Ahmed Tidiane Souaré promet de jouer le rôle que lui confiera Alpha Condé. Début juin, le Président Alpha Condé avait nommé Ahmed Tidiane Souaré, le dernier Premier ministre du Général Lansana Conté, comme son Conseiller spécial, avec rang de Ministre d’Etat.
Rappelons qu’il avait également nommé au sein de son cabinet, d’autres anciens hauts dignitaires du régime du défunt Lansana Conté, de la taille de Fodé Bangoura, Alpha Ibrahima Keira, Mamadou Cellou Dalein Diallo.
De là à dire qu’Alpha Condé tient à faire du neuf avec de l’ancien, il n’y a qu’un pas que certains ont déjà franchi. Pour avoir rappelé aux affaires du pays des fidèles parmi les fidèles de Lansana Conté dans son cabinet Présidentiel, Alpha Condé a semé le doute dans bien des esprits. Les guinéens qui croient connaître les torts que ces anciens leur ont fait subir à travers une mal gouvernance ont amèrement critiqué ces actes du Président Alpha Condé. Même si celui-ci a toujours soutenu que ces ex- ministres de Conté n’ont fait qu’obéir au « système Conté », et que désormais ils devront appliquer le sien. Mais le scepticisme des Guinéens demeure quant à la satisfaction des besoins socio-économiques par des actes que les caciques de la deuxième République vont poser.
Malgré quelques réformes positives engagées dans certains secteurs, (sécurité et mines notamment) après six mois de gestion du pouvoir par Alpha Condé, la population est encore confrontée à un quotidien marquée par la vie chère, le manque criard d’eau et d’électricité dans les ménages, notamment à Conakry. Un manque devenu plus aigu qu’il ne l’était il y a six mois.
Pour ces populations, la faute est imputable aux actes posés par les anciens ministres (CNDD et deuxième République) auxquels Alpha Condé à fait appel à ses côtés pour mettre en place sa vision du changement et de rassemblement des Guinéens.
Ces anciens fidèles de Conté ne manquent pourtant pas d’audace pour se défendre, chaque fois que l’occasion leur ait donnée. A l’image d’Ahmed Tidiane Souaré, qui au lendemain de sa nomination, à son domicile de Camayenne, Conakry, a affirmé : «Je jouerai le rôle qu’il (le Président Alpha Condé Ndlr) voudra me confier. Mais je m’imagine déjà que j’ai vocation de rassembler et de réconcilier. Je souhaiterais apporter une contribution dans le recollage du lambeau du tissu social.»
Le Conseiller spécial d’Alpha Condé se dit convaincu «qu’on peut faire du neuf avec de l’ancien. Moi, ce qui me trouble un peu, c’est la lecture de notre pays. Depuis le gouvernement du Premier ministre Dalein, nous sommes en prise à des crises. Chaque fois, nous appelons le changement. Mais chaque fois que nous avons changé, nous tombons plus bas. Le gouvernement du Premier ministre, Cellou Dalein était meilleur au suivant, et ainsi de suite. Quand nous sommes venus aux affaires et au lendemain du décès du Président Conté, on a dit que nous avons gâté ce pays, on a mal géré les biens publics, et qu’il faut changer. On a changé. Les résultats, ce sont les morts, les audits à la chasse aux sorcières, l’angoisse pour tout le monde, la mauvaise gestion financière, le délabrement de l’Etat.»
Pour Ahmed Tidiane Souaré, ce n’est pas un problème de personne. Il insiste: «Chaque personne peut apporter sa contribution dans un cadre donné. Il n’y avait pas de cadres formés pour le Général Conté et des cadres à former pour le Pr Alpha Condé. Nous, qui devons développer ce pays, nous sommes mieux placés aujourd’hui pour nous regarder en face et dire : hier, je m’étais trompé sur ce point, si j’ai l’opportunité aujourd’hui, je veux changer. Cela vaut mieux que de demander à tous ceux qui ont géré la Guinée de quitter le pays. Mais vous allez vous faire des frustrés, tout en réduisant l’énergie à consacrer au développement.»
Les anciens ministres des Mines Ahmed Tidiane Souaré (2005-2006), Ousmane Sylla (2006-2007), Ahmed Kanté (2007-2008) et Louncény Nabé (2008), avaient été arrêtés par l'Office de répression de la délinquance économique et financière (ORDEF) de la junte du Capitaine Moussa Dadis Camara.
Ces hauts responsables de l'ancien régime avaient reconnu avoir touché au fonds minier pour des dépenses internes.
Ahmed Tidiane Souaré était accusé de détournement de 12 milliards de francs guinéens. Il avait expliqué que cet argent avait servi à équiper le département des mines en ordinateurs, climatiseurs et d'une soixantaine de véhicules pour les cadres du département.
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