Le retour de Dominique Strauss-Kahn en France pourrait s'avérer encombrant pour le Parti socialiste (PS), à cinq semaines du premier tour des primaires. Alors que la parole de l'ancien patron du Fonds monétaire international est attendue dans les prochains jours, les ténors socialistes restent divisés sur l'attitude à adopter.
Dimanche matin, les soutiens de DSK se sont largement exprimés dans les médias. Ils ont assuré que leur chef de file en ferait autant prochainement.
Dominique Strauss-Kahn et son épouse Anne Sinclair «ont subi une épreuve terrible. Ils ont fait preuve d'une dignité, une force d'âme, une puissance de caractère et d'un courage assez exceptionnels», leur a rendu hommage le député du Pas-de-Calais Jack Lang, interrogé par l'Associated Press.
«Je ne sais pas à quel moment, à quelles conditions, mais si (DSK) le veux, il peut jouer, pas nécessairement dans la campagne, mais la vie du pays, la vie de l'Europe, un rôle très important», a poursuivi l'ancien ministre.
«Le temps de la reconstruction commence», écrit le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis sur son blogue. «Aujourd'hui, DSK est libre de son rythme et de ses choix (...) La sévérité des jugements à l'emporte-pièce se relativisera (...) La France face à cette crise économique aura besoin de son talent et l'épreuve inouïe l'aura mûri».
Selon Jean-Marie Le Guen, autre proche de Dominique Strauss-Kahn, ce dernier «a l'intention de s'exprimer bientôt». «Ce que je sais, c'est que sa volonté est de s'expliquer, de parler aux Français», très «directement» et «franchement», a assuré le député PS de Paris sur France-Info.
Le retour de Dominique Strauss-Kahn intervient alors que les candidats socialistes battent campagne en vue de la primaire -dont les deux tours sont prévus les 9 et 16 octobre - et que les sujets de tension ne manquent pas entre les différents camps.
«Le Parti socialiste, je ne pense pas qu'il soit en rien gêné, à part quelques responsables, mais vous savez, nous sommes en primaire, donc ça peut aider M. Montebourg à faire un effet de manche», a lâché dimanche matin Michèle Sabban, vice-présidente PS du conseil régional d'Ile-de-France et soutien de DSK, sur BFM-TV. Arnaud Montebourg, candidat à l'investiture du PS, avait estimé mercredi sur itélé que DSK «aurait dû» faire «des excuses» à «la gauche et à l'ensemble des électeurs socialistes».
Pendant l'université d'été de La Rochelle, du 26 au 28 août, les ténors socialistes s'en étaient pourtant tenus à une ligne de conduite: silence sur DSK. Une gêne liée notamment aux conséquences supposées de l'affaire dans l'opinion publique.
Autrefois grand favori des sondages en vue de la présidentielle de 2012, Dominique Strauss-Kahn apparaît désormais comme un handicap potentiel. Selon un sondage BVA publié le 26 août, 58% des Français pensent que «ce serait plutôt une mauvaise chose» pour le PS que l'ancien patron du FMI «joue un rôle politique important pendant la campagne présidentielle»
Le silence a été rompu par Martine Aubry mardi dernier sur Canal+. «Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de Dominique Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes», a déclaré celle qui, par ailleurs, a de nombreuses fois assuré DSK de son «amitié» et de son «soutien».
Ségolène Royal a saisi l'occasion pour rétorquer, jeudi sur itélé: «Moi, je ne change pas d'avis en fonction des opportunités politiques ou de telle ou telle clientèle électorale (...) J'avance tranquillement sans retourner ma veste au gré des événements»...
Quant à François Hollande, il apparaît comme le grand vainqueur de la non-candidature de DSK, au regard des enquêtes d'opinion, qui le donnent favori de la primaire.
Le sondage a été réalisé auprès d'un échantillon national de 1026 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas, recruté par téléphone et interrogé par internet, les 23 et 24 août. – AfricaLog avec AP