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Relance du dialogue politique: L’opposition a décelé des ratés

Dec 28, 2011

La salle des Actes du Palais du peuple de Conakry a abrité la cérémonie de relance du dialogue politique ce 27 décembre. Cette relance devrait s’achever sur un consensus entre la mouvance présidentielle et l’opposition au tour des points qui bloquent la finalisation de la Transition, qui n’a que trop duré selon l’opposition guinéenne. La cérémonie d’ouverture a été placée à la présidence du Comité de facilitation du dialogue politique.

Mais la convocation pour cette rencontre a été lancée par Alhassane Condé, ministre l’Administration du territoire et des Affaires politiques (MATD) dans un communiqué radiodiffusé lu le 23 décembre sur les antennes des médias d’Etat. Un autre aura été diffusé le 26 décembre invitant à la même rencontre, la mouvance présidentielle, les présidents des institutions républicaines, le président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) et les membres du Comité de facilitation du dialogue.

Les leaders des partis réunis au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et de l’ADP (alliance pour la démocratie et le progrès) étaient également attendus à la rencontre. Tous se sont fait représenter par M. Faya Millimono, de la NGR (Nouvelle génération pour la République). Mais on notait également la présence des partis politiques de la mouvance présidentielle ainsi que celle d’autres alliances, dont le FDP (Front d’union pour la démocratie et le progrès) de M. Mamadou Baadikko Bah. Il y avait aussi les partis politiques qui se disent du Centre, comme le PNR (Parti national pour le renouveau) de M. Boubacar Barry. Le PUP était représenté par son président, M. Moussa Solano. L’UGDD (Union guinéenne pour la démocratie et le développement) se réclame de l’opposition mais véhicule l’idéologie du Capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement). Ce parti était représenté par un jeune qui se nomme Kéamo Bogola Haba.

Mgr Albert David Guillaume Gomez, président du Comité des facilitateurs du dialogue, a priori, a précisé que «la rencontre de ce jour s’inscrit dans le cadre du dialogue politique inclusif dont les contours et l’architecture ont été définis le 26 septembre 2011 sous la présidence de M. le Premier ministre. Ce dialogue ne débute toutefois qu’aujourd’hui, 27 décembre 2011, trois mois après, pour des rasions sur les quelles il y a lieu de ne pas revenir. Disons simplement qu’il y a un temps pour tout. Ce dialogue politique que les Guinéens et les Guinéennes espèrent et appellent de tout leurs vœux, parce que conscients que la sortie de la crise est à ce prix et que la fin de la transition initialement prévue, selon les accords de Ouagadougou du 15 janvier 2010, six mois après la promulgation de la Constitution ne se peut qu’à travers des décisions consensuelles et une opportunité à ne pas manquer que chaque Guinéen et chaque Guinéenne doit s’efforcer de transformer en réalité... Parce que le dialogue se veut inclusif. Le dialogue politique est la démarche qui consiste à ouvrir un espace et un cadre de concertation, pour d’une part identifier les problèmes et leurs causes, et d’autre part trouver ensemble des solutions communes qui engagent toutes les composantes de la Nation guinéenne…» Et d’indiquer que le «présent dialogue a pour but d’arriver à des décisions consensuelles pouvant mener à l’organisation, à brève échéance, d’élections législatives libres, transparentes, crédibles, paisibles et acceptées par tous.»

Le religieux a également indiqué aux participants que la présente rencontre ne «peut se réduire ni à un débat, ni à un affrontement ou un duel à mort entre gouvernement et partis politiques d’une part ou entre partis politiques simplement...»

La rencontre devrait au contraire refléter «la caractéristique et les vertus antiques de la palabre africaine qui est l’art de convier à s’asseoir dans la même case, sur la même natte, tous les responsables sans exclusion aucune, d’une communauté pour trouver un consensus au-delà de toutes les oppositions idéologiques et ou doctrinales en vue de préserver le bien commun, la vie commune, la solidarité commune et les valeurs communes dans lesquelles chaque individu trouve son épanouissement et dont la finalité est de déboucher sur le développement économique et social de la nation…» Et de promettre la neutralité du Conseil national de la Transition, pour autant qu’il sera opérationnel. Pour conclure, il a formulé le vœu que ce dialogue relancé puisse restaurer le tissu social et renforcer l’unité nationale.

