L'état d'urgence instauré le 17 novembre après des violences post-électorales a été levé vendredi 10 décembre. Les auditeurs et téléspectateurs guinéens ont été surpris de voir le général de division Nouhou Thiam, Chef d’état-major général des armées passer sur les antennes de la radio télévision guinéenne alors que le 8 décembre, le Premier ministre Jean-Marie Doré avait donné des instructions fermes sur la marche des affaires de l’Etat en cette fin de transition. Qué pasa ?
Acte 1:
Dans une note adressée aux « membres du gouvernement, au gouverneur de la Banque Centrale, aux gouverneurs et préfets, ainsi qu’aux directeurs nationaux et directeurs des entreprises et établissements publics», le mercredi, 8 décembre 2010, le Premier ministre Jean-Marie Doré donnait des instructions qui seraient inspirées du nouvel élu des guinéens, Pr. Alpha Condé, pour la transparence et la gestion des affaires publiques. Quelques instructions du premier ministre Jean-Marie Doré:
-Les dépenses exécutées et les encaissements de recettes réalisées doivent faire l’objet de rapports et de justifications à présenter au ministre de l’Economie et des Finances.
-Dorénavant, et en attendant la mise en place du nouveau gouvernement, tout mouvement de fonctionnaires ou d’agents de l’Etat est suspendu.
Acte 2:
Le ministre guinéen des Affaires étrangères, Bokari Fofana, arrive à Luanda en Angola, le vendredi 10 décembre pour la remise d’un message du président élu Alpha Condé à son homologue angolais, José Eduardo dos Santos. On peut penser que le gouvernement sortant et le gouvernement entrant travaillent ensemble pour la bonne continuité des affaires de l’Etat. Un acte de continuité de l’administration guinéenne. L’acte suivant va surprendre les observateurs.
Acte 3:
Le général de division Nouhou Thiam, Chef d’état-major général des armées passe sur les antennes de la radio télévision guinéenne le vendredi, 10 décembre 2010 pour lire le décret N°297/PRG/CNDD/SGPRG/2010 portant levée de l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national.
Cet acte présidentiel est ainsi libellé:
« Le Président de la transition, Président de la République par intérim, (…)
- Vu le second tour des élections présidentielles,
- Vu les articles 84 et 90 de la Constitution,
Décrète :
- Article 1er : L’état d’urgence qui a été décrété sur toute l’étendue du territoire national conformément au décret N° 280/PRG/CNDD/SGPRG/2010 du 17 novembre 2010 est levé sur toute l’étendue du territoire national à compter de ce jour vendredi, 10 décembre 2010.
- Article 2 : Le Premier ministre – Chef du gouvernement, le Chef d’état-major général des armées, les Chefs d’état-major particuliers, les Commandants des régions militaires, les Commandants des bataillons autonomes et les Commandants des unités de la capitale (BQG, BIC, BSC et BGM) sont chargés de l’application correcte du présent décret.
Article 3 : Le présent décret qui abroge toutes dispositions antérieures contraires, prend effet à compter de sa date de signature et sera enregistré et publié au Journal Officiel de la République.
Conakry, le 10 décembre 2010.
Général d’armée Sékouba Konaté
Président de la transition, Président de la République par intérim,
Ministre de la Défense nationale.»
Les Guinéens sont toujours dans l'attente de l’investiture du nouveau président, le Pr. Alpha Condé. Ce rappel à l’ordre du général Sékouba Konaté abroge toutes les instructions du Premier ministre Jean Marie Doré, démontrant qu’il ya la cacophonie au sommet de l’Etat. Le retour du président de la Transition, le général Sékouba Konaté est annoncé.
Qu’est ce que le président élu attend pour prêter serment et mettre fin à la confusion?
Le 22 décembre 2008 après la mort du président Lansana Conté, le président de l’Assemblée nationale Aboubacar Somparé doit attendre le lendemain dans les circonstances à controverse pour prêter serment. Entretemps, le capitaine Moussa Dadis Camara passe à l’action et fait son putsch. – AfricaLog.com