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Amnesty dénonce une « faille » dans la justice mondiale

May 27, 2010

En dépit d'avancées non négligeables, la justice mondiale présente une "faille" qui ne tend qu'à s'aggraver sous l'effet des blocages de puissants Etats et condamne de fait des millions de personnes, dénonce Amnesty International dans son Rapport 2010 diffusé jeudi. L'organisation y dresse un sombre tableau des atteintes aux droits humains dans 159 pays.

L'organisation de défense des droits de l'Homme accuse certains gouvernements de se placer au-dessus du droit, de protéger leurs alliés et de n'agir qu'en fonction de leurs intérêts politiques. Pour éviter cela, Amnesty International (AI) demande aux pays de rendre compte de leurs actions, de permettre que les crimes de droit international donnent lieu à des poursuites et appelle les gouvernements à adhérer pleinement au Statut de Rome qui a créé un système fondé sur deux piliers: la Cour pénale internationale (CPI) d'un côté, les justices nationales de l'autre.

Le Statut de Rome adopté en juillet 1998 été ratifié par 111 Etats mais pas par sept pays du G-20 (Etats-Unis, Chine, Russie, Turquie, Inde, Indonésie et Arabie saoudite) qui "refusent de rendre des comptes", comme l'a souligné mercredi à Paris Geneviève Garrigos, présidente d'AI France.
La Conférence de révision du Statut de Rome, qui doit faire le bilan des premières années de fonctionnement de la CPI, à partir du 31 mai à Kampala (Ouganda), offrira l'occasion aux Etats de montrer leurs engagements envers la Cour.

Pour l'organisation, les pays prétendant à un rôle majeur, en particulier ceux du G-20, doivent donner l'exemple. "Les Etats doivent veiller à ce que personne ne se place au-dessus des lois" et tant "que les gouvernements subordonneront la justice à leurs intérêts politiques, la plus grande partie de l'humanité ne pourra vivre libérée de la terreur et de la misère", observe le secrétaire général d'AI par intérim, Claudio Cordone.

Car la "faille de la justice mondiale" a permis l'an passé une dure répression, selon le Rapport 2010 portant sur l'année 2009.

L'organisation a ainsi recensé des cas de torture ou d'autres mauvais traitements dans 111 pays, des procès inéquitables dans 55 pays, des restrictions à la liberté d'expression dans 96 pays, la présence de prisonniers d'opinion dans 48 pays et une impunité pour les tortionnaires dans 61 pays.
Et Amnesty d'égrener une longue liste des violations, à commencer par celles visant les défenseurs des droits humains pris pour cibles et les entraves exercées sur leurs actions par les pouvoirs publics dans de nombreux pays.

Au Moyen-Orient, l'organisation épingle notamment la répression accrue en Iran, et, en Asie, le renforcement des pressions sur les personnes remettant en cause l'autorité du gouvernement chinois.
Amnesty constate aussi un resserrement de l'espace accordé aux voix indépendantes dans des pays d'Europe et d'Asie centrale, une restriction de la liberté d'expression notamment en Russie, Turquie, Azerbaïdjan, des centaines d'homicides illégaux commis par les forces de sécurité dans les Amériques -entre autres au Brésil et au Mexique-, ainsi qu'une impunité persistante pour les violations des droits humains liés au terrorisme aux Etats-Unis -malgré des progrès par ailleurs; comme la réforme du système de santé.

En Afrique, AI pointe notamment du doigt des homicides illégaux et un recours à la force excessive contre la dissidence dans des pays tels que la Guinée et Madagascar.

Si l'organisation salue des progrès sur le plan judiciaire, comme la condamnation de l'ex-président péruvien Alberto Fujimori pour crimes contre l'humanité, l'ouverture au Cambodge de la première audience du "Tribunal Khmers rouges", et se félicite de la délivrance par la CPI d'un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, elle critique la résistance de l'Union africaine à toute coopération malgré la violence à laquelle sont confrontées des centaines de milliers de personnes au Darfour.

Amnesty déplore aussi qu'Israël et le Hamas n'aient pas encore donné suite aux conclusions du rapport de la mission de l'ONU dirigée par le Sud-Africain Richard Goldstone, qui a annoncé la découverte de preuves de crimes de guerre perpétrés par les deux parties pendant l'offensive de Tsahal dans la Bande de Gaza en 2009. Ainsi que l'a déclaré mercredi Geneviève Garrigos, l'organisation souhaite en outre une "enquête indépendante au niveau du Sri Lanka" sur l'attitude de l'armée et des Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul qui ont commis des atteintes graves aux droits humains.

A l'approche de la réunion d'examen des Objectifs du millénaire pour le développement qui doit se tenir en septembre à New York, Amnesty appelle par ailleurs les Etats à rendre des comptes concernant les violations des droits humains générant la pauvreté. D'après l'organisation, les femmes ont été les plus fortement touchées par l'incapacité des Etats à atteindre ces Objectifs. AP

 

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