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Vers un bras de fer Pouvoir-Opposition guinéenne

Dec 09, 2011

Ce jeudi, dans l’après-midi, le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et l’ADP (Alliance pour la démocratie et le progrès) ont tenu une conférence de presse à Conakry. Pour le Collectif, ce sont: Cellou Dalein Diallo, de l’UFDG, Sidya Touré, de l’UFR, Mouctar Diallo, des NFD, Fodé Mohamed Soumah de la Géci. Pour l’ADP: ce sont Aboubacar Sylla de l’UFC, Zalikatou Diallo, secrétaire nationale du PEDN, Charles Pascal Tolno, du PPG. Ils ont décidé d’organiser des «meetings géants et des caravanes de la démocratie» à Conakry et à travers la Guinée. Alors que le pouvoir a restreint la liberté de manifestation publique dans le pays. Toutefois, l’opposition déclare qu’elle a des «inquiétudes quand cette situation de blocage perdure».

Le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, Cellou Dalein Diallo a lui indiqué: «Depuis le 15 novembre, beaucoup de Guinéens pensent que tous les obstacles à la tenue d’un dialogue constructif sont levés, alors que nous constatons qu’en dehors de cette rencontre spectacle, il n’y a eu aucune initiative sérieuse entreprise pour que le dialogue politique s’ouvre, afin que nous nous mettions d’accord sur la manière d’aller à ces élections législatives et donc finaliser la transition.»

Quoique le ministre de l’Administration du territoire, Alhassane condé a rendu visite à certains états-majors des partis de l’opposition dont l’UFDG et l’UFR pour discuter des préalables aux législatives. Mais selon Cellou Dalein, il y a une incompréhension entre le pouvoir et l’opposition du fait «d’un manque de communication ». Ils se sont dits favorable au dialogue pour aller à des élections législatives. Cellou Dalein a dénoncé les activités que mènent la CENI (Commission nationale électorale indépendante) alors qu’à l’issue de la rencontre que la classe politique a eu avec le Président Alpha Condé le 15 novembre 2011, l’ADP et le Collectif avaient demandé l’arrêt de toutes les activités que cette CENI est en train de réaliser sur le terrain, parce qu’ils n’ont pas été associés. En dépit de la déclaration du 18 juillet du président Alpha Condé pour l’ouverture d’un dialogue en vue de la révision de la CENI. ADP et Collectif affirment leur souci d’avoir un consensus et la transparence autour de l’organisation des préparatifs des législatives.

Sidya Touré, le président de l’Union des forces républicaines pense que le pouvoir actuel doit rendre des comptes au peuple, après un an de gestion du pouvoir par Alpha Condé. Il soutient : «En un an, on aurait dû finir avec les élections. En un an, on aurait dû poser les jalons de la société nouvelle à laquelle nous avons tous aspiré et qui a amené à mener toutes ces luttes. En six mois, on aurait pu finir avec les élections.»

Sidya Touré a déclaré qu’à l’heure actuelle aucun leader de parti ne peut dire quand se tiendront les élections législatives en Guinée. Même qu’il est «stressant pour les Guinéens de savoir qu’on est nulle part.»

Pour Sidya Touré, cela pourrait conduire à une «tension sociale que personne ne souhaite, à un blocage de la Guinée que personne ne veut. Or le rêve des Guinéens il y a un an, était de se débarrasser des militaires pour avoir un régime civil et renouer à une nouvelle société qui leur permettrait de travailler. Personne ne peut dire aujourd’hui pourquoi ça ne va pas en Guinée. On ne peut plus manger à sa faim… Quel intérêt le gouvernement a à ne pas tenir les élections? Je n’en vois pas.»

Avec un ton ferme, Sidya Touré a également déclaré que le Gouvernement guinéen n’a «aucune raison de stopper les activités politiques, d’empêcher le déplacement des leaders, de donner une réputation d’un Etat autocratique à notre pays, de faire en sorte que notre pays ne puisse pas avoir accès aux financements.»

Sidya Touré pense que «malheureusement pour eux, plus le temps passe, plus il ne sera pas possible de traficoter ces élections. Aucun gouvernement démocratique ne gagne des élections à mis mandant. Si les gens étaient malins, ils auraient du faire ces élections trois ou quatre mois après la présidentielle, il y avait des chocs. Mais on a vu qu’en un an, il n’y a rien, pourquoi est-ce qu’on va voter pour eux. Donnez-moi une seule raison pour laquelle un Guinéen va voter pour l’arc-en-ciel? Il n’y en a pas…»

Sidya Touré lance un appel au gouvernement pour l’organisation des élections. Puisque les hommes qu’ils sont ont assumé d’être opposants et ils vont continuer à assumer leurs responsabilités d’opposants et agir dans ce sens. Il faut aller à des élections consensuelles, a-t-il souhaité avant de fustiger, comme son prédécesseur, les actions que mènent actuellement la CENI sur le terrain. Il a dénoncé le comportement des préfets, sous-préfets et gouverneurs qui menacent les cadres de leurs zones de mutation ou de remplacement s’ils ne s’alliaient pas au RPG qui a porté Alpha Condé au pouvoir.

