Le Premier ministre guinéen en compagnie des membres de son gouvernement a rendu une visite hier au Général Sékouba Konaté, Président de la Transition. C'était pour le Premier ministre Jean-Marie Doré l’opportunité d'exprimer son soutien au Président de la Transition après la manifestation des militants de Sidya Touré, candidat malheureux de l'UFR lors du premier tour du scrutin présidentiel du 27 juin dernier. AfricaLog, vous livre in extenso son intervention.
"Monsieur le Chef de l'Etat
Vous avez devant vous le gouvernement de la république que vous avez eu à nommer par décret pour prendre en charge, sous votre direction, la totalité des affaires de notre pays. Tous se félicitent, à ce stade, de la chance qu'ils ont eu de vous avoir comme Chef de l'Etat qui oriente avec lucidité l'action que nous tous, nous devons mener pour que notre pays retrouve le chemin de la constitutionnalité, dans l'ordre et la discipline. Toutes ces denrées rares sans lesquelles il n'est pas possible de bâtir une Nation. Ce ne sont pas des spéculations intellectuelles, c'est l'expression de notre conviction profonde que nous avons eu la chance de cheminer avec vous. Dieu seul connaît l'avenir. Mais à cause de vos bonnes actions et de celles des membres de votre gouvernement, je ne doute pas que l'avenir sera bon. Je suis convaincu qu'il sera bien et c'est notre récompense que nous ne faisons rien qui puisse faire douter de l'avenir de notre pays.
Nous avons travaillé dans des conditions difficiles pour que les délais qu'on nous a imposés sans nous donner la possibilité de les étudier soient tenus parce que vous êtes un grand soldat, vous avez donné votre parole, vous avez tenu contre vents et marées, on ne prend pas en défaut de violer votre engagement. Et chacun de vos ministres ici présents s'est engagé résolument sur le terrain à faire en sorte que l'engagement que vous avez pris soit l'engagement de chacun en particulier. Peut-être que les gens nous attendaient au tournant pour nous prendre en porte-à-faux entre notre déclaration et nos actions. Nous avons remplis notre contrat, le 27 juin, les élections imposées par la communauté internationale ont eu lieu. Et la communauté internationale nous a mis devant une situation paradoxale : on ne vous aidera que quand les élections auront lieu. Comme pour dire à un malade quand tu seras guéri, on te donnera le médicament. Nous avons résisté à l'action des microbes pathogènes et nous nous sommes guéris par la puissance de nos corps. Parce que le corps de la Guinée est un corps solide.
Ces élections, au lieu de nous remercier, des esprits malins s'acharnent à tisser une toile nouvelle faite de mensonges et de calomnies pour mettre en doute notre bilan qui n'a pas besoin d'être défendu; il parle par lui-même. Le gouvernement ne peut pas rester indifférent quand des bruits sont suscités artificiellement contre la clarté de la vérité pour mettre en doute l'homme que vous êtes et le Chef d'État que vous êtes. Le gouvernement refuse absolument d'entendre que de telles paroles se profèrent en Guinée, aujourd'hui, devant ce bilan-là, devant ce parcours-là. C'est pourquoi le gouvernement, dans sa réunion que nous venons de tenir, a analysé la situation qui prévaut et a condamné sans appel, énergiquement, toutes les sources d'où sont venues les paroles inacceptables, inflammables, basses, que nous avons entendues depuis vendredi jusqu'à ce matin.
Le gouvernement condamne absolument ces bruits et ceux qui les ont commandités. Et sur la même lancée, le gouvernement réuni encore à l'unanimité, a décidé de venir vous voir pour vous renouveler son attachement mais surtout dans cette phase, sa solidarité totale. Le gouvernement veut qu'en tant que corps, son corps se confonde avec votre corps devant la Nation, devant l'histoire. Nous avons relevé tous les défis, la Guinée dans ses difficultés, a trouvé les ressources à cause de vous pour que nous restions debout mais que nous marchions, mais pas debout de manière statique. Nous sommes debout dans le mouvement derrière vous.
Nous vous prions, Monsieur le Président, de ne pas écouter les bruits de la ville basse. C'est les médiocres qui rampent , les hommes biens sont debout et regardent le soleil en face comme des aigles. Nous vous prions de rester debout, de conduire la Guinée vers le meilleur destin. Et dans cette pause-là, nous attendons le fonctionnement des institutions de la République. Il reste une institution à se prononcer, la Cour Suprême. Elle va entendre tous les protagonistes du dernier scrutin, elle va prendre une décision. Nous nous engageons, comme vous vous étiez engagés lors de l'acceptation de la date du 27 juin, qui n'a jamais été étudiée par nous, à respecter le verdict de la Cour Suprême. Avec vous nous ferons en sorte que la Guinée reste debout, pour qu'elle reflète notre fierté d'être des citoyens de ce pays bâti par nos ancêtres. Nous vous saluons et nous vous disons que vous êtes un grand chef.
Ce n'est pas seulement que les militaires vous ont conféré un grade parce que vous êtes leur grand chef, mais c'est toute la Guinée unie à ses guerriers qui vous ont porté à ce stade. Nous voulons que, comme une grande flamme qui brille et qui brûle même l'ignominie, vous considérez les injures comme faisant partie de la cendre. Et que votre gouvernement fait corps avec vous, qu'il vous soutient, il est solidaire de vous et il vous prie de regarder, et de ne regarder que le destin solidaire et indivisible de notre patrie.
Je vous remercie infiniment, Monsieur le Président."