Depuis le 3 juillet 2010, date de proclamation provisoire des résultats de la présidentielle du 27 juin, les Guinéens vivent dans l’expectative, si ce n’est dans l’angoisse, dans l’attente des résultats définitifs de la Cour suprême. Programmé N fois et toujours reporté, le verdict définitif des urnes du 1er tour de ce scrutin sera en principe donné aujourd’hui 20 juillet dans la journée, si l’on en croit Robert Guilao, conseiller à la Cour suprême.
Pourtant, que de menaces, de violences et hélas de morts d’hommes et surtout de contestations postélectorales avant d’en arriver là ! Dès l’annonce des résultats provisoires du 1er tour qui donnaient l’identité des 2 challengers Cellou Dallein Diallo et Alpha Condé, suivis de Sidya en 3e position, ce fut le branle-bas de combat, surtout chez le patron de l’Union des forces républicaines (UFR).
Sidya Touré qui a contesté sa place de "faiseur de rois" à de qui tenir : en effet, sur les 24 présidentiables, 21 ont donné de la voix, Cellou Dallein Diallo, l’hyper favori en tête, pour dénoncer des fraudes massives. Alors, si le président de l’UFR s’estime floué de sa position de second, c’est une attitude compréhensible.
Entre lui et le professeur Alpha Condé, il y a 5 points de différence. Après donc tous ces dommages collatéraux, propres pratiquement à tous les scrutins africains, et surtout après des chassés-croisés diplomatiques à Conakry (Jean-Ping de l’Union africaine, ATT du Mali), les Guinéens s’apprêtent à vivre une des nuits les plus longues du pays.
Attendus pour hier lundi 19 juillet, les résultats définitifs fixeront ce mardi 20 juillet 2010 les états-majors politiques, chacun en ce qui le concerne, sur la position de son champion. Il faut d’ailleurs féliciter cette Cour suprême qui a pris tout le temps qu’il fallait pour vider tous les contentieux électoraux.
La paix sociale pour un pays qui émerge de 52 ans de pouvoir éclairé ou bouclé vaut bien plusieurs semaines de patience. La nuit de ce lundi à mardi et surtout au moment où vous lirez ce papier, l’atmosphère sera à couper au couteau en Guinée, tant la fébrilité, les espoirs, les rancœurs et autres calculs politiques sont immenses.
Au demeurant, ce sera toujours un calme précaire qui prévaudra les jours qui suivront ces résultats définitifs du 1er tour.
On est d’autant enclin à le croire qu’après le président intérimaire, le général Sékouba Konaté, le Premier ministre Jean-Marie Doré a évoqué également des velléités de déstabilisation du pays. Vrai ou faux ? En tout cas, ce n’est pas une annonce à rasséréner des populations qui ont placé leurs espérances dans ce processus électoral.
Du reste, on ignore également ce que va servir cette Cour suprême qui, manifestement, a 3 scénarii :
confirmer les résultats de la CENI, qui donnent 39,72% à Cellou Dallein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), 20,67% au professeur Alpha Condé du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et 15,60% à Sidya Touré de l’UFR ;
bouleverser cet ordre d’arrivée et permettre par exemple, à Sidya de combler son gap pour être au second tour ;
enfin, reprendre le 1er tour, comme le stipule l’article 118 de la Constitution, au cas où il y aurait des fraudes massives.
Le souhait de tous les démocrates, et sans doute celui de tous les Guinéens, est que tous les postulants s’inclinent devant ces résultats de la Cour suprême et reconnaissent l’autorité de la chose jugée. Et que soit fixée la date du second round. – L’Observateur Paalga