Aboubacar Sylla, le président de l’Union des forces du changement a démenti les propos selon lesquels l’opposition guinéenne n’est pas prête au dialogue avec le pouvoir. «L’opposition guinéenne, contrairement à ce qui se dit, est viscéralement attachée au dialogue. Nous ne sommes pas une opposition de violence», a-t-il martelé avant de rappeler que les leaders politiques de l’opposition ont été les premiers à «interpeller les autorités actuelles pour leur demander d’accepter de se retrouver au tour de la même table, engager un dialogue pour que le consensus qui a prévalu pendant l’élection présidentielle continu de manière à ce que les élections législatives fassent l’objet du même consensus pour que les résultats ne soient pas contestés par les uns et les autres…»

Mais l’opposition tient à ce que ces revendications soient prises en compte, car ce qui est en jeu aujourd’hui, «ce n’est pas des sièges de députés à l’Assemblée nationale, mais c’est l’avenir politique économique et sociale de notre pays. Les guinéens plus que les autres peuples du monde ont le droit et même l’obligation de payer à ce qu’un autre pouvoir autocratique, à ce qu’un autre président omnipotent n’émerge du processus électoral en cours dans notre pays. Nous avons plus que les autres peuples du monde eu à regretter les 50 ans de gouvernance passée mais qui n’ont pas permis à notre démocratie de s’épanouir. Si nous prenons des revendications, si nous nous battons, c’est parce que nous voulons que le future Assemblée soit une assemblée qui soit le reflet effectif de la volonté populaire, qui reflète les suffrages réellement exprimés par les Guinéens, que ce soit une assemblée qui ne soit pas une caisse de résonnance car on n’en a connu dans le passé…» Il a balayé d’un revers de la main les «campagnes médiatiques du pouvoir» qui font croire à l’opinion que l’opposition refuse d’aller au dialogue.

C’est pourquoi, le leader de l’UFC a déclaré au nom de ses pairs de l’opposition, que celle-ci va continuer à «évoluer dans les manifestations pour amener le pouvoir à tenir compte de notre revendication.» Selon lui, l’opposition, tout en restant éminemment républicaine, a décidé de «sortir du cadre des conférences de presse, de déclarations pour aller vers des meetings géants que nous allons organiser, pour aller également vers une caravane de la démocratie qui va sillonner toutes les quatre régions naturelles du pays et qui va informer les populations sur la réalité de la situation politique, économique actuelles, sur les raisons de l’impasse politique dans laquelle nous vivons aujourd’hui et aussi les sensibiliser autour des enjeux réels des élections, autour des enjeux des combats que nous menons aujourd’hui...»

L’opposition refuse les arguments économiques avancés par le pouvoir pour justifier son laxisme à organiser les élections. «Nous sommes dans une situation d’instabilité politique totale. Si pour une raison ou une autre, une vacance du pouvoir est annoncée en Guinée, suite à une incapacité du Président à diriger ou s’il démissionnait, on retomberait à la situation dans laquelle le pays s’est retrouvé en 2008, parce que nous n’avons pas d’assemblée nationale,» a souligné le Président de l’UFC. Avant d’insister sur l’union de l’opposition pour pouvoir infléchir le pouvoir afin d’organiser des élections législatives «apaisées mais surtout dans les meilleures conditions de délai et de transparence.»

Pour Mouctar Diallo, la Guinée est gouvernée aujourd’hui par des incompétents. Le jeune leader a affirmé qu’un pouvoir «n’a pas besoin de délai pour respecter la loi», ou une année pour poser des actes allant dans le sens d’améliorer le quotidien de la population.

Plusieurs observateurs perçoivent cette sortie de l’opposition comme le début d’un bras de fer à l’issue incertaine, entre l’opposition qui veut vaille que vaille en finir avec la transition et le pouvoir qui traîne encore les pas quant à l’ouverture d’un dialogue politique avec celle-ci.

Plusieurs signes de la tension sociale en Guinée ont été indiqués auparavant. Rappelons que les puissances occidentales, notamment les Etats-Unis d’Amérique avaient récemment mis en garde leurs citoyens de se rendre en Guinée à cause des risques liés à la préparation des élections législatives qui devaient être organisées avant la fin d’année.

La date du 29 décembre entériné par le gouvernement sous proposition de la CENI n’est plus à l’ordre du jour, il y a des rasions à craindre d’autant que les manifestations de rue en Guinée ont été souvent synonymes à des violations graves des droits humains, des meurtres qui sont encore impunis.

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