Après le meeting avorté du stade de Bonfi, l’opposition entend réitérer sa demande de tenir un autre meeting cette semaine au même endroit, c’est-à-dire le stade municipal de Bonfi dans la Commune de Matam.
La décision a été prise à la faveur d’une rencontre qu’ils ont eue à Lambanyi, un quartier de la banlieue de la capitale situé dans la Commune de Ratoma.
Au sortir de la réunion, quelques propos ont été recueillis:
- Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG: «Nous sortons d’une réunion où nous avons tiré les leçons du meeting que nous avons organisé samedi à Bonfi. Nous avons déploré l’attitude de la Mairie de Matam qui avait marqué son accord, reçu les loyers du Stade, mais qui, à la dernière minute, sur injonction apparemment des autorités, a nié avoir reçu notre lettre. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre certaines mesures pour marquer notre opposition»
- Lansana Kouyaté du PEDN: «Nous nous sommes réunis pour tirer les leçons de notre dernier meeting parce que nous avons entendu beaucoup de contre-vérités, qui ont été proférées. Entre autres, on a dit par exemple que nos militants ont jeté des pierres au quartier général du RPG. Ce qui est absolument aux antipodes de la vérité. Nous étions au Stade de Bonfi où nous avons trouvé le portail barricadé. Si on n’était pas venu, l’attente de nos militants sur l’autoroute allait durer et ça pouvait déraper. Nous étions allés pour rassurer nos militants et leur demander de se disperser. Malheureusement, les gaz lacrymogènes ont été lancés. Mais comme des militants étaient mobilisés au siège de l’UFDG et chez moi à Matoto, nous avons décidé d’aller les féliciter.»
- Sidya Touré de l’UFR: «quand on met la démocratie, ça n’a pas que des avantages. Il faut laisser la liberté à ceux qui ne partagent pas les mêmes points de vue que vous, de s’exprimer paisiblement. Nous avons introduit une demande la semaine dernière pour faire un meeting, vraiment des plus paisibles. Nous souhaitions nous rencontrer, pour dire que nous n’étions pas d’accord avec ce qui se passe avec la CENI et autres mais ceci, dans un cadre purement républicain. Nous avons entendu beaucoup de choses qui étaient totalement contraires à la vérité. Et l’une d’entre elles voulaient que nous n’avons même pas déposé le document à la mairie. Donc, nous disons, cette fois-ci, nous allons avec un huissier, les caméras de la télévision, nous allons déposer ça à la mairie conformément à la loi guinéenne qui ne demande pas qu’il y ait les huissiers et la télé, hein. Simplement, qu’on aille déposer pour dire "nous, l’opposition guinéenne normalement constituée, juridiquement acceptée dans ce pays, nous aussi, on veut se réunir comme vous, vous l’avez fait dans les semaines passées, pour aller dire ce que nous pensons de la situation politique dans notre pays. C’est comme ça qu’on construit la démocratie dans un pays. Et nous allons voir si le gouvernement est un gouvernement qui accepte qu’il y ait des voix discordantes ou si nous allons vers la pensée unique.»
- Dr Faya Millimono, NGR: Le porte-parole de l’opposition fait d’abord une mise au point: «Vous savez la notion de "grand parti", de "petit parti", c’est en Guinée qu’on l’entend. Un parti, c’est un parti. A partir du moment où un parti est agréé, il l’est intégralement.»
Pour lui, «la question aujourd’hui, c’est si oui ou non, le PPC pouvait demander ou pouvait déclarer l’intention de rencontrer ses militants et sympathisants. Je dirais oui, au regard de la loi et c’est ce qui a été fait en bonne et due forme» avant de regretter le mensonge des autorités. Il précise: «je fais allusion à ce que madame le maire a dit. Ses services ont reçu la lettre, ont visé la lettre et ont approuvé. Le monsieur qui l’a accompagnée, l’envoyé du PPC, négocié même la location du stade. Nous avons payé deux millions. Deux millions de francs guinéens ont été payés pour la location du stade.»
A qui ces deux millions ont-ils été payés? Faya Millimono répond: «les deux millions ont été payés à une structure de la municipalité. Celle qui est chargée de gérer le stade.»
- Aboubacar Camara, chargé de l’administration de la Commune de Matam ne reconnait aucune lettre, surtout venant de «ceux qui s’agitent aujourd’hui» avant de préciser: «Chaque parti a son nom et chaque alliance a son nom. Ce document [la demande d’autorisation du meeting, ndlr] a été déposé par le parti PPC. Je le dis bien et je persiste. Je n’ai rien à répondre à l’ADP ou autre par ce qu’elle n’a pas déposé de document au niveau de la mairie. Pas du tout. Je m’inscris en faux. C’est ce qui a d’ailleurs motivé madame le Maire à faire une déclaration à la radio et à la télévision. Elle a raison. On n’a pas du tout, du tout, été informés d’un écrit par rapport à l’ADP ou au Collectif des partis politiques.»
- Sidya Touré et la demande introduite plutôt par le PPC: «Mais, bon sang, parce que tout simplement, on se connait. Nous étions dans le MOURAD, nous étions dans le FRAD avec le RPG. A aucun moment, quand on faisait des demandes pour aller au stade de Kénien, que le Président Conté autorisait d’ailleurs très souvent, nous avons fait au nom du RPG ou de l’UFR ou, à l’époque, de l’UPR, nous le faisions au nom d’un parti. L’essentiel, c’est que cela soit fait.. Si nous étions dans un pays normal, l’UFR l’aurait fait parce qu’il n’y a pas de problème. Mais dès qu’ils voient votre nom, ils commencent à créer des arguties juridiques, comme ce qu’on a créé dernièrement. Donc nous le faisons au nom d’un parti du Collectif. Ce qui est totalement légal.»
Cellou Dalein: «Sinon, nous avons mené toutes les démarches, nous avons déposé la demande à la commune, nous n’avons pas eu d’objection. A la veille, tout le gouvernement panique, la gendarmerie, la Mairie, tout le monde se lève pour dire qu’ils n’ont rien reçu, qu’ils n’ont pas été informés, alors que c’est absolument faux. C’est vraiment dommage pour le peuple.»
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