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Aimé Césaire: Le chantre de la négritude

Feb 11, 2010

CrĂ©ateur et promoteur de la « nĂ©gritude », AimĂ© CĂ©saire l'est. Ce mouvement littĂ©raire qui a vu le jour Ă  Paris dans les annĂ©es 30 Ă  la faveur de sa rencontre avec Senghor et Damas. En 1932, les Ă©crivains martiniquais se rĂ©voltent contre la poĂ©sie française qu'ils considèrent comme surannĂ©e et publient une revue rĂ©volutionnaire « LĂ©gitime DĂ©fense », grand cri nègre dans laquelle ils revendiquent leur identitĂ© culturelle. Deux ans plus tard, ils dĂ©noncent la sĂ©grĂ©gation raciale et revendiquent leurs droits Ă  la dignitĂ© et Ă  la culture nĂ©gro-africaine dans « L'Ă©tudiant noir ». « La nĂ©gritude est la simple reconnaissance du fait d'ĂŞtre noir et l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture », clarifie AimĂ© CĂ©saire. Ces jeunes Ă©tudiants noirs, que sont LĂ©opold Sedar Senghor, Birago Diop, AimĂ© CĂ©saire, Ousmane SocĂ©, LĂ©on Gontran Damas venus d'Afrique et des Antilles, mobilisĂ©s en France sont Ă  l'origine du concept littĂ©rature nĂ©gro-africaine. DĂ©ployĂ©e Ă  travers le monde et concernant toute la diaspora noire, elle s'est officialisĂ©e Ă  la fin de la première guerre mondiale dans le Harlem oĂą les noirs, en l'occurrence Marcus Garvey remettent en question l'assujettissement des noirs par la race blanche. 

Rencontres

Issu d'une famille rejetĂ©e Ă  l'Ă©cume de la sociĂ©tĂ©, extrĂŞmement misĂ©rable, fils de petit fonctionnaire et d'ouvrière, AimĂ© CĂ©saire qui voit le jour le 25 juin 1913 Ă  Basse pointe en Martinique trime dur et rĂ©ussit au concours des bourses au lycĂ©e Schoelcher de Fort-de-France. Dans lequel il fait la connaissance en terminale de LĂ©on Gontran Damas, avec qui il lie de sincères amitiĂ©s. Il se rend en France après son baccalaurĂ©at, frĂ©quente au lycĂ©e Louis le Grand oĂą il retrouve son vieux camarade du lycĂ©e Schoelcher, Senghor, et Ousmane SocĂ©. Ensemble, ils mettent sur pied une rĂ©flexion sur le sort du nègre colonisĂ©. Puis fondent « LĂ©gitime DĂ©fense », journal qui ne paraĂ®t qu'en un seul numĂ©ro, car interdit par les autoritĂ©s françaises qui le trouvent très violent. En 1935, le dĂ©fenseur de la cause noire entre Ă  l'Ă©cole normale supĂ©rieure et contribue Ă  l'Ă©closion de la nĂ©gritude. Il en sort malheureusement les mains vides, après avoir Ă©chouĂ© son agrĂ©gation de lettres. A la veille de la 2e guerre mondiale, CĂ©saire rentre en Martinique et rencontre AndrĂ© Bretton, chef de file du mouvement surrĂ©aliste français qui renforce sa tendance surrĂ©aliste. Parallèlement il enseigne au lycĂ©e Schoelcher oĂą Ă©lèves et professeurs lui vouent un respect ineffable. A la suite de la libĂ©ration de la France, le promoteur de la nĂ©gritude retourne Ă  Paris comme dĂ©putĂ© de la Martinique Ă  l'AssemblĂ©e nationale française. Il dĂ©missionne du parti communiste français en 1956 par la fameuse « Lettre Ă  Maurice Thorez ». Depuis lors, il participe Ă  divers festivals internationaux et dĂ©fend la cause des noirs. Chef de son parti, il est aussi maire de Fort-de-France. 

Ecrivain pluridimensionnel

La négritude césairienne est essentiellement révolutionnaire et tournée vers l'avenir. Il mène une activité culturelle appréciable. Et se présente comme l'un des écrivains les plus respectés et les plus étudiés à travers le monde. Il dénonce l'esclavage, l'europeocentrisme. En 1995 et 1997, les 187 Etats membres présents à la conférence générale de l'Unesco ont tenu à ce que ses œuvres soient le ferment qui alimente l'ensemble des programmes de l'organisation. Ecrivain pluridimensionnel et prolixe, l'homme s'est essayé au théâtre et à la poésie : Cahier d'un retour au pays natal (1939) ; Les armes miraculeuses (1946) ; Soleil cou coupé (1948) ; Corps perdu (1949) ; Ferrements (1960); Cadastre (1961). Moi Laminaire (1982) ; Et les chiens se taisaient (1956) ; La tragédie du roi Christophe (1963) ; Une saison au Congo (1967) ; Une tempête (1969) ; Discours sur le colonialisme (1955, essai) ; Toussaint Louverture (1962, oeuvre historique) ; Oeuvres complètes ; Lettre à Maurice Thorez. Depuis sa Martinique natale, Aimé Césaire avançait modestement : « je crois honnêtement avoir contribué à remettre le peuple martiniquais sur le chemin de la liberté, de la dignité et de la responsabilité. C'est ma contribution à l'histoire ». Aimé Cesaire est mort le 17 Avril 2008 à Fort-de-France

Extrait du "Cahiers du Retour au Pays Natal"

« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la libertĂ© de celles qui s'affaissent au cachot du dĂ©sespoir …Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stĂ©rile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »  - AfricaLog

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