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Au Cameroun de Paul Biya, «il y a urgence»

May 15, 2019
Au Cameroun de Paul Biya, «il y a urgence»

Au Cameroun, «il y a urgence» à accroître l'aide humanitaire et à la financer afin d'éviter une situation «hors contrôle», a affirmé lundi le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock, lors d'une réunion informelle inédite du Conseil de sécurité sur ce pays.

«Un Camerounais sur six a besoin d'aide humanitaire, de protection», soit 4,3 millions de personnes, notamment des enfants et des femmes. «Huit régions sur les dix du pays sont touchées par la crise humanitaire», a ajouté Mark Lowcock, lors de cette session organisée par les États-Unis en dépit de l'opposition de Yaoundé et des membres africains du Conseil.
La situation humanitaire au Cameroun «n'est pas une menace pour la paix et la sécurité internationales» et «elle doit être gérée par le gouvernement camerounais», a ainsi affirmé Anatolio Ndong Mba, ambassadeur de Guinée équatoriale, membre non permanent du Conseil. Il s'exprimait aussi au nom des deux autres pays africains de cette instance, l'Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire.

«Ce sont les Africains qui doivent régler les problèmes africains», a-t-il ajouté, en évoquant plusieurs organisations régionales africaines. «Pour autant que les autorités camerounaises le souhaitent», a-t-il précisé.

Il s'agissait de la première réunion du Conseil de sécurité sur ce dossier alors que les grandes puissances avaient privilégié jusqu'alors les pressions bilatérales sur le président Paul Biya pour inverser le cours des choses.  

La crise a débuté en 2016 avec des revendications pour davantage de représentativité anglophone dans ce pays à majorité francophone, avec un retour au fédéralisme. Une minorité de contestataires réclamait l'indépendance et la proclamation d'un nouvel État, l'Ambazonie.

Face à l'intransigeance de Yaoundé et à la répression des manifestations pacifiques, le conflit s'est durci. Fin 2017, une partie des séparatistes a pris les armes et des combats les opposent depuis à l’armée.

Aujourd'hui, «500 000 personnes sont des déplacés internes, la plupart restant cachées dans des forêts» et «plus de 600 000 enfants sont privés d'éducation» dans les régions anglophones du nord et du sud concernées, a indiqué Mark Lowcock, en dressant un tableau sombre de la situation.

Face à la dégradation humanitaire, «nous avons besoin d'une riposte plus globale», notamment de financement international, a-t-il souligné. Les besoins sont de 300 millions de dollars mais seulement 38 millions ont été mis à disposition, a indiqué le responsable de l’ONU.

Dans un communiqué, le ministère camerounais des Relations extérieures a minimisé l'importance de la réunion de l'ONU. Il ne s'agit que d'un «échange de vues» n'engageant «en rien» le Conseil, ajoute le communiqué en critiquant «l'obsession» de pays «à agiter et exagérer le spectre d'une crise humanitaire» au Cameroun.

«Nous faisons face à la sécession, au terrorisme, à l'insurrection, et nous y ferons face», a insisté l'ambassadeur camerounais à l'ONU, Michel Tommo Monthe. Si de l'aide est apportée, elle ne doit pas s'effectuer «pour mais avec» le Cameroun, a-t-il dit.

Selon le centre d'analyses géopolitiques International Crisis Group, le conflit a fait 1850 morts en vingt mois.

Le Nigeria accueille 35 000 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, selon l’ONU.

Pour l'ONG Human Rights Watch, les Européens notamment ne sont pas assez actifs sur le dossier du Cameroun.

Il faut que ce dernier entre dans le programme de travail formel du Conseil de sécurité, que le gouvernement camerounais lutte contre l'impunité pour les crimes commis et qu'un accès humanitaire bien plus large soit accordé, estime Ilaria Allegrozzi, une chercheuse de HRW dont l'entrée au Cameroun a été récemment refusée, sans explications. - AfricaLog avec agence

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