Le capitaine Ousmane Conté, fils ainé de l’ancien chef de l’Etat guinéen le général Lansana Conté qui a disparu le 22 décembre dernier après 24 ans de pouvoir absolu, est mort en prison au cours du weekend, au Camp Alpha Yaya où il était détenu depuis plusieurs jours après avoir été arrêté pour trafic de drogue, a t-on appris à Conakry.
Les circonstances du déces de Ousmane Conté, un officier de l’armée guinéenne, n’ont pas encore été révélées. Mais des sources proches de sa famille ont confié à AfricaLog qu’il souffrait de diabète et que son état de santé était dégradant. D’autres sources indépendantes avancent qu’il serait victime d’un empoisonnement par des répas que lui achéminaient ses geôliers. Le fils Conté avait été arrêté il ya une semaine dans le cadre d'une vaste campagne de ratissage contre les narcotraficants du pays déclanchée récemment par les autorités militaires. Devant la télévision nationale jeudi dernier, Conté avait reconnu sa complicité dans cette affaire, sans pour autant admettre qu’il en était le chef de file. Depuis le début des opérations, plusieurs hauts responsables militaires et civils guinéens ont été appréhendés dans le cadre de cette affaire qui défraie la chronique de l’actualité nationale. Des personnalités proches de l’ancien dictateur guinéen, y compris l’ex Première Dame, Madame Henriette Conté, ont été mises en cause par des témoins. Un jeune frère de Madame Conté, Saturin Bangoura, avait admis la semaine dernière à la télévision être impliqué avec des "amis colombiens" dans le trafic de drogue. Aux dernères nouvelles, le ministre des Postes, Télécoms et des Nouvelles technologies, le lieutenant-colonel Mathurin Bangoura, Mamadou «Mboh» Keïta, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, tous deux membres du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd) auraient été à leur tour, mis aux arrêts, selon le quotidien.sn en ligne. La même source rapporte que Sékouba Mouhamed Bangoura, ancien Directeur national de la police routière, Bakary Thamit Mara, Directeur général de l’Office de lutte anti-drogue, et Victor Traoré, Chef de la Brigade de répression du grand banditisme serauent également détenus. Sous le régime du général Lansana Conté, la Guinée était devenue une plaque tournante dans le trafic de stupéfiants en Afrique de l’ouest. En août 2008, un avion en provenance de Bissau et transportant de la cocaine avait attéri à Boké (300 km au nord de Conakry.) L’appareil n’a pu être saisi. Le gouverneur de Boké ainsi que plusieurs de ses proches collaborateurs avaient à l’époque été démis de leurs fonctions. Le fils Conté avait été cité dans cette affaire. Au crépuscule de la vie du général Lansana Conté, Ousmane revenait souvent dans les conversations comme un présumé successeur à la tête de l’Etat guinéen. Une hypothèse que certains observateurs avaient ironisé à cause de sa médiocrité intelectuelle. Nombreux sont aussi ceux qui se souviennent du fils Conté dit (OC) à Conakry comme un playboy qui faisait la ronde des boites de nuit et des hauts lieux de la capitale guinéenne en compagnie des jeunes dames, entouré des gardes du corps, avec des sacs d’argent en dévise étrangère dans sa voiture qu'il distribuait parfois à ses "griots." Si les arrestaions du weekend sont confirmées, impliquant directement certains membres du CNDD, ceci représenterait une autre preuve en date que le chef de la junte militaire guinéenne est confronté à un défi monumental dans ses efforts de toilettage d’un pays en proie à une crise économique et financière d'une profondeur exceptionnelle qui mettra du temps à résoudre. Outre le recouvrement des créances de l’Etat auquel iI s’est engagé depuis sa prise du pouvoir le 23 décembre dernier, le capitaine Dadis Camara doit également organiser les élections générales d’ici décembre prochain, condition nécéssaire et indispensable pour le retour à l’ordre constitutionnel. Parviendra t-il? -AfricaLog Par Alsény Ben Bangoura Washington