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Paul Biya en France : Une visite houleuse aux couleurs de biens mal acquis

Jul 22, 2009

Arrivé dans la capitale française en début de soirée, mardi, le président du Cameroun, Paul Biya, devra attendre vendredi pour être reçu par son homologue français, Nicolas Sarkozy. Signe, pour nombre d'observateurs, que les relations entre la France et ce pays d'Afrique centrale sont en voie de banalisation.

Avant d’être reçu à l’Elysée, le chef de l’Etat camerounais doit se rendre à Bordeaux pour rencontrer l’ancien Premier ministre et actuel maire de la ville, Alain Juppé. Retour ensuite à Paris, où Paul Biya doit dîner avec le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avant de s’entretenir avec Nicolas Sarkozy, au dernier jour de sa visite.

"Ce n’est pas une visite d’Etat traditionnelle. Elle est chargée de passion négative et de perspectives douloureuses", observe le Camerounais Jean-Claude Shanda Tonme, directeur du Centre africain de politique internationale et auteur de "Réflexions sur les crises de la société camerounaise". Selon lui, les rapports entre les deux hommes sont "nuls".

Pour Antoine Glaser, rédacteur en chef de "La Lettre du continent", le programme de la visite du "sphinx", surnom qu’il doit à son goût du secret, reflète surtout la fin de relations franco-camerounaises que d'aucuns jugeaient privilégiées.

"Cette invitation ressemble surtout à une compensation car, l’année dernière, Sarkozy avait promis de venir au Cameroun en 2009, seul pays de la zone Franc où il n’avait pas mis les pieds", explique le journaliste. Un diplomate proche du dossier confirme ces propos, sous couvert d’anonymat : "Pour des raisons d’agenda, Nicolas Sarkozy ne pouvait pas se rendre à Yaoundé. Mais pour signifier son amitié envers le Cameroun, il y a envoyé, fin mai, son Premier ministre, François Fillon, et a invité Paul Biya en France".

Une visite qui s’annonce houleuse

Nicolas Sarkozy n’accordera donc qu’un entretien et un déjeuner à son homologue camerounais. Ce dernier est en revanche attendu de pied ferme par les membres de la diaspora, qui entendent bien lui demander des comptes sur ses supposés biens mal acquis révélés par le dernier rapport publié fin juin par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire).

"La société civile camerounaise à l’étranger entend aussi signifier à Biya qu’il est temps qu’il se prépare à quitter la vie politique", affirme le journaliste guinéen Lanciné Camara, président de l’Union internationale des journalistes africains et directeur de publication du magazine "Le Devoir africain".

Au pouvoir depuis 27 ans, l'"homme-lion" dirige son pays d’une main de fer. Et s’est donné les moyens de conserver son fauteuil présidentiel. En avril 2008, l’homme fort de Yaoundé a fait modifier la Constitution, afin de pouvoir briguer un nouveau mandat en 2011.

Outre les manifestations de l’opposition camerounaise, l'affaire du meurtre de Laurence Vergne, biologiste française de 31 ans abattue d'un coup de fusil à Yaoundé, en janvier 2007, devrait également assombrir la visite de Paul Biya.

Lors d'une visite officielle à Paris en octobre 2007, le chef de l’Etat camerounais avait assuré à la famille de la victime qu’il se portait "personnellement garant" de l'action de la justice. Pourtant, deux ans et demi après les faits, les circonstances de la mort de la jeune femme n’ont toujours pas été élucidées.

Une autre affaire, celle du Franco-Camerounais Thierry Michel Atangana Abega, détenu à Yaoundé depuis 12 ans pour détournement d'argent public, attend également Paul Biya à Paris. C’est en tout cas ce qu’espère Me Rémi Barousse, son avocat, qui voudrait que la justice française demande le transfèrement de son client. – France 24

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