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Sékouba Konaté: "Tu me touches, je te touche. Tu m'attaques, je t'attaque"

Nov 18, 2012
Sékouba Konaté: "Tu me touches, je te touche. Tu m'attaques, je t'attaque"

 "Tu me touches, je te touche. Tu m'attaques, je t'attaque", a dit l'ex-président de la Transition guinéenne, le Général Sékouba Konaté, alias El Tigre dans un entretien avec le confrère Espace FM, le 16 novembre.

Dans cet entretien, le Haut représentant de la Force africaine en attente a vivement critiqué l'entourage du Président Alpha Condé. Il a également profité de l'occasion pour parler de ses relations actuelles, avec son ancien ami et frère d'armes, le capitaine Moussa Dadis Camara, en convalescence prolongée à Ouagadougou, au Burkina Faso. AfricaLog a transcrit les propos du Général Sékouba Konaté. Lisez!

On parle aujourd’hui de cette mission que l’Union africaine vous a confié pour la reconquête du nord du Mali…

Général Sékouba Konaté: Je crois que l’Union africaine m’a confié une mission de soutien. Le plus gros travail de la reconquête du Nord du Mali revient à la Cédéao. Nous ne faisons que soutenir la Cédéao.

Lors de votre séjour à Bamako, vous avez rencontré le président Dioncounda Traoré, vous avez rencontré également Amadou Hawa Sanogo et vous êtes allé du côté du Burkina Faso. Quel était l’objectif réel de ces visites?

L’objectif est très important. Vous savez, nous tous connaissons quand il y a guerre, il y a beaucoup de conséquences. A mon avis, ce que j’ai eu à dire au Président du Mali, je lui ai dit que pour moi, il faut d’abord remercier le président Blaise Compaoré qui est en train de faire beaucoup de choses. Dans un premier temps, il faut essayer de penser au dialogue, il faut dialoguer d’abord. C’est très important. Je l’ai dit au Président malien, je l’ai dit au Premier ministre et je l’ai dit au capitaine Sanogo aussi.

A part Dioncounda Traoré, le capitaine Sanogo, vous avez aussi rencontré le Général Amadou Toumani Touré. C’était pour parler de quoi? Parce qu’il n’est plus aux affaires...

Non! Je n’ai pas rencontré le président Amadou Toumani Touré; il est à Dakar. Vous savez que Amadou Toumani Touré lors de la transition, il a beaucoup apporté son soutien non seulement à la Guinée, mais à moi-même personnellement. Donc, je préfère vraiment lui rendre visite à Dakar pour aller lui apporter mon soutien.

On sait que tout est calé maintenant pour l’intervention militaire. Qu’est-ce que vous attendez ? Quand est-ce que l’opération va débuter?

Vous savez tout dernièrement que les chefs d’Etat et les chefs d’état major de la Cédéao se sont rencontrés à Abuja. Ils ont mis une feuille de route en marche, qu’ils ont déposée au niveau de l’Union africaine, l’Union africaine le déposera au Conseil de sécurité des Nations Unies à partir du 24 novembre. C’est à partir de-là qu’une décision va tomber.

Peut-on dire que la tournée qui vous a conduit dans les différents pays à savoir le Burkina Faso, le Tchad consistait pour vous à faire adhérer ces pays au plan d’intervention de l’Union africaine?

C’était pour pouvoir échanger avec le Président du Faso, les éventualités que nous devons mettre en œuvre pour que le Mali recouvre son intégrité territoriale. Mais c’est aux Maliens de trouver la cohésion, l’unité nationale d’abord. Parce que sans cohésion, sans unité, la conquête du territoire sera difficile.

Est-ce que vous avez espoir de pouvoir débloquer les fonds à temps pour préparer cette intervention sur le Nord du Mali?

Reprenez un peu plus fort, je n’ai pas bien compris! Vous savez, il y a un problème de réseau.

