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Recherché par la CPI, Joseph Kony fait sensation sur internet

Mar 09, 2012

Une vidéo visant à attirer l'attention sur l'Ougandais Joseph Kony, recherché pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, est devenue en quelques jours un phénomène sur internet, alors que des voix s'élèvent pour dénoncer un film simplificateur et manichéen.

La vidéo, visible sur le site YouTube, comptait vendredi plus de 45 millions de vues, quatre jours après sa publication. Elle vise à lancer une campagne pour traîner devant la justice le chef de la violente rébellion ougandaise de l'Armée de résistance du seigneur (LRA), Joseph Kony.

Réalisé par l'ONG Invisible Children, basée à San Diego, le film de 30 minutes réclame une intervention militaire américaine pour arrêter M. Kony, responsable de l'enlèvement, de la torture et de l'exploitation de dizaines de milliers d'enfants au cours des 20 dernières années.

"C'est ça le plus gros problème", explique le documentariste Jason Russell à son fils dans le film. "Personne ne sait qui il est. Il n'est pas célèbre, il est invisible."

Avec ce film, "on va le rendre visible", poursuit-il, espérant rendre "célèbre" Joseph Kony et faire de la phrase "Stop Kony 2012" un slogan suffisamment populaire pour décider le Congrès américain à envoyer davantage de troupes en Centrafrique, où un contingent des forces spéciales américaines s'est installé fin 2011 en soutien aux forces des pays d'Afrique centrale luttant contre cette rébellion.
 

Les réalisateurs du film, qui ont confié leur vidéo aux bons soins des réseaux sociaux sur internet - Twitter en tête - ont pour l'instant atteint leur objectif.

"Comme il est agréable de voir l'intérêt soulevé par #stopkony - un pas décisif pour aider les plus vulnérables", a écrit sur son compte Twitter le fondateur de Microsoft Bill Gates.

"Cette vidéo virale est une partie de la réponse (du public), qui veut éveiller les consciences sur les atrocités de la LRA", a déclaré pour sa part Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche. Des musiciens et acteurs ont également joint la campagne "Stop Kony".

Mais la vidéo fait également l'objet de critiques. Elle est accusée d'expliquer la situation en termes manichéens, de faire la promotion du travail du réalisateur lui-même, de s'intéresser à un sujet vieux de dix ans et de proposer une solution purement "occidentale".

Aujourd'hui, la région de l'Ouganda mentionnée dans le film est pacifiée et la LRA, affaiblie, s'est déplacée vers le nord-ouest, alors que Joseph Kony est recherché par la Cour pénale internationale (CPI).

"Pourquoi maintenant ? Quel est l'intérêt pour la campagne de faire de la publicité à un homme déjà célèbre pour ses crimes et déjà recherché ?", s'interroge sur son blog l'écrivain et journaliste ougandais Angelo Izama, citant les problèmes auxquels fait face son pays aujourd'hui: la prostitution infantile et le sida.

"Depuis que la LRA a quitté l'Ouganda en 2006, Invisible Children a dénoncé publiquement ses atrocités en RDC, dans le Soudan du Sud et en Centrafrique", se défend l'ONG dans un communiqué. "Et les pays où Kony a sévi ont été incapables de le capturer".

De plus, "dans son effort d'atteindre le public le plus vaste possible, Invisible Children a voulu expliquer le conflit dans un format facilement compréhensible", ajoute l'organisation, en réponse aux reproches de simplification excessive.

Les finances de cette ONG fondée en 2003 ont également fait l'objet de critiques, après qu'un site internet évaluant les associations caritatives --Charity Navigator-- eut souligné son manque de transparence.

Les réalisateurs de la vidéo ont été contraints de publier le détail de leur comptes sur leur site internet, d'où il ressort que sur les 9 millions de dollars reçus en 2011 --essentiellement grâce à des dons-- 37% ont été investis dans des programmes sociaux en Afrique Centrale. – AfricaLog avec agence

 

 

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