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Guinée: L’autre défi de Sékouba

Mar 01, 2010

En visite officielle au Mali, le président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté, a déclaré, le 26 février dernier, être favorable à la participation des Guinéens de l’étranger à la prochaine présidentielle, si cela est techniquement possible. Venant d’un homme qui s’est jusque-là illustré par des propos à la fois sincères et rassurants, une telle promesse du reste bien modérée, n’a absolument rien de populiste ni de démagogique.

 En effet, elle n’est que la rĂ©ponse Ă  une dolĂ©ance commune Ă  presque toutes les communautĂ©s vivant hors de leurs pays d’origine. De plus, l’intĂ©rimaire de Dadis Camara n’a aucun traĂ®tre profit personnel Ă  tirer de flagorneries adressĂ©es Ă  un quelconque Ă©lectorat, car il n’est pas censĂ© se porter candidat au scrutin. 

Bien au contraire, s’il arrivait Ă  exhaucer ce voeu cher Ă  ses concitoyens de l’extĂ©rieur, le refrain encensant son esprit patriotique dĂ©jĂ  entonnĂ© Ă  l’intĂ©rieur du pays serait sans nul doute repris en choeur par les GuinĂ©ens expatriĂ©s et leurs sympathisants. L’actuel homme fort de Conakry n’a donc pas grand-chose Ă  perdre ou Ă  gagner en termes de glorioles que confère une conservation Ă©goĂŻste du pouvoir, et il est fort Ă  parier que son noble projet aboutisse. 

Et le cas Ă©chĂ©ant, les dirigeants guinĂ©ens auraient rabattu le caquet Ă  ceux de certains Etats africains qui, malgrĂ© la stabilitĂ© politique de leurs rĂ©gimes, ne sont pas encore arrivĂ©s Ă  faire voter leurs compatriotes de l’étranger pourtant en nombre considĂ©rable et qui participent Ă©normĂ©ment au dĂ©veloppement Ă©conomique de leurs nations. 

Ils dĂ©montreraient par le mĂŞme coup que le vote des expatriĂ©s est surtout une question de volontĂ© politique, mais pas seulement de moyens ou de contexte. Au cas oĂą les GuinĂ©ens de l’étranger ne parviendraient pas Ă  participer au choix de leur prĂ©sident prĂ©vu pour juin prochain, ou au cas oĂą l’opĂ©ration connaĂ®trait quelque irrĂ©gularitĂ©, le futur prĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu pourrait s’en inspirer pour rectifier le tir aux prochaines consultations. 

Sans oublier que des raisons valables pour se limiter au vote des GuinĂ©ens de l’intĂ©rieur, le gĂ©nĂ©ral prĂ©sident n’en manque pas. En plus du dĂ©lai trop juste dont il dispose pour l’organisation du scrutin, s’ajoute l’imperfection du recensement des GuinĂ©ens vivant Ă  l’étranger dont le nombre de 4 Ă  5 millions, soit un GuinĂ©en sur trois, n’est qu’approximatif. 

Le plus urgent est la tenue de l’élection elle-même dans de bonnes conditions, qu’elle prenne en compte ou non la diaspora, dont le recensement interrompu par les douloureux événements du 28 septembre, pourrait se poursuivre en vue des prochaines échéances.

Le vote des GuinĂ©ens de l’étranger est d’ailleurs loin d’être la seule raison du dĂ©placement malien du gĂ©nĂ©ral KonatĂ©, qui, en plus d’être allĂ© s’inspirer de l’expĂ©rience d’un autre gĂ©nĂ©ral qui n’a plus Ă  prouver son patriotisme, est en train de remettre son pays sur les rails du dĂ©veloppement. 

En effet, la dĂ©lĂ©gation prĂ©sidentielle guinĂ©enne, pendant son sĂ©jour malien de quatre jours, a beaucoup plus parlĂ© du renforcement de la coopĂ©ration entre les deux pays. Preuve qu’il y a toujours une prioritĂ© parmi plusieurs autres. 

Et même si au stade actuel du processus électoral, le vote de la diaspora n’est pas encore tout à fait sûr pour la présidentielle de juin, il n’en demeure pas moins que, si Sékouba le réalisait, il aurait relevé un autre défi après le pari de la transition qu’il a promis de réussir. – Le Pays

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