En pleine crise politique à Madagascar, des soldats se sont emparés lundi soir d'un palais présidentiel désert d'Antananarivo, une démonstration de force symbolique après que le chef de l'opposition Andry Rajoelina eut appelé l'armée à arrêter le président Marc Ravalomanana.
Ce dernier s'était installé depuis quelque jours dans un autre palais de la capitale malgache, protégé par ses partisans et la garde présidentielle. Des soldats ont demandé lundi aux partisans de Marc Ravalomanana d'enlever les barrières installées près du palais où il s'est réfugié. Quelque 90 soldats ont pris lundi soir le contrôle du palais près duquel des soldats avaient ouvert le feu contre des manifestants de l'opposition le mois dernier, tuant au moins 25 personnes. C'est après ces événements, qu'une partie de l'armée a commencé à se désolidariser du président Marc Ravalomanana, et refusé de recevoir ses ordres, sans soutenir toutefois explicitement son rival Andry Rajoelina. Le chef d'état-major de l'armée malgache, André Andriarijaona, a déclaré sur les télévisions, dont i-Télé, que l'armée avait promis de restaurer le calme et la sérénité. "En second lieu, a poursuivi le militaire, nous ne voulons pas qu'une personne, je dirais, M. Marc Ravalomanana, persiste et signe". Un journaliste d'Associated Press avait vu les soldats faire entrer un blindée dans ce palais d'ordinaire utilisé pour les cérémonies officiels et qui semblait désert. Les soldats ont déclenché deux explosions et procédé à quelques tirs, sans explication, avant de briser des fenêtres et des portes à l'intérieur de l'édifice. Les militaires ont affirmé faire partie de la "nouvelle" armée malgache. Un porte-parole de cette faction, Noel Rakotonandrasana, a ensuite expliqué que le palais et ses environs avaient été "sécurisés" sans trouble ni résistance. Cette opération intervient en pleine confusion dans l'île, en proie à la crise politique depuis plusieurs semaines. Le chef de l'opposition Andry Rajoelina, qui réclame la démission de Marc Ravalomanana, s'est autoproclamé président ce week-end, a nommé un "gouvernement de transition" en promettant une nouvelle présidentielle d'ici deux ans. Mais le président, qui promet un référendum pour résoudre la crise, a une nouvelle fois exclu lundi de quitter le pouvoir. "Pour nous, le référendum est déjà fait, il n'a plus lieu d'être. Le peuple s'est déjà exprimé. Son avis est unique: Monsieur Ravalomanana doit démissionner. Il n'a plus aucun pouvoir", a déclaré M. Rajoelina lundi sur les ondes de la radio nationale. "Le plus pressé, maintenant, c'est de mettre en place le gouvernement de transition et d'organiser des élections présidentielles libres et transparentes dans les meilleurs délais". Le chef de l'opposition, âgé de 34 ans, a ensuite appelé l'armée et la police à arrêter Marc Ravalomanana. Le président, accusé par l'opposition de gaspiller les fonds publics et porter atteinte à la démocratie, a répété à l'issue du conseil des ministres qu'il "ne démissionnerai(t) jamais". "C'est le peuple qui doit dire si je dois rester ou pas. C'est la question que nous leur poserons au cours du référendum". Marc Ravalomanana a affirmé qu'une "commission électorale indépendante serait "mise en place pour organiser ce référendum". L'armée avait fait savoir dimanche qu'elle souhaitait rester en dehors de la crise politique et que sa première priorité était de rétablir l'ordre, selon un de ses porte-parole. Mais le nouveau chef autoproclamé des forces armées est considéré comme un pro-Rajoelina. AP