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Des soldats se révoltent à Bamako

Mar 21, 2012

Des dizaines de militaires maliens se disant excédés par le manque de moyens pour combattre la rébellion touareg et les groupes armés dans le nord de leur pays, ont manifesté mercredi en tirant en l'air à Bamako où ils ont investi le siège de la radio-télévision publique.

«Nous en avons marre de la situation dans le nord» du pays, en proie à une rébellion touareg et aux activités de groupes islamistes radicaux, a affirmé l'un de ces militaires qui étaient plusieurs dizaines dans les rues, tirant des coups de feu en l'air et semant la panique parmi la population.

Les militaires qui ont investi l'Office de la radio-télévision du Mali (ORTM, public), qu'ils occupaient en fin d'après-midi, sont des jeunes agissant à visage découvert. Ils ont tiré en l'air dans les bâtiments du siège, situé au centre de Bamako, et ont fait sortir tout le personnel.

Quelques heures plus tôt, des soldats avaient manifesté en tirant en l'air dans un camp militaire de Kati, ville-garnison à quinze kilomètres de Bamako, afin de réclamer un armement adapté pour combattre dans le nord.

«Nous voulons des munitions pour aller combattre les rebelles touareg, trop c'est trop», a déclaré un caporal du camp, sous couvert de l'anonymat. «Le ministre de la Défense est venu ce matin à Kati, mais il ne nous a pas convaincus», a-t-il ajouté.

Il a affirmé que les soldats ne voulaient pas «le départ du président de la République», Amadou Toumani Touré, un ancien militaire lui-même. «C'est notre président, mais il faut qu'il règle les choses», selon lui.

Début février, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes maliennes, dont Bamako, pour dénoncer le silence sur la situation de ces soldats et la «mollesse du pouvoir» face aux rebelles touareg.

Certaines de ces manifestations avaient tourné à la violence et des propriétés appartenant à des Touareg saccagées. Les manifestants s'en étaient également pris aux biens d'autres communautés à la peau claire, comme les Arabes du Mali ou des Mauritaniens installés dans le pays.

Présidentielle programmée

Le président Touré avait réussi à calmer l'ardeur des femmes de soldats en prenant en compte leurs demandes, en particulier qu'elles puissent avoir des nouvelles de leurs maris au front, et avait appelé à ne pas «faire l'amalgame» entre rebelles touareg et civils des communautés à la peau claire.

Le Mali est confronté depuis le 17 janvier à des attaques du MNLA (rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad) et d'autres rebelles, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi, qui ont pris plusieurs villes du nord du pays.

Un mouvement islamiste armé touareg, Ançar Dine (Défenseur de l'islam) qui veut imposer la charia (loi islamique) au Mali par la lutte armée, a affirmé contrôler trois villes dans le nord-est du pays, près de la frontière algérienne: Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok.

Dans une vidéo diffusée le 13 mars, Ançar Dine avait montré des images de soldats maliens morts à Aguelhok, ainsi qu'une trentaine d'autres faits prisonniers.

Le gouvernement malien a en outre accusé Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a des bases dans le nord du Mali d'où elle opère dans plusieurs pays du Sahel, de combattre avec le MNLA. AQMI retient en otages treize Occidentaux, dont six Français.

Le premier tour de l'élection présidentielle, à laquelle le président Touré qui a épuisé ses deux mandats de cinq ans ne se représente pas, est en théorie prévu le 29 avril au Mali, couplé à un referendum constitutionnel.

Mais des observateurs s'interrogent sur la tenue d'un tel scrutin alors que la moitié du territoire du pays est en proie à un conflit armé. – AfricaLog avec agence
 

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