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Ville morte en Guinée: Un mouvement partiellement suivi

Feb 13, 2012

«Je me réjouis de constater d’abord que le mot d’ordre a été largement respecté aussi qu’à Conakry qu’à l’intérieur du pays», dixit Cellou Dalein Diallo. Les citoyens ont «préféré vaquer à leurs affaires quotidiennes», rétorque le gouvernement.

L’appel du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition et de l’ADP (Alliance pour la démocratie et le progrès) à faire de ce lundi 13 février, une journée de ville morte a été partiellement suivie à Conakry, largement suivie à Coyah (à 50 km de Conakry), Labé (plus de 400 km de Conakry, fief de Cellou Dalein Diallo), a appris AfricaLog.com de sources concordantes.

Dans la capitale guinéenne, sur l’axe Leprince au niveau des ronds-points Hamdallaye-Bambéto-Coza-Enco 5 (autres fiefs de Cellou Dalein Diallo), la circulation a été largement paralysée dès 8h jusqu’au moment où nous avons quitté ces lieux aux environs de midi pour prendre l’autoroute Fidel Castro où la circulation est restée fluide.

Dans la commune de Kaloum, base de l’administration publique et des grandes affaires, la circulation routière est restée dense mais aucun embouteillage monstre n’a été observé comme c’est le cas ces derniers temps. Avant d’y entrer, un léger embouteillage dû au chantier de la reconstruction du Pont 8 novembre, prend le temps des fonctionnaires qui ont répondu présent ce matin dans leurs bureaux respectifs.

Le Grand marché de Madina, le plus grand du pays, situé dans la commune de Matam, est resté quasiment fermé. Commerçants, étalagistes et marchands ambulants ont, pour la plupart, préféré rester à domicile. Ceux qui s’y sont rendus ont estimé craindre pour la sécurité de leurs biens. Arguant qu’ils préfèrent veiller pendant la journée devant leurs boutiques, magasins, kiosques, que de risquer les actes de vandalisme orchestrés par des loubards, habitués des faits dans de pareilles situations de crise.

Des écoles sont restées fermées dans la commune de Ratoma pendant que d’autres ont accueilli leurs élèves comme si de rien n’était.

A la gare routière de Bambéto, (commune de Ratoma) les véhicules à destination pour l’arrière pays, avaient renoncé à bouger dans la matinée, préférant attendre le soir ou reporter leur départ à demain. Par contre selon une source non officielle, à la Gare routière de Matam, des véhicules s’apprêtaient à faire le plein pour l’arrière pays.

Des citoyens ont diversement apprécié l’appel à la journée ville morte. Ceux qui sont contre ont estimé que les leaders politiques de l’opposition ne devaient pas en ajouter au quotidien déjà difficile pour le Guinéen moyen, qui vit au jour le jour. Par contre, d’autres pensent que l’opposition doit montrer au pouvoir d’Alpha Condé qu’elle est une autre force du pays.

Trois étudiants, trouvés au tour d’un thé dans le quartier Dar-es-Salam (Ratoma), au moment où nous écrivions ces lignes. L’un a rappelé l’adage: «Quand tu denses avec un aveugle, il faut souvent le piétiner pour qu’il sente qu’il n’est pas seul sur la piste.»

Ces jeunes gens estiment que l’opposition est dans tous ses droits de réclamer les droits pour leurs militants et sympathisants, notamment la sécurité des personnes, l’arrêt des arrestations arbitraires, l’arrêt des intimidations lancées contre les responsables politiques des partis de l’opposition.

Le Gouvernement, par la voix de son porte-parole, Dirus Dialé Doré, le ministre de la communication a minimisé l’évènement. Dirus Dialé Doré a soutenu sur une radio privée de la place, que l’appel de l’ADP et du Collectif n’est qu’un «tract» qui est tombé dans des oreilles responsables qui ont préféré vaquer à leurs affaires quotidiennes.

Pour Cellou Dalein Diallo, le président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), le principal opposant d’Alpha Condé, la journée de ce lundi 13 février est un succès. Selon lui, le mot d’ordre du Collectif auquel son parti est membre et de l’ADP, a été largement suivi par les populations.

Rencontré à son domicile de Dixinn, Cellou Dalein Diallo a déclaré : «Je me réjouis de constater d’abord que le mot d’ordre a été largement respecté aussi qu’à Conakry qu’à l’intérieur du pays. J’ai eu les nouvelles de Labé, de Pita, de Mamou de Guékédou, de Kankan, de N’Zérékoré, de Fria et de Boké. Les gens ont suivi le mot d’ordre. Je voudrais d’ailleurs féliciter les militants et les sympathisants de nos partis, mais également tous les citoyens Guinéens, qui ont soif de liberté et de justice, qui ont accepté de s’associer à nous pour marquer notre ras-le-bol face à la violation répétée des droits de l’Homme et des libertés fondamentales par le pouvoir.

J’ai aussi noté que les forces de l’ordre ont fait preuve de beaucoup d’esprit républicain. Puis qu’il n’y a pas eu de violence. Les jeunes n’ont pas provoqué, les forces de l’ordre également. Cela signifie que si les forces de l’ordre ne reçoivent pas du pouvoir des instructions pour mater, elles s’abstiennent. Il faut s’en féliciter, se réjouir. Il n’y a pas eu de violence. Les gens ont librement décidé de rester chez eux et de ne pas sortir.

Nous voulons exprimer notre ras-le-bol et attirer l’attention des Guinéens et de l’opinion internationale sur ce qui se passe en Guinée. Nous avons tout fait pour que la justice accepte la plainte de la famille de Zakaria qui a été tué par les forces de l’ordre. M. Alpha Condé a donné des instructions à sa justice de ne pas prendre la plainte. Les huissiers ont constaté que la justice ne veut pas prendre la plainte. Nous déplorons non seulement le fait que le gouvernement donne des instructions aux forces de l’ordre de tuer et qu’il ne s’indigne pas quand on a ôté la vie d’un guinéen. L’UFDG a enterré 7 de ses militants depuis que M. Alpha Condé est au pouvoir, des militants tués par les forces de l’ordre sous ses instructions. On n’a jamais entendu le gouvernement s’indigner de la mort de ces citoyens, nous n’avons jamais entendu le gouvernement ouvrir des enquêtes pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables. C’est en cela qu’il faut attirer l’attention du monde entier sur ce qui se passe en Guinée…»

De sources proches de Lansana Kouyaté, président du PEDN (Parti de l’espoir pour le développement national), le mot d’ordre a été suivi en Haute-Guinée, notamment à Kankan, où il se dispute le fief avec le RPG qui a porté Alpha Condé au pouvoir, à travers l’Alliance Arc-en-ciel. Des véhicules qui devaient quitter N’Zérékoré hier pour rallier la capitale guinéenne ont préféré attendre demain pour bouger de la région forestière à destination de Conakry, nous a rapporté une source indépendante. Or dans sa déclaration d’hier, la veille de la ville morte, le Gouverneur de Conakry, commandant Sékou Resco Camara, a indiqué que l’Union nationale des transporteurs avaient appelé les transporteurs de ne pas suivre l’appel du Collectif et de l’ADP à faire de ce 13 février une journée de ville morte.

Malgré le fort déploiement des services de sécurité au niveau des ronds-points de la banlieue de Conakry sur la route Leprince, il n’y a pas eu d’incidents majeurs qui ont été, du moins signalés.

Une première à Conakry, une journée de protestation qui n’enregistre pas de cas de violations majeures des droits humains.

Au moment où nous mettions en ligne, un confrère à bord de son véhicule sur l’autoroute Leprince, indique que la circulation est quasiment redevenue normale du rond-point de Bambéto à celui d’Enco5, en passant par Coza.

AfricaLog.com

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