Le second tour de l'élection présidentielle en Guinée départagera un ancien gouvernant sous le régime du défunt général Conté, Cellou Dalein Diallo, et un opposant à tous les régimes depuis l'indépendance, Alpha Condé, selon les résultats provisoires du premier tour publiés vendredi.
La date de ce nouveau scrutin, initialement prévu le 18 juillet, n'a pas été confirmée.
Le 27 juin, plus de 3 millions de Guinéens s'étaient empressés de participer à la toute première élection libre et démocratique depuis l'indépendance du pays en 1958. Le taux de participation a atteint 77%, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Avec 39,72% des voix, Cellou Dalein Diallo est arrivé largement en tête devant Alpha Condé qui recueille 20,67% des suffrages.
Le président de la Céni, Ben Sékou Sylla, a annoncé mercredi soir très tard, au Palais du peuple: "Sous réserve de la confirmation par la Cour suprême, sont retenus pour se présenter au second tour les deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages exprimés au premier tour: ce sont respectivement et par ordre de suffrages obtenus, M. Cellou Dalein Diallo et M. Alpha Condé".
Deux autres anciens Premiers ministres sous le régime du défunt général-président Conté (1984-2008) sont en 3e et 4e positions: Sidya Touré avec 15,60% et Lansana Kouyaté avec 7,75%.
Cité parmi les grands favoris depuis le début de la campagne, Cellou Dalein Diallo, 58 ans, dirige l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti du charismatique opposant Mamadou Bâ décédé en 2009.
Natif du Foutah Djallon (centre), il bénéficie du soutien d'une grande partie de l'ethnie peul, une des plus importantes du pays.
Et si ses détracteurs lui reprochent d'être un "pur produit du système Conté", ses proches présentent au contraire comme "un atout" les dix années d'expérience gouvernementale de cet économiste, de 1996 à 2006.
Alpha Condé, 73 ans, d'ethnie malinké, n'a quant à lui jamais participé à un gouvernement, s'opposant à tous les régimes autoritaires qui se sont succédés depuis l'indépendance, et a vécu une grande partie de sa vie à l'étranger, en particulier à Paris.
Il avait été condamné à mort par contumace par le régime d'Ahmed Sékou Touré, en 1970. Puis, sous la présidence de Conté, il avait passé deux ans et demi en prison (1998-2001) pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".
L'AFP n'a pu obtenir de commentaire du leader du Rassemblement pour le peuple de Guinée (RPG), Alpha Condé, qui n'a pas souhaité recevoir de journalistes vendredi soir.
En revanche, Cellou Dalein Diallo a reçu la presse dans la soirée à son domicile, dans la banlieue de Conakry, et s'est dit "très optimiste".
Il a déjà invité les autres partis à une alliance pour le second tour. Et à la question de savoir s'il avait déjà pris contact avec Sidya Touré, il a répondu: "pas pour le moment, mais lui et moi avions appartenu au même gouvernement lorsqu'il était Premier ministre, je pense qu'il n'y a aucun problème pour que nous y allions ensemble".
Les résultats provisoires ont été publiés après cinq jours de suspense et de suspicion, la quasi-totalité des partis ayant surenchéri pour dénoncer des "fraudes".
La commission électorale avait elle aussi annoncé que "beaucoup de cas de fraudes" avaient été enregistrés et que des personnes avaient été "appréhendées" à Conakry et dans d'autres villes.
A présent, les candidats disposent d'un délai de huit jours pour contester les résultats devant la Cour suprême. - AFP