-t-il martelé. Mais la défense a répliqué: «n’est compatible avec la profession d’avocat que l’enseignement du droit et l’exercice de la profession du journalisme».

De réplique en réplique, Mme Kadiatou Traoré, la juge, a décidé de suspendre l’audience et de la renvoyer au mercredi 30 novembre, à 10 heures.

Ce jour-là, dit-elle, se feront le réquisitoire, les plaidoiries et la décision du Tribunal. Mme Traoré a prié le gouverneur d’être au TPI de Kaloum à l’heure convenue, «pour qu’on en finisse très tôt avec le dossier».

Les inconditionnels du gouverneur Sékou Resco Camara, dont des agents en civil, ont menacé les avocats de la partie civile après son renvoi.

Dans la cour du TPI de Kaloum, ils ont menacé de garer leurs pick-up de patrouille pour laisser place à «MDT pour faire la patrouille en vue de rechercher les malfrats» qui sèment la terreur à Conakry. Ils estiment qu’ils risquent leur vie «pour des ingrats.»

Les avocats de la partie civile avaient déclaré à la présidente du Tribunal à la dernière audience de ce procès qu’ils étaient menacés. Le Tribunal s’était engagé à assurer leur sécurité. Ils en avaient pris acte avec réserves. Certains avocats sont restés cachés dans la Cour du tribunal, jusqu’à ce que ces fans du gouverneur désertent le tribunal. Dossier à suivre donc!

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