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Le jour de ma scolarisation coranique

Apr 03, 2012

Par Souleymane Sow

Le premier jour de ma scolarisation coranique n’allait pas se dérouler de façon anodine. Mon père avait rassemblé tous les notables du village pour la circonstance dans la concession de ma grand-mère, qui avait immolé un bœuf pour l’occasion. Les femmes du village s’étaient réunies dès l’aube pour préparer les festivités. En préparation se marinaient couscous, riz, to et fonio et avait été apportés lait, pain blanc et miel. Le pain blanc, auquel je n’avais pas le droit - selon la tradition - était destiné au rituel, qui devait se dérouler dans une hutte construite uniquement à cet effet.

Les hommes vêtus de grands boubous, de caftans s’étaient réunis dans la hutte avec mon père tandis que les femmes, sans se mêler aux hommes, s’accommodaient aux alentours où à l’aide d’un interprète elles pouvaient entendre le déroulement des événements.

Mon oncle Bobo et moi devions être initiés ensemble ce fameux jour. On nous
avait remis à chacun une planchette sur laquelle figuraient deux inscriptions,
l’une en petite écriture que nous ne devions pas lire et dont la signification
nous était réservée pour plus tard et l’autre en plus grosse écriture que nous
devions impérativement connaître ; le nom de Dieu. Nous avions été
spécialement préparés pour l’occasion et c’est avec nos têtes coiffées et
impeccablement habillés, que nous fîmes notre entrée dans la hutte. Armés de
nos planchettes nous prîmes place auprès de mon père qui avait l’autorité de
nous initié aux paroles de Dieu. « Assois-toi comme ça et place ta planchette
sur tes jambes et garde toi de la tenir proprement, de ta main droite à ta
gauche », m’ordonna-t-il ; la même consigne fut donnée à mon oncle. Mon
père se racla la gorge puis il se mit à réciter de longues incantations
coraniques que je ne comprenais pas. Il remercia l’assistance pour n’avoir
ménagé aucun effort pour la réussite de cet événement. « Les enfants sont
nos remplaçants dans le futur, si nous ne prenons pas notre temps pour les
initier au Coran, nous serons responsables de ce qui leur arrivera demain et
nous devrons en rendre compte à Dieu », « Amen » répondit
l’auditoire. « Les enfants sont nos meilleurs grains, lorsque nous semons
de bons grains dans nos champs nous faisons de bonnes récoltes et si les grains
sont mauvais les récoltes le seront également. Il est de notre devoir de les
initier à la connaissance de Dieu. Qu’ALLAH bénisse ces enfants dans leur quête
du savoir et qu’Il répande la lumière sur leur chemin ».

D’une voix péremptoire et autoritaire mon père me commanda de répéter avec lui ; dis ba,
ba…, me dit-il, répétai-je encore mais avec une voix faible; répète sans
hésitation comme il t’a été exactement dicté; m’imposa t-il avec désormais un
visage fermé et sévère. Je répétais sans cesse et mon oncle en fit autant.
« Ces lettres sont des paroles de Dieu, elles sont le début du
commencement du monde, les piliers du monde et le monde lui-même. Elles
racontent l’histoire et l’origine du monde et tu les prononceras comme Dieu les
a prononcées sans les altérer ». Ainsi furent les prémices de mon
initiation au Coran. Le début fut très laborieux mais au fur et à mesure qu’il
prononçait ces lettres qui, au début, m’étaient étrangères et à force de les
répéter je m’y accoutumais. J’avais fini par savoir les prononcer exactement
comme on me les avait enseignées et ces lettres furent mes compagnons de vie,
que je lisais quotidiennement.

Depuis ce fameux jour, je n’ai jamais revu mon cher oncle Bobo, car on nous
avait séparés après la cérémonie, mais je sais au fond de moi qu’il a continué
son éducation de son côté.Mon père portait une attention particulière concernant notre apprentissage, son objectif était que notre lecture de ces lettres soit irréprochable et une fois sa mission terminée, il nous congédia. On nous avait remis, à mon oncle Bobo et à moi, des
planchettes sur lesquelles étaient disposés des morceaux de pain blanc et nous
les faisaient circuler dans l’assistance pour offrir l’aumône. A tour de rôle,
chaque personne qui prenait un morceau, nous bénissait : « Que Dieu
guide vos pas et que le Satan l’ennemi déclaré de l’homme soit écarté de vos
chemins », « Amen » répondais-je. C’est ainsi que ma première
journée d’initiation à l’école coranique prit fin. Le lendemain mon père décida
de repartir dans son village et laissa pour consigne à ma mère de m’envoyer
après une semaine dans son village, où je devais retrouver mes deux demi-frères
et mon petit frère Mamadou saliou, afin d’aller suivre la circoncision à
Kindia, j’avais déjà 7 ans à cette époque. Le jour de mon départ était un jour
très émotionnel et triste.

Le premier jour de ma scolarisation coranique n’allait pas se dérouler de
façon anodine. Mon père avait rassemblé tous les notables du village pour la
circonstance dans la concession de ma grand-mère, qui avait immolé un bœuf pour
l’occasion. Les femmes du village s’étaient réunies dès l’aube pour préparer
les festivités. En préparation se marinaient couscous, riz, to et fonio et
avait été apportés lait, pain blanc et miel. Le pain blanc, auquel je n’avais
pas le droit - selon la tradition - était destiné au rituel, qui devait se
dérouler dans une hutte construite uniquement à cet effet. Les hommes vêtus de
grands boubous, de caftans s’étaient réunis dans la hutte avec mon père tandis
que les femmes, sans se mêler aux hommes, s’accommodaient aux alentours où à
l’aide d’un interprète elles pouvaient entendre le déroulement des événements.
Mon oncle Bobo et moi devions être initiés ensemble ce fameux jour. On nous
avait remis à chacun une planchette sur laquelle figuraient deux inscriptions,
l’une en petite écriture que nous ne devions pas lire et dont la signification
nous était réservée pour plus tard et l’autre en plus grosse écriture que nous
devions impérativement connaître ; le nom de Dieu. Nous avions été
spécialement préparés pour l’occasion et c’est avec nos têtes coiffées et
impeccablement habillés, que nous fîmes notre entrée dans la hutte. Armés de
nos planchettes nous prîmes place auprès de mon père qui avait l’autorité de
nous initié aux paroles de Dieu. « Assois-toi comme ça et place ta planchette
sur tes jambes et garde toi de la tenir proprement, de ta main droite à ta
gauche », m’ordonna-t-il ; la même consigne fut donnée à mon oncle. Mon
père se racla la gorge puis il se mit à réciter de longues incantations
coraniques que je ne comprenais pas. Il remercia l’assistance pour n’avoir
ménagé aucun effort pour la réussite de cet événement. « Les enfants sont
nos remplaçants dans le futur, si nous ne prenons pas notre temps pour les
initier au Coran, nous serons responsables de ce qui leur arrivera demain et
nous devrons en rendre compte à Dieu », « Amen » répondit
l’auditoire. « Les enfants sont nos meilleurs grains, lorsque nous semons
de bons grains dans nos champs nous faisons de bonnes récoltes et si les grains
sont mauvais les récoltes le seront également. Il est de notre devoir de les
initier à la connaissance de Dieu. Qu’ALLAH bénisse ces enfants dans leur quête
du savoir et qu’Il répande la lumière sur leur chemin ». D’une voix
péremptoire et autoritaire mon père me commanda de répéter avec lui ; dis ba,
ba…, me dit-il, répétai-je encore mais avec une voix faible; répète sans
hésitation comme il t’a été exactement dicté; m’imposa t-il avec désormais un
visage fermé et sévère. Je répétais sans cesse et mon oncle en fit autant.
« Ces lettres sont des paroles de Dieu, elles sont le début du
commencement du monde, les piliers du monde et le monde lui-même. Elles
racontent l’histoire et l’origine du monde et tu les prononceras comme Dieu les
a prononcées sans les altérer ». Ainsi furent les prémices de mon
initiation au Coran. Le début fut très laborieux mais au fur et à mesure qu’il
prononçait ces lettres qui, au début, m’étaient étrangères et à force de les
répéter je m’y accoutumais. J’avais fini par savoir les prononcer exactement
comme on me les avait enseignées et ces lettres furent mes compagnons de vie,
que je lisais quotidiennement.

Depuis ce fameux jour, je n’ai jamais revu mon cher oncle Bobo, car on nous
avait séparés après la cérémonie, mais je sais au fond de moi qu’il a continué
son éducation de son côté.  Mon père portait une attention particulière concernant notre apprentissage, son objectif était que notre lecture de ces lettres soit irréprochable et une fois sa mission terminée, il nous congédia. On nous avait remis, à mon oncle Bobo et à moi, des planchettes sur lesquelles étaient disposés des morceaux de pain blanc et nous
les faisaient circuler dans l’assistance pour offrir l’aumône. A tour de rôle,
chaque personne qui prenait un morceau, nous bénissait : « Que Dieu
guide vos pas et que le Satan l’ennemi déclaré de l’homme soit écarté de vos
chemins », « Amen » répondais-je. C’est ainsi que ma première
journée d’initiation à l’école coranique prit fin. Le lendemain mon père décida
de repartir dans son village et laissa pour consigne à ma mère de m’envoyer
après une semaine dans son village, où je devais retrouver mes deux demi-frères
et mon petit frère Mamadou saliou, afin d’aller suivre la circoncision à
Kindia, j’avais déjà 7 ans à cette époque. Le jour de mon départ était un jour
très émotionnel et triste.
 

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