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Mehdi Ben Barka: Le révolutionnaire marocain

Feb 11, 2010

Près  de quatre dĂ©cennies après sa disparition, les vĂ©ritables causes de la mort du principal opposant au rĂ©gime marocain Mehdi Ben Barka, demeurent  inĂ©lucidĂ©es. Un flou juridique, entretenu aussi bien par les autoritĂ©s marocaines que françaises continue de persister. Tout au plus, on ne connaĂ®t que la version rapportĂ©e par le quotidien français Le Monde et l'hebdomadaire marocain Le Journal. Après plusieurs mois d'enquĂŞtes et de recherches approfondies. Selon elles, l'opposant exilĂ© au Caire ou Ă  Genève, qui se savait en danger de mort fut attirĂ© Ă  Paris par ses ravisseurs sous un grossier prĂ©texte. SollicitĂ© pour servir de « Conseiller » Ă  un film sur la dĂ©colonisation, intitulĂ© "Basta", Ben Barka avait acceptĂ© le rendez-vous avec les promoteurs du projet cinĂ©matographique au Drugstore, sur le boulevard Saint-Germain. 

Le Vendredi 29 octobre 1965 Ă  12h30,  Ben Barka est interpellĂ© devant la brasserie Lipp par deux policiers français au service des commanditaires marocains. Il fut torturĂ© Ă  mort dans une villa de Fontenay-le-Vicomte par le GĂ©nĂ©ral Oufkir, alors ministre de l'IntĂ©rieur de Hassan II et par son adjoint, le commandant Dlimi. Son corps fut ensuite acheminĂ© vers Orly, transportĂ© au Maroc et dissous dans une cuve remplie d'acide.

Militantisme

NĂ© en 1920 Ă  Rabbat, de Ahmed , un père « fait tout », Ben Barka s'inscrit d'abord Ă  l'Ă©cole coranique comme il est de tradition, avant d'intĂ©grer l'Ă©cole française grâce au concours d'un notable de la rĂ©gion. Il gravit très rapidement les Ă©chelons et se retrouve au Collège puis au lycĂ©e Gouraud de rabat oĂą il dĂ©croche son Bac mathĂ©matiques en 1938. Parallèlement, il adhère au Parti national sans que l'on ne sache exactement ce qu'il voulait vu son adolescence. Au bout du compte, c'est un Ben Barka intrĂ©pide en politique et en Ă©tudes qu'on voit naĂ®tre. 

Il parvient à obtenir sa licence en mathématiques-physique à la Faculté d'Alger en 1942. Qui lui ouvre la porte de l'enseignement. Il dispense les cours au Collège Royal de Rabat et retrouve dans sa classe le futur roi du Maroc, Hassan II. Auparavant, son militantisme le conduit à la vice-présidence de l'AEMAN (Association des Etudiants Musulmans d'Afrique du Nord). A plusieurs reprises, il est incarcéré par l'administration coloniale qui lui reproche non seulement son activisme au sein de l'Istiqlal, principal parti national marocain, mais son appartenance à l'armée de libération nationale du Maroc (ALN).

 Après l'indĂ©pendance du Maroc en 1956, Mehdi Ben Barka se brouille avec Allel el Fassi, chef de l'Istiqlal, pour divergences de vues. En collaboration avec Abderrahmane Bouabid, il fonde l'UNFP (Union Nationale des Forces Populaires). Les ruptures se poursuivent. Son chemin et celui de Mohamed V, puis de Hassan II ne se croiseront plus. 

En 1960, il est l'un des pères fondateurs de la Tricontinentale, mouvement afro-asiatique, anti-impĂ©rialiste. Il recommande ouvertement l'abolition du « rĂ©gime fĂ©odal et personnel ». En 1962 au congrès de l'UNFP, il conseille la solidaritĂ© avec la « RĂ©volution algĂ©rienne ». Lorsque dĂ©clenche la guerre AlgĂ©rie-Maroc, Ben Barka est dĂ©clarĂ© persona non grata, ennemi du peuple marocain. Hassan II dĂ©crète l'Ă©tat d'urgence et fait arrĂŞter 5000 militants du leader de l'opposition qui se rĂ©fugie Ă  Alger et rencontre Che Guevara. 

Le 22 Novembre 1963, il est condamnĂ© Ă  mort par contumace pour complot et tentative d'assassinat contre le roi. Commence alors sa descente aux enfers qui le conduit tour Ă  tour au Caire, Rome, Genève. C'est au cours  d'une de ses pĂ©ripĂ©ties que la machine Ă  broyer marocaine mise sur pied par les autoritĂ©s parvient Ă  le faire sortir de sa cachette et Ă  l'Ă©craser, par un stratagème bien huilĂ©. Aujourd'hui, sa famille revenue au Maroc après trente quatre ans d'exil crie sur tous les toits pour que la lumière soit faite sur cet assassinat d'un opposant devenu trop gĂŞnant. - AfricaLog

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