Est-ce que vous avez espoir de débloquer à temps les fonds que vous attendez pour intervenir le plus tôt possible?

Oui, parce que les experts de la Cédéao, de l’Union africaine et de la communauté internationale ont fini de travailler. Je vous ai dit que le Conseil de sécurité des Nations Unies va se réunir le 24 novembre à Washington. Donc, en ce qui concerne les moyens logistiques, le financement, les Nations Unies vont donner.

Vous avez été au Tchad. L’armée tchadienne est à la disposition de l’UA et de la Cédéao. Parlez-nous de votre rencontre avec le président tchadien…

J’ai été très bien reçu par le président tchadien. Il m’a dit qu’il a entendu des rumeurs. Même la Cédéao, même l’Union africaine n’ont pas fait la requête. Mais, s’il y a une requête, il mettra ses hommes à la disposition de la Cédéao. Parce que l’armée tchadienne, ce sont des hommes qui sont habitués à manœuvrer dans le désert et ce sont des hommes aguerris. Sur le plan logistique, nous savons que le Tchad a les moyens logistiques comme il le faut. Ils ont plusieurs hélicos de combat. Mais vous savez qu’au Tchad, c’est une démocratie qui est là-bas. Donc, avant ça, ça passera par le parlement qui prendra une décision. A partir de ça, il n’y aura pas de problèmes. En tout cas, le Président Idris Déby m’en a donné l’assurance.

Vous avez dit que l’armée tchadienne sait combattre dans le désert, mais on sait que la plupart des forces ouest africaines ne peuvent pas combattre dans le désert. Des formations sont-elles prévues pour elles?

Il ne faut pas se cacher la vérité. Moi, j’ai été un militaire qui a combattu en Sierra Léone et au Libéria. Ce n’est pas tout le monde qui est apte à combattre dans le désert. Ce ne sont pas tous les pays de l’Afrique de l’Ouest qui sont aptes à manœuvrer dans le désert. Donc, ces gens-là, il ne faut pas prendre la fierté ou bien dire, il faut nous, il faut nous. Ceux qui sont capables, ceux qui ont manié durant des décennies, il faut leur faire appel pour qu’ils nous aident à reconquérir le désert du territoire malien. C’est important. Mais, si on se dit on va se fier à la fierté… Non, il le faut pour que le Mali retrouve l’ordre constitutionnel et que les choses puissent partir. Mettre vingt ans de démocratie à l’eau, c’est vraiment inacceptable.

Avant le Tchad, vous avez été au Burkina Faso. Tout le monde voudrait savoir si le Général Sékouba Konaté a rencontré le capitaine Moussa Dadis Camara…

Non ! Ce n’était pas ma mission. Mais, le président Blaise m’avait posé la question. J’ai dit au président Blaise que je n’étais pas allé là-bas pour ça. Je suis venu pour le rencontrer, lui. Partout où nous nous rencontrons, que ce soit à Addis-Abeba, que ce soit à Malabo, il m’a toujours dit: “Ah, depuis que tu as terminé la Transition, tu ne viens pas chez moi!" Donc, j’ai profité de l’occasion, lorsque j’ai eu la mission de partir au Mali, je me suis dit, je vais passer pour lui dire bonjour.

Donc, vous n’avez pas rencontré votre frère d’armes, le capitaine Moussa Dadis Camara?

Le rencontrer pourquoi?

Alors mon Général, concrètement, quelle est aujourd’hui, la nature de vos relations avec le capitaine Moussa Dadis Camara pour qui, vous étiez un grand ami?

