Lors de sa deuxième étape africaine au Nigeria, Theresa May et sa délégation ont signé plusieurs accords bilatéraux concernant la lutte contre l'immigration illégale et la sécurité, notamment contre le groupe djihadiste Boko Haram, ainsi qu'un accord commercial, pour compenser les pertes économiques attendues du Brexit.
La première ministre britannique a rencontré à Abuja le président nigérian, Muhammadu Buhari, qui lui a assuré que les prochaines élections générales, prévues en février 2019, seraient «libres, transparentes et crédibles».
Les deux responsables n'ont fait aucune déclaration à la presse, et l'accès aux journalistes a été particulièrement restreint.
Citée dans un communiqué de la présidence nigériane, Mme May a insisté sur la « coopération de sécurité et de défense pour faire face au problème de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest».
«Je suis très reconnaissant au gouvernement britannique pour son aide à maintenir la sécurité [au Nigeria], et particulièrement à leur équipe de formation en place à Kaduna », dans le nord du pays, a noté le président Buhari, qui avait fait de la lutte contre l'insurrection de Boko Haram la priorité de son mandat.
Theresa May et Muhammadu Buhari ont signé un accord prévoyant «non seulement une formation militaire [pour l'armée nigériane], mais aussi un soutien pour le respect des droits de la personne et une coopération étroite entre nos deux pays », a expliqué le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, à la presse.
Mais, côté britannique, la priorité de cette visite était sans aucun doute portée sur les accords commerciaux, «dans le contexte du Brexit, alors que la Grande-Bretagne sort de l'Union européenne», a rappelé le ministre nigérian.
«Les Britanniques se sentent plus libres désormais de s'engager avec des pays à un niveau bilatéral et de sceller des accords commerciaux avec eux», a souligné M. Onyeama, sans dévoiler le montant de l'enveloppe d'investissements prévus au Nigeria.
Mme May, qui prépare la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne (UE), doit trouver de nouveaux alliés économiques et renégocier les accords commerciaux hors UE. Elle est accompagnée de 27 hommes d'affaires, dont plus de la moitié dirigent des petites et moyennes entreprises.
Mardi, lors d'une première étape en Afrique du Sud, Mme May a annoncé vouloir fonder «un nouveau partenariat» avec l'Afrique et devenir le premier investisseur occidental sur ce continent où aucun premier ministre britannique ne s'était rendu depuis 2013.
«Les échanges commerciaux entre le Nigeria et la Grande-Bretagne s'élevaient à 4,2 milliards de livres (envrion 7 milliards de dollars) en 2017», notait lundi une diplomate, Laure Beaufils, au consulat de Lagos lors d'une conférence de presse.
«Nous projetons de plus doubler ce chiffre d'ici 2030», a indiqué Mme Beaufils. La Chine, avec près de 7 milliards de dollars d'échanges commerciaux, est actuellement le premier partenaire du Nigeria, marché géant de 180 millions d'habitants et première puissance pétrolière du continent.
Autre priorité de cette visite : la lutte contre l'immigration illégale. Toujours citée dans le communiqué de la présidence nigériane, Mme May a invité M. Buhari à «profiter de sa position à la tête de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest pour maintenir la question de la traite humaine au premier plan dans la sous-région».
À Lagos, mégalopole économique de 20 millions d'habitants, où la première ministre s'est rendue dans l'après-midi, elle a dévoilé un plan de soutien contre «l'esclavage moderne» et veut se placer comme «leader mondial de la lutte contre ce crime».
«Aujourd'hui, nous accélérons notre partenariat avec les autorités nigérianes pour trouver les trafiquants et les amener devant la justice », a-t-elle ajouté, dans un communiqué du Commonwealth.
Cette aide devra aider à la lutte contre le trafic de drogue et d'êtres humains, et rapatrier 1700 ressortissants nigérians bloqués en Libye sur leur chemin vers l'Europe : une goutte d'eau par rapport aux 36 000 Nigérians bloqués en Libye et au Niger (chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations [OIM]).
En 2017, 18 000 Nigérians étaient arrivés sur les côtes italiennes, selon les chiffres de l'OIM, un chiffre en forte baisse pour les six premiers mois de l'année 2018.
Theresa May doit également se rendre au Kenya, autre pays du Commonwealth, après l'Afrique du Sud et le Nigeria, pour la dernière étape de sa tournée. Ce sera la première fois depuis 30 ans qu'un premier ministre britannique se rend dans cette ancienne colonie. - AfricaLog avec agence