Gabon: «Qu'ils vous tuent, s'ils doivent vous tuer, Ali Bongo sera le président des cadavres et des pierres tombales» | Alog News | www.africalog.com
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Gabon: «Qu'ils vous tuent, s'ils doivent vous tuer, Ali Bongo sera le président des cadavres et des pierres tombales»

Sep 03, 2009

Les opposants au nouveau président gabonais Ali Bongo, rassemblés devant leur ambassade à Paris, bouclée par les forces de l'ordre, dénoncent un «coup d'Etat».

Pour eux, c'est une évidence: la victoire d'Ali Bongo est un coup d'Etat. Une vingtaine de Gabonais, réunis devant l'ambassade de leur pays dans le XVIe arrondissement de Paris, ont laissé éclater leur colère, jeudi. Ali Bongo, fils d'Omar, président décédé en juin après 40 ans de pouvoir, a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle en début d'après-midi à Libreville. Aux dépens de Pierre Mamboundou et de Mba Obame, qui avaient revendiqué la victoire, lundi.

Ambassade fermée

Sous la fine pluie parisienne, la colère des Gabonais est double: non seulement ils refusent catégoriquement l'élection d'Ali Bongo, qui selon eux a «volé ces élections», mais ils voient se dresser devant eux une barrière de CRS, qui bloque l'accès à l'ambassade, fermée. La rangée de fonctionnaires de police est vécue comme le symbole de la complicité de l'Etat français. «On ne peut même pas rentrer sur notre territoire», s'emporte Michael, exaspéré. Plus tôt dans la journée, l'étudiant avait profité de la faible présence policière du moment pour tenter de pénétrer dans le bâtiment, bravant les grilles dressées devant l'ambassade. Il avait été rattrappé illico, provoquant l'arrivée de renforts policiers conséquents. «Ce qui se passe chez vous, ça reste chez vous», explique calmement un responsable de la police aux manifestants.

Accusations de fraude

Depuis dimanche, jour des élections, la tension n'est pas redescendue. D'étranges manoeuvres ont été observées au sein de l'ambassade, dimanche, provoquant l'ire des Gabonais, qui avaient placé beaucoup d'espoir dans cette élection présidentielle. Selon le vice-président de la commission consulaire électorale de Paris, Jean-Claude Kombila, cité par l'AFP, une fraude aurait été organisée au sein même de l'ambassade: 143 cartes d'électeurs factices se trouvaient au cinquième étage de l'immeuble, et auraient été proposées à des partisans d'Ali Bongo pour gonfler les urnes en sa faveur. L'incident avait provoqué une bagarre, d'où le dispositif policier.

«On sera là tous les jours», promet Philippe, désespéré. S'il contient sa colère, une jeune femme s'emporte. «Comment on peut ne pas s'énerver?» rétorque la femme à ceux qui tentent de l'apaiser. Au téléphone, un autre cherche à remonter le moral d'un membre de sa famille, à Libreville: «Ne restez pas chez vous, sortez dans les rues!». A 5450 kilomètres de là, Ali Bongo est le nouveau président du Gabon, et les bérets rouges dispersent la foule. «Qu'ils vous tuent, s'ils doivent vous tuer, continue-t-il. Quoi qu'il arrive, Ali Bongo sera le président des cadavres et des pierres tombales». – Libération