Le ministre Alhassane Condé qui a ouvert la rencontre a rappelé la rencontre que le Président Alpha Condé a eue avec la classe politique guinéenne, le 15 novembre dernier. Au cours de ladite rencontre, le président de la République avait invité les partis politiques à «la reprise et à la poursuite du dialogue inclusif» pour l’organisation des législatives. Elle a été suivie par la mise en place, rappelle le ministre, d’un cadre de concertation et de dialogue inclusif, présidé par Mgr Gomez. Depuis, souligne M. Condé, son département a multiplié les contacts avec la classe politique, le Conseil national de la transition, le CNOSCG (Conseil national des organisations de la société civile guinéennes), la commission électorale nationale indépendante. «L’aboutissement de toutes ces démarches comble les attentes du peuple de Guinée et l’organisation dans les meilleurs délais des élections législatives transparentes et crédibles dans un climat apaisé, constitue un défi et un atout majeur pour la finalisation de la transition», a dit le ministre. Lequel rassure que son département sera « à l’écoute positive de tous », pour aboutir à la démocratie et à l’Etat de droit. Il espère que le cadre de dialogue qui vient d’être ouvert, mettra fin aux «multiples tergiversations » qui entraveraient la démarche du gouvernement vers « une Guinée prospère, réconciliée et unie».

M. Faya Millimono a déclaré qu’il a été mandaté par le Collectif et l’Alliance ADP à venir livrer leur point de vue, suite au communiqué du MATD qui convie «l’ensemble des acteurs concernés à un dialogue inclusif» ce 27 décembre. Il estime qu’il y a des ratés. En marge de la rencontre, M. Millimono estime qu’il n’y a aucun problème entre le pouvoir et les autres entités invités à la rencontre, mais entre la mouvance et l’opposition. Selon lui, il y a cacophonie. Or, martèle-t-il, un dialogue sérieux ne peut se faire dans un tel cadre «folklorique.» Dans la déclaration commune du Collectif et de l’ADP, Faya Millimono, a lu que les deux forces politiques tiennent à «rappeler que le MATD étant une des deux parties au dialogue, c’est au Comité consensuel de médiation susmentionné que revient désormais la tâche de convoquer les rencontres et d’assurer leur modération». C’est pour quoi, a-t-il poursuivi, l’ADP et le Collectif invitent le Comité de médiation à procéder «rapidement à des consultations en vue de définir le cadre du dialogue et de convoquer les parties concernées.» Les deux forces politiques ont réaffirmé leur engagement au dialogue et à la concertation mais également de poursuivre leur combat « jusqu’à la satisfaction de leurs légitimes revendications qui ne visent qu’à faire de la Guinée un Etat démocratique et un pays respectueux des droits de l’homme.» Le Collectif et l’ADP décident de «suspendre temporairement l’organisation du meeting d’information prévu à Conakry et de la caravane pour la démocratie et l’Etat de droit prévue à l’intérieur du pays, pour donner au dialogue politique tant souhaité toutes ses chances de succès». Du fait qu’ils ont «pris acte de la satisfaction de leurs préalables au dialogue et affirmé leur disponibilité à y participer désormais».

Ces préalables sont liés à la libération des détenus suite à la manifestation du 27 septembre dernier et de la suspension de toutes les activités de la CENI à Conakry ainsi qu’à l’intérieur du pays.

M. Baadiko a lui, indiqué qu’on doit parler de l’opposition plurielle. Il pense que «le blocage actuel ne va pas profiter» à ceux-là qui refusent de parler de l’opposition plurielle. Et d’affirmer que les acquis démocratiques sont extrêmement fragiles. C’est pourquoi, il en a appelé à «la nécessité d’arriver à une situation consensuelle et de ne pas être dans une situation d’éternelle front de refus».

M. Sanou Cissé, le Secrétaire général du RPG (Rassemblement pour le peuple de Guinée) a salué le «dialogue inclusif». Mais ils pensent que certains partis ne doivent pas le réclamer et exclure d’autres partis. Il estime que la configuration devrait être de la façon suivante : mouvance présidentielle, opposition et Centristes.

Mais la rencontre de ce 27 décembre s’est achevée par un renvoi. En effet, face aux multiples désaccords perçus çà et là, Mgr Gomez qui présidait le cadre du dialogue a prié les différentes parties à se constituer en des groupes par affinité de la structure suivante : mouvance, opposition, Centristes et autres partis. Ce qui a été du goût des participants. Ils doivent reprendre le dialogue le jeudi, 29 décembre 2011.

Bien des observateurs croient que le dialogue amorcé risque de perdurer si les uns et les autres n’acceptent pas de lâcher du lest. Au grand dam de la population qui souhaite en finir avec la transition qui «n’a que trop duré». L’on se rappelle que dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de l’an Un de son investiture, Alpha Condé a promis d’organiser des élections législatives dans «un bref délai».

Rappelons également que cette rencontre de ce mardi 27 décembre 2011, fait suite à un tête-à-tête qui a eu lieu le 24 décembre, entre le Président de la République, Alpha Condé et le Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Cellou Dalein Diallo. Et selon des informations du site officiel de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo a demandé au Président Alpha Condé «d’organiser des législatives libres, crédibles, transparentes et acceptées par tous ainsi que d’œuvrer au respect des droits de l’homme». La même source indique que M. Alpha Condé a promis d’organiser des «élections législatives irréprochables dans un bref délai.» Qui vivra verra, comme le dit l’adage!

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