Non ! Non ! Le problème est … Mon frère, voilà dans la vie des hommes, il faut être honnête. Ça c’est un. De deux, il faut être clair dans l’amitié. De trois, nous, nous savons que c’était un assoiffé du pouvoir. Lors des accords de Ouaga, quand j’étais là-bas, au lieu de signer les papiers et dire qu’il n’est plus candidat, alors qu’il est assoiffé du pouvoir, il devait dire au Président Blaise, à tous les ministres : “D’accord je continue ma convalescence, mais je suis candidat”. On allait voir si on allait mettre ça en exécution ou non. Moi, je n’ai fait que respecter les accords de Ouaga, ce qui a été retenu, c’est ça que j’ai respecté. S’il savait qu’il a abandonné le pouvoir malgré des regrets, il devait dire: “Non, écoutez, je fais ma convalescence, je ne suis plus militaire, je suis civil et je suis candidat aux élections présidentielles! Il faut dire ce que tu penses, dit la vérité. Mais, il ne faut pas rester derrière les rideaux pour dire, il y a ça, il y a ça, pour accuser les uns et les autres. Non ! Moi, je sais qu’il aime le pouvoir, qu’il est assoiffé de pouvoir, je le sais. Mais déjà, il cherche à avoir le pouvoir. Comment? Par quel moyen? Il devait dire à partir des accords de Ouaga : “Ah, je veux ça, écrivez ça dans les accords”. Parce que ce sont eux qui ont rédigé le papier. Ils devaient le mettre carrément. Ça, il n’y a pas à discuter, il se présentera aux élections. S’il remporte, il n’y a pas de problème. S’il ne remporte pas aussi, il n’y avait pas de problème. C’est ça le point nodal. Moi, par exemple, je suis-là, à l’Union africaine, je suis en train de travailler. Le jour où je ne peux plus travailler, je dirai que là où je suis, je suis fatigué, je m’en vais. C’est comme ça, un homme. Voilà!

Est-ce que le général Konaté a l’ambition de revenir en Guinée et être candidat comme ATT du Mali?

Non ! Non ! Mon frère vous rêvez. Vous avez vu ce qui est arrivé à ATT? On m’a donné une mission, je l’accomplis, terminé ! Moi, je ne suis pas comme ATT. Je ne suis pas comme Rawlings. Je ne suis pas comme les autres. Je fais une mission, terminé ! Le reste, je continue ma vie. Je ne ferai pas, je n’ai pas l’intention de le faire, ce n’est pas dans mes prérogatives. Négatif ! Ce que je ne voudrais pas, c’est qu’on me touche. Tu me touches, je te touche, tu m’attaques, je t’attaque. Si tu veux d’autres problèmes, tu le sauras aussi. Ça, je ne vais même pas le cacher, hein! Je l’ai dit au Département d’Etat, je l’ai dit à l’ONU, je l’ai dit en Angleterre, je l’ai dit en Allemagne, je l’ai dit partout où je suis passé. Qu’on me laisse tranquille, qu’on me laisse carrément en paix. Maintenant, si les gens ont besoin de moi pour n’importe quelle situation, je suis prêt à répondre partout où je suis. Je suis fait pour faire la guerre, je suis fait pour commander des hommes, mais je ne suis pas fait pour faire la politique, pour faire l’administration, pour faire l’économie. Je suis fait pour commander les hommes. Tu me dis: “il y a une bataille là-bas, qu’est-ce qu’il faut ?” Tu mets les hommes et tu laisses la logistique à ma disposition, j’essaie de récupérer la position. C’est ça que je connais. Le reste-là, ce n’est pas ma mission. Parce qu’en Afrique, l’erreur c’est quoi ? Tu es venu, tu as fait une transition, tu es rentré dans l’histoire. Mais si tu te dis que pour rentrer dans l’histoire avec la propagande des gens, ah, tu peux. Non, négatif ! Tu as fait ce que tu devais faire à un temps donné, tu décroches, terminé ! Maintenant, laissons les Cellou, les Kouyaté, les Sidya, le Pr Alpha Condé, Jean Marie Doré, c’est eux qui doivent parler du pays. Il y a d’autres générations aussi qui vont se lever. Chacun a son histoire.

Quelle est la nature de vos relations avec les leaders politiques guinéens, notamment le Pr Alpha Condé?

