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Un samedi de foot et de rugby à Soweto symbolise la réconciliation raciale

May 22, 2010

L'idéal de réconciliation raciale de la Nation arc-en-ciel rêvée par Nelson Mandela s'est concrétisé samedi le temps de deux matches à Soweto, l'un de rugby et l'autre de football.
Le rugby, sport fétiche des Afrikaners, ces descendants des premiers colons européens, s'est déplacé pour la première fois pour une rencontre de haut niveau au coeur d'un township, où le football est roi.

Les Northern Bulls de Pretoria affrontaient les Néo-Zélandais de Canterbury Crusaders pour la demi-finale du Super 14, coupe des meilleurs clubs de l'hémisphère sud, dans le temple historique du ballon rond à Soweto: le stade d'Orlando, 40.000 places, affichait complet.
Parallèlement, le gigantesque stade de Soccer City, qui accueille dans trois semaines le match d'ouverture de la Coupe du monde de football, connaissait son baptême du feu avec sa première rencontre professionnelle.

Le président sud-africain Jacob Zuma a ouvert officiellement le stade à 15h30 (13h30 GMT), devant 76.000 fans vêtus des vert et jaune des Bafana Bafana, le Onze national.
Les deux marées concomitantes de supporteurs ont créé de colossaux embouteillages et le match de Soccer City, la finale de la Coupe nationale Nedbank, a dû être retardé d'une demi-heure.
Dans le stade en forme de calebasse, qui symbolise l'Afrique pour le premier Mondial jamais organisé sur le continent, les désormais célèbres vuvuzelas résonnaient en un chari-vari assourdissant.
Les fans étrennaient de splendides panoplies élaborées pour la Coupe du monde, avec peaux de léopard et macarapas (casques de mineurs ouvragés). Partout flottaient les drapeaux colorés de l'Afrique du Sud démocratique.

"Nous sommes fiers d'être sud-africains, nous sommes enthousiasmés à l'idée d'accueillir la Coupe du monde et nous voulions être là", déclare à l'AFP un fan blanc, qui a amené sa femme et son fils à Soccer City.

Car les Bafana Bafana semblent devoir réussir, le temps de la compétition, là où le championnat national échoue: attirer les Blancs dans les stades.

Le miracle de la réconciliation raciale avait eu lieu en 1995 lorsque le premier président noir du pays, Nelson Mandela, avait rallié la majorité noire derrière les Springboks, un an à peine après la chute du régime d'apartheid.

Mais, quinze ans plus tard, le sport reste une affaire de race. "L'idée demeure que le rugby est un sport essentiellement blanc et le football un sport essentiellement noir", souligne Lester Mills, du quotidien Pretoria News.

Sous l'apartheid (1948-1994), le foot a été relégué dans les ghettos noirs, où il servait de soupape à la répression policière, tandis que le rugby s'affirmait comme le sport des Afrikaners.
Aussi la convergence de fans de football et de rugby de toutes races dans le township le plus célèbre d'Afrique du Sud, coeur de la lutte anti-apartheid, est-elle saluée comme "historique".

"La dernière fois que des Blancs, en particulier ceux qui parlent afrikaans, sont venus en si grand nombre à Soweto, c'était en 1976 quand la police de l'apartheid a tiré pour mettre fin à une insurrection d'écoliers armés de cailloux", rappelait le quotidien The Star.

Samedi, une porte a peut-être été ouverte. "J'ai toujours eu peur d'aller dans un township mais aujourd'hui j'ai appris qu'il n'y a rien à craindre", dit Lisa De Klerk, venue soutenir les Bulls avec ses deux jeunes fils et son époux.

Et de conclure: Il est temps que les Sud-Africains apprennent à se connaître." - AFP

 

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