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Tirs croisés sur Lounsény Camara, président de la CENI

Apr 04, 2012

«Nous sommes dans une situation extrêmement difficile puisque l’impasse politique est totale. Le dialogue qui a été récemment initié au Palais du peuple a tourné court et aucune initiative n’a été prise pour rétablir le contact et la concertation entre les partis politiques et les autorités du pays.» Extrait des propos de Aboubacar Sylla, président de l’Union des Forces du Changement, UFC, porte-parole de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès qui forme l’opposition guinéenne avec le Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition. Ces propos ont été recueillis par AfricaLog.com à Conakry, lors d’une conférence de presse que des membres de l’opposition politique guinéenne ont animée ce 4 avril. L’objectif de ladite rencontre était de dénoncer «les contrevérités» de Lounsény Camara, président contesté de la Commission électorale nationale indépendante, l’organe chargé des élections et du référendum en Guinée. Aboubacar Sylla, était entouré, entre autres de Amadou Oury Ditinn Diallo, président du Parti de l’Union pour le Développement, Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Etienne Soropogui, vice-président des Nouvelles forces démocratiques.

Aboubacar Sylla a estimé qu’après les «contrevérités de Lounsény Camara sur les préparatifs des élections législatives», qu’il était nécessaire, pour «la clarté du débat, et pour éviter d’alimenter la polémique et d’enrichir la rumeur, de rétablir la vérité des faits, afin que l’opinion nationale et la communauté internationale ne soient pas induites en erreur ou instrumentalisées par cette CENI.» Le président de l’UFC accuse et dénonce: «Le président de la CENI a dit beaucoup de contrevérités en disant que nous sommes associés à la préparation des élections. Ce qui est absolument faux. Pire, nous pouvons l’accuser de faux et d’usage de faux. Il a présenté des listes de CARLE (Commission Administration de Révision des Listes Electorales Ndlr) dans lesquelles figureraient le Collectif et l’ADP. Il est indiqué : sur 1856 CARLE l’ADP disposerait de 717 membres et le Collectif de 800. Ce qui est archi-faux. Ils ont pris des noms, ont mis en face tantôt ADP, tantôt Collectif et ils ont présenté ces listes à la communauté internationale pour lui faire croire que nous participons effectivement à cette préparation. Ce qui est tout à fait faux. Moi, je suis le porte-parole de l’ADP. Jamais, je n’ai écris un courrier, jamais je n’ai rencontré le président de la CENI ou un quelconque membre de la CENI pour désigner au nom de l’ADP, un quelconque cadre pour participer à ces CARLE.»

L’opposant a par ailleurs fustigé ce qu’il a appelé l’arrogance du président de la CENI face aux leaders politiques de l’opposition. Il a dit ce qui le frustre en ces termes: «Ce sont les attitudes qu’adopte le président de la CENI en méprisant avec arrogance tout ce que nous disons, alors que cela repose sur les lois de la République, cela repose à une opinion qui est favorable à la transparence du scrutin. Qu’est-ce que nous demandons ? Nous demandons qu’il y ait un consensus autour de la CENI et du fichier électoral. C’est-à-dire la transparence. Non seulement, on n’est pas satisfait sur cette revendication, mais la CENI pousse le mécontentement jusqu’à nous envoyer des courriers pour nous demander de lui proposer des personnes devant participer à telle ou telle autre étape de la préparation de ces élections alors qu’elle sait pertinemment que nous la contestons dans sa composition actuelle.» Et d’insister que l’opposition politique guinéenne ne saurait accompagner la CENI «dans les actes qu’elle est en train de poser actuellement».

Aboubacar Sylla a redit que la Guinée serait «dans une situation extrêmement périlleuse pour la paix civile et la cohésion nationale, puisque l’impasse est totale.»

Revenant sur les «contrevérités de Lounsény Camara», M. Sylla a dit que l’opposition ne saurait passer sous silence la sortie de Lounsény Camara, le 2 avril. Du fait des enjeux des élections législatives qui dépasseraient ceux de l’élection présidentielle. Même qu’il s’agirait «pour la Guinée de choisir entre un régime autocratique où tous les pouvoirs sont détenus par une seule personne ou un petit groupe politique ou alors d’être dans un pays démocratique où il y a un minimum de respect des droits, simplement parce qu’il existe un équilibre des pouvoirs, parce qu’il y a une Assemblée nationale qui doit jouer son rôle de contrôle de l’action gouvernementale pour améliorer la gouvernance politique, économique et sociale du pays. Il ne s’agit pas de renvoyer dos à dos l’opposition et le pouvoir en disant que chacun tire la couverture de son côté et qu’il faut qu’il y ait un compromis, chacun doit renoncer à quelque chose, pour qu’il y ait une entente… Il s’agit d’un côté d’un pouvoir qui veut abuser de son pouvoir pour disposer de tous les leviers de commandes de l’Etat et de l’autre, une opposition qui est avocat du peuple de Guinée et qui ne veut pas que l’histoire se répète en dotant la Guinée de nouvelles institutions qui vont la permettre, enfin d’être dans un régime démocratique où le Président et tous les détenteurs de l’autorité publique, sont contrôlés et soumis à la loi et à la censure de l’Assemblée nationale.»

Ce qui aurait même motivé leurs critiques contre le Coordonateur résident du PNUD en Guinée, que l’opposition accuse de rouler pour le pouvoir d’Alpha Condé, dans le cadre des prochaines élections législatives guinéennes. Aboubacar Sylla a dit : «Nous avons attiré amicalement l’attention du PNUD sur cette situation. Nous avons fait mieux. Nous avons été au PNUD. Nous y avons été cordialement reçus et entretenus par ceux qui étaient là, le Coordonateur résident par intérim, l’actuel Représentant résident de l’OMS en Guinée et la Directrice pays du PNUD qui ont bien compris et qui nous ont dit que c’est la CENI qui leur a écrit pour les informer que tous les partis politiques étaient associés à ces préparations. Il s’agit de manipulation, de faux et d’usage de faux de la CENI. Il fallait donc qu’on sorte pour rétablir certaines vérités et éviter que l’opinion ne soit instrumentalisée par la CENI qui est complètement décrédibilisée et qui n’est pas compétente pour gérer les élections législatives qui sont plus importantes dans une certaine mesure que l’élection présidentielle et en enjeu et en complexité…»

Amadou Ditinn Diallo du PUD, lui a déclaré que Lounsény Camara qui a annoncé récemment que les élections législatives se tiendraient le 8 juillet prochain, a donné un faux chronogramme. Car, selon l’opposant, la CENI n’a pu à date transférer les données du fichier électoral dans les nouveaux kits alors que cette activité avait été prévue par le président de la CENI entre le début et la mi-mars dernier. Selon M. Diallo, le chronogramme déroulé n’est tenable qu’en novembre 2012. «Mais la CENI a donné un chronogramme pour confronter les Guinéens, pour créer des problèmes», a-t-il affirmé. C’est pourquoi il a souhaité que le Président Alpha Condé «intervienne pour que la Guinée aille aux élections législatives plutôt que de suivre les va-t-en guerre». Avant de souligner que l’opposition usera de tous les moyens légaux pour se faire entendre en vue d’aboutir à des élections démocratiques.

Etienne Soropogui, vice-président de NFD a dit sa vérité: «La vérité est que Lounsény Camara, dans une posture arrogante, malheureusement ment», avant de poursuivre en ces termes: «Quand vous avez un arbitre qui parle avec mépris de certains joueurs, on ne peut pas avoir confiance en lui.»

Les conférenciers ont par ailleurs accusés l’actuel président de la CENI d’avoir détourné plusieurs milliards de francs guinéens. Nous y reviendrons.

AfricaLog.com

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