Oui ! Le Pr Alpha Condé, maintenant le courant passe très bien entre nous. Il sait que je suis un homme qui est direct, franc et honnête. Je crois qu’il n’y a pas de problèmes. Je lui ai dit. Seulement qu’il est entouré de démagogues, de menteurs. Une fois, je l’ai dit dans une de mes interviews. J’ai dit qu’en Guinée, il n’y a que des démagogues, des menteurs. On dirait que les gens ont la boue dans leur tête. C’est pour cela que la Guinée est toujours derrière. En ce qui concerne le Pr. Condé, lui-même, parce que c’est un gars… Parce que Dieu ne fait rien pour rien, il a combattu durant combien d’années? Durant à peu près quarante ans, il a gagné le pouvoir difficilement. Je crois que s’il n’était pas honnête, Dieu n’allait pas l’amener là-bas. C’est son honnêteté qui a fait qu’il est parti jusque là-bas. Mais, c’est l’entourage. Vous savez dans nos pays, c’est l’entourage qui fatigue les gens. Les Guinéens, ils ont été toujours faux, depuis 1969, vous avez vu comment les Kaman sont partis. Vous avez vu le complot des peulhs, comment ils ont menti sur les Telli Diallo et autres. Vous avez vu le 4 juillet, comment les Guinéens sont partis. Le Guinéen préfère tuer son prochain pour occuper sa position. Mais dans toute chose, il y a un Dieu qui est là. Tu roules pour faire du mal, tu termineras mal. Moi, j’ai donné mon exemple. Le général Lansana Conté était ami intime de mon père, ils étaient inséparables. Comme ils ont vu que j’étais très bien avec Conté, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils ont pu chercher à me créer des problèmes. Je m’en suis sorti et le destin a voulu qu’un jour, j’aie le bâton de commandement. Est-ce que s’ils savaient que leur destin allait passer dans mes mains, ils allaient pouvoir faire ça ? Non ! Mais, je les ai libérés, je leur ai pardonné. Il n’y a pas de problèmes. Je reviens même sur ceux qui sont arrêtés, qui sont en prison. C’est un règlement de comptes. Ce n’est pas la faute du Pr. Alpha Condé parce que lui, il ne connaît pas l’armée. Mais, les gens ont monté des coup-fourrés pour pouvoir arrêter les uns et les autres. Mais, un jour viendra, parmi les gens-là qui sont arrêtés, certains commanderont. Parce que je sais que ces gens-là n’ont absolument rien fait. Mais ce n’est pas Alpha Condé, hein! Lui, il venait d’arriver, il ne connaît pas les réalités du pays. A partir des mensonges des uns et des autres, ces éléments-là sont connus. Nous avons leurs noms. Nous avons déposé leurs noms au Département d'Etat, nous avons déposé leurs noms à l'Elysée, nous avons déposé leurs noms à la CEDEAO, nous avons leurs noms à l'Union Africaine ici. Le moment viendra, ils répondront eux-aussi. Mais ceux qui sont en prison aussi, ils ne doivent pas dire que c'est le Président. Ils doivent dire que c'est un problème de destin et que ce sont les mauvais gens qui ont fait cela pour qu'on les envoie en prison. C'est ça, mais c'est un destin. Voilà !

Vous avez la latitude de définir une stratégie, mais est-ce que quand la guerre sera déclarée sur le terrain, vous allez commander les troupes?

Non! Attention mon frère! Moi, je suis le Haut Représentant de la Force Africaine en Attente. Ma mission est politique et diplomatique. Ce n'est pas moi qui vais aller manœuvrer sur le terrain, ce n'est pas moi qui irai sur le terrain pour diriger des hommes encore. Il faut voir un peu la hiérarchie de l'armée. Quand il y a un représentant, c'est comme dans quelque part, quand il y a une guerre, en disant le Président, il faut venir occuper, non! Nous, on aide les gens à monter la stratégie, partout où ça ne va pas, on donne nos points de vue. Mais pour le moment, l'offensive dans le Nord du Mali n'est pas prête. Au lieu de passer par ça, essayons de dialoguer d'abord, passons par le dialogue. Voilà!

Vous avez rencontré Haya Sanogo pour lui transmettre non seulement un message de l'Union Africaine mais aussi du Département d'Etat Américain. Est-ce que vous avez pu transmettre ce message?

J'avais transmis le message. J'ai dit à Haya Sanogo tout ce qu'il voudrait, de me le dire. Je suis très bien placé pour le moment, puisque je suis écouté par l'opinion internationale. J'ai dit comme ça, on trouvera les voies et moyens pour pouvoir le sortir de ça-là. Je dis, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. C’est le bon moment de sauver les pauvres. Voilà!

Selon la presse malienne, l’opinion publique malienne a des réticences vis-à-vis de votre personnalité du fait que vous ayez un rôle déterminant à jouer dans la reconquête du Nord du Mali. Quel est votre commentaire?

Dis-donc, allez-y tout doucement. Quand vous parlez comme ça, je ne pourrais pas… Partez pas à pas. Dites-moi ce qui est positif, comme ça je pourrais répondre.

En clair, selon la presse malienne, l’opinion publique du Mali se méfie de vous…

Mais pourquoi elle se méfie de moi? Pour quelle raison?

L’opinion estime que vous avez joué un rôle dans l’attentat qui a visé le capitaine Moussa Dadis Camara. Quel est votre commentaire?

Non ! non ! Vous aussi, vraiment, soyez logiques. Voyez-vous, quand le CNDD était –là, réellement quel a été enfin le motif de prise du pouvoir par le CNDD ? Nous avons fait une prise du pouvoir. Nous avons dit que nous allons organiser les élections, mais à cause de certains assoiffés du pouvoir, ils étaient-là en train de vous mentir. Je vais vous dire quelque chose. Un exemple est là. Tous les journalistes qui étaient là-bas, certains journalistes alimentaires, vous mentez, vous mentez, mais un jour la vérité sortira. Et quand la vérité sortira, Dieu ne va pas vous tuer comme ça. Dieu va vous mettre à l’épreuve, pour que vous puissiez voir tout ce que vous avez fait, tout ça là. Sinon, on ne peut pas donner une balle dans la tête de quelqu’un et qu’il ne meurt pas sur-le-champ. Mais, Dieu a voulu de ne pas te tuer d’abord. Tu vas vivre tout le mal que tu as fait, tu vivras ça, tu verras ce qui s’est passé. C’est pour cela, soyons honnêtes. C’est pour cela je reviens encore pour dire aux gens que ce n'est pas le Pr Alpha Condé. Parce que lui, il est civil. Il ne sait pas ce qui se passe dans l'armée. Mais l'armée guinéenne, ce sont des gens qui se sont toujours trahis entre eux à cause de petits trucs de rien du tout. Renseignement par-là, renseignement par-ci, ainsi de suite. Ces éléments-là sont connus. Il y a Mory qui est à la Présidence, Mory Cissé qui est à la Présidence, il y a autres que ces gens. Nous les connaissons et leur nom va être déposé au Département d'Etat. S'il y a un problème un jour en Guinée, ce sera leur faute. Je les dénonce. Il y a d'autres éléments dans l'armée que je voulais dénoncer aussi. Ça, c'est la vérité. Voilà ! Ça fait mal ! Arrêter des compatriotes, arrêter les militaires, les bloquer, les mettre comme ça-là alors que consciemment, ils savent que ces gens-là n'ont rien fait. Ils mentent, ils les arrêtent. Mais je vais dévoiler leur stratégie. Leur stratégie, c'est quoi? Ils savaient que ces militaires-là étaient dans l'armée, que c'était des gens très efficaces, est-ce que vous voyez? Il fallait essayer d'éliminer ces gens-là, parce qu'ils se disent que le Pr Alpha Condé, c'est un gars qui est ancien, donc préparons la relève. Et parce que lui, il n'est pas là, voilà ce qu'on va faire... ces militaires-là sont connus déjà et leur nom est cité déjà à la CEDEAO, à l'Union africaine, au Département d'Etat, et même au Conseil de sécurité des Nations-Unies. Il ne faut qu'ils oublient ça, hein! Ils doivent se méfier.

Votre mission est énorme. Mais est-ce que votre état de santé vous permet de mieux mener cette mission?

A vous dire vrai, sans vous mentir, vous savez que je suis un homme très honnête. Mon état de santé ne me le permet pas comme il faut. Parce que, vous savez, je suis entre deux avions. Et le médecin m'a beaucoup conseillé de prendre beaucoup de repos. Donc, je ne peux que peut-être dans combien de temps, partir au Mali une fois et revenir, mais je ne pourrai pas continuer à manœuvrer comme il le faut. Parce que, n'oubliez pas que l'âge aussi joue. Voilà !

Avez-vous un message au peuple de Guinée?

Oui ! C’est de dire au peuple de Guinée de cesser le mensonge, la démagogie, l’ethnocentrisme. Est-ce que vous avez compris ? Le peuple de Guinée n’a qu’à se donner la main. Il y a eu l’élection présidentielle. L’élection présidentielle-là, Dieu a donné le pouvoir à quelqu’un. Enfin, ils n’ont qu’à suivre ce quelqu’un-là, ce quelqu’un-là, bon, il ne faut pas qu’il écoute les gens pour s’attaquer aux uns et aux autres. Il n’a qu’à chercher la vérité des choses. Une fois qu’il trouve la vérité, il prend les décisions. Moi, j’étais en Guinée là-bas, il n’y a pas ce qu’on ne m’a pas raconté. Mais comme je n’ai pas ce temps-là, j’avais une mission, je devais décrocher, je crois que dans ça, il n’y avait pas de promesses. Mais le mensonge, laissons le mensonge, laissons la démagogie. Si on continue comme ça, on va être toujours derrière. Voilà !

En Guinée, un petit pays comme ça, mais voyagez un peu. La Guinée est devenue comme le Mali. J’ai été au Mali, les mêmes mensonges qui sont en Guinée, les mêmes démagogies en Guinée, ce sont les mêmes qui sont au Mali encore. Ça, c’est autre chose. Où on va avec ça ? Réellement, hein! Le Pr. Alpha Condé, moi, j’ai eu à le connaître. J’ai eu à me renseigner de lui. Au moment où j’étais chef, il m’a accordé tout le respect. Quand je lui dis : “Monsieur le Professeur, je voudrais vous voir à midi, il venait à 11 heures.” Donc, il y a ce respect-là qu’il m’a toujours accordé malgré que je ne peux être qu’un fils à lui. Lui aussi, c’est la même chose. Moi aussi, je ne pourrai que lui accorder le respect comme il faut. Ça, c’est sans démagogie, hein ! Si ça va, j’allais lui dire que ça va. Si ça n’allait pas, j’allais lui dire que ça n’allait pas. Mais voilà, nous avons eu à nous appeler, nous avons discuté. Nous nous sommes entendus. Il m’a même envoyé un émissaire à Ouagadougou, Alpha Barry qui était un ami, nous avons discuté avec ce dernier comme il le fallait. Donc, vraiment, je crois qu’il n’y a pas de problèmes parce que je lui ai dit : “Professeur, si on vous dit quelque chose, que c’est le Général qui a fait ça, appelez-moi, je vais vous le dire. Il n’y a pas de barrière. C’est comme vous aussi, on me dit quelque chose, je vous appelle. Aujourd’hui, c’est vous qui avez les destinées du pays. C’est Dieu qui vous a donné ça. Mais si vous écoutez les gens, hein, vous écoutez les faux types qui sont auprès de vous… Ce sont les faux types qui vont le regretter un jour. Prenez un exemple, le temps de Sékou Touré. Est-ce qu’on l’a arrêté pour le tuer ? Non ! Il est parti tout tranquillement. Ou bien ? Prenez le temps de Conté ! Conté, est-ce qu’on l’a arrêté pour le tuer ? Non ! Il est parti tout tranquillement.

Qu’est-ce que vous voulez dire par-là?

Maintenant, je vais rentrer dans les détails. Parce que vous les Guinéens… Je ne peux pas renter dans les détails là-bas, parce que vous êtes des faux, vous êtes des démagogues. Vous ne pouvez pas dire la vérité. Ceux qui sont là-bas, ils vous le disent. Quand Sékou Touré est décédé… Dieu a fait partir Sékou Touré sans problème, parce qu’il n’a pas fait du mal, il a été honnête, n’est-ce pas ? Ceux qui ont été malhonnêtes envers lui, envers le peuple, pas tout le monde, hein, il y en a qui ont subi aussi. Il y avait des hommes qui étaient bien. Comme Lansana Diané, c’était un homme correct. Les Mamadi Keita, c’était des gens bien, vraiment. Mais leur destin, c’était ça aussi. Mais tous les gens qui ont menti, qui ont fait autre chose, ils ont été exécutés. Parce que Dieu leur a réservé ça. Il y en a même qui étaient au Maroc, qui sont revenus, ils ont été matés aussi. Prenez le temps de Conté. Conté est parti tout doucement, il y avait pleins de menteurs parmi eux. Mais la chance qu’ils ont eue, parce que pendant la prise du pouvoir, j’étais présent, voilà. Sinon, les gens avaient dit que tous, il faillait les exécuter. C’est moi qui ai dit non, on ne les exécutera pas. On les voit, on les laisse partir. Alpha Condé est là-bas. Alpha Condé n’est pas éternel. Le jour que lui aussi, il va partir, les gens qui ont menti, qui ont fait autre chose, ils ont été repérés, ils sont connus, ils vont en pâtir. Donc, mieux vaut dire la vérité, mieux vaut juger les choses comme telles. Si vous continuez comme ça, c’est ça que vous allez avoir dans votre avenir, ça c’est la vérité. Le Professeur Alpha Condé, c’est un gars…si Dieu lui a donné le pouvoir, ce que durant toute sa vie, il a été honnête, voilà ! S’il ira un jour, il partira tranquillement, mais ceux qui ont menti, c’est vous qui allez le regretter. Ça, il n’y a même pas à discuter. Vous croyez que le mensonge va continuer, ça ne va pas continuer, mon frère. Les journalistes alimentaires qui sont là, ils disent du n’importe quoi.

Il y a deux ans depuis que le Professeur Alpha Condé est au pouvoir, mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’élections législatives. Comment voyez-vous cela?

Je vous dis que ce n’est pas la faute du Professeur Alpha Condé, parce qu’on dit que c’est lui. Vraiment ce n’est pas lui. Moi, j’ai analysé les choses. Je l’ai appelé, je lui ai demandé. Mais connaissant la Guinée, je vous ai dit que je suis né à Conakry I, à Boulbinet. J’ai grandi là-bas. J’ai côtoyé le pouvoir de Conté. Conté et mon père, c’était des amis inséparables. Est-ce que vous avez compris ? Mais, j’ai vu ce qui s’est passé. Ce sont les gens à l’alentour-là qui étaient-là à cause des petits gains, des petits bénéfices qui retardent les gens comme ça. (…) Je me rappelle qu’avant l’élection présidentielle, quand j’étais avec le Professeur Alpha Condé, il a dit bon, organise directement les élections législatives. Mais après, des faux types qui sont à l’alentour, qui marchent… Vous êtes vus à la loupe, mais on ne vous laissera pas hein ! Ça, c’est une vérité. On ne peut pas le laisser. Parce que les Guinéens ne pourront pas le dire aux Blancs. Moi, je suis-là, je dirai ça aux Blancs, je ne vais pas les aider, je vais leur dire. D’ailleurs, je demande aussi à Monsieur le Professeur Alpha Condé, à haute et intelligible voix, les gens qu’il a arrêtés, vraiment il n’a qu’à essayer de les gracier, il n’a qu’à les gracier, ce n’est pas un ordre que je donne, mais c’est une prière que je fais. Ceux qui sont en prison n’ont qu’à dire que ce n’est pas le Professeur qui les a arrêtés, ce n’est pas sa faute. C’est la faute de ces éléments-là, nous avons leurs noms. S’ils sont libérés, ils ne pourront que remercier le Président et c’est leur destin, c’est comme ça. Vous me comprenez bien ? D’habitude, je n’ai pas le temps vraiment de donner des interviews. Mais à vous, Espace, je sais que vous allez bien transmettre ça et que les Guinéens pourront mieux comprendre ça.

Je vous donne un cas aussi. Il y a mon ami-là, Baïdy Aribot, qui est rentré. Baïdy veut bien travailler avec Alpha Condé, mais il y a trop de démagogues qui sont à côté, de faux types qui sont à côté d’Alpha Condé. Sinon, un Baïdy, en le récupérant, c’est un gars qui a l’avenir. Ou bien ? Tibou on l’a mis à l’étranger tout ça là, il faut faire quelque chose. Ça, c’est une vérité. Mais, il y a des gens qui savent qu’ils ne peuvent rien faire… Il faut toucher les bons éléments… Mais, si ces gens-là continuent, nous avons leurs noms, leur liste. Mais quand je serai à côté, au Mali là-bas, ils me verront. D’ailleurs, ils ont tout fait. Alpha Condé, Kouyaté, Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo, ce sont eux qui ont combattu avec la société civile pour amener la démocratie en Guinée. Au lieu de conseiller ces gens-là, ils n’ont qu’à se donner la main, ils n’ont qu’à travailler la Guinée, ils sont là en train de rentrer entre eux, de les diviser, de faire autre chose. Mais, si j’étais à la place d’Alpha Condé, j’allais dire bon : écoutez, moi je me suis battu quarante ans, j’ai eu le pouvoir, ça c’est un. De deux, j’appelle vous mes jeunes frères, venez travailler la Guinée, si ça marche, c’est vous, si ça ne marche pas, c’est vous. Comme ça, la Guinée est tranquille et le pays est parti ! Mais, les arrivistes qui sont à côté là-bas, qui font du mal et gâtent les choses, ça peut aller ? Ça ne peut pas aller. Mais ils n’ont qu’à continuer, leur nom est ciblé, on les connaît. En cas de problèmes, c’est eux qui répondront un jour. Ce n’est pas bon, laissez les enfants-là, laissez-les évoluer, il ne faut pas casser leur avenir, ce n’est pas normal. C’est africain, hein ! C’est ça que je voulais dire… Est-ce que Alpha Condé écoute ce que je suis en train de dire comme ça ? Appelez le président, il n’a qu’à être à l’écoute de ça. Guirassy, mets le CD-là, amène chez Alpha Condé, va lui remettre ça. Certains sont en exil. Les faux types qui sont en Guinée là-bas, les mettent en exil pour rien. Ils ont leurs familles en Guinée là-bas. Des pauvres femmes, des enfants… A cause des maudits qui l’entourent… On s’occupera d’eux, hein, il ne faut qu’ils oublient ,hein. Ceux qui sont en prison, mais ce n’est pas Alpha Condé, hein ! Alpha Condé n’a rien à avoir dans ça. Est-ce que la plupart des Guinéens écoutent, ça ? Ces noms-là sont connus, il ne faut pas qu’ils oublient. Je suis tout près, au Mali, rien que pour eux. Amenez le CD.

Propos transcrits par Mamadou Siré Diallo et Souana